20 000 personnes venant principalement des quartiers environnants et qui fuyaient l’insécurité et les combats dans leur quartier ayant éclaté début décembre. « Ici, il y avait des tentes, des nattes et du monde partout ! » explique Séraphin Sapo d’ACF. « Nous avons construit en urgence 100 latrines et 80 douches, un réservoir d’eau, une trentaine de bacs à ordure et des dizaines de fils à linge avaient été installé, un système de ramassage des déchets mis en place et les trois quart de la population du camp avaient été sensibilisé aux bonnes règles d’hygiène à un moment ou à un autre. ACF, en coordination avec les autres ONG, était responsable de tous l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène. »
Par ailleurs, il s’agit de continuer à soutenir les personnes rentrées chez elles. Comme l’explique Olga, « je suis rentrée chez moi, mais il n’y a rien dans mon quartier. Mon mari travaille dans la maçonnerie et la menuiserie mais il n’y a pas de travail en ce moment, on a rien. » Les équipes de Séraphin, mais également les équipes de sécurité alimentaire ont donc mené et mènent encore en continu des évaluations de besoins pour définir quels seraient les actions prioritaires à mener. Des programmes de coupons alimentaires sont en place dans deux arrondissements de la ville pour soutenir la reprise de l’activité économique des marchés et soutenir les familles les plus vulnérables pour se nourrir. Léa Gonendji, vendeuse de manioc sur le marché de Ouango : « grâce aux systèmes de coupons, j’ai davantage de clients : c’est gagnant-gagnant. »
Beaucoup de Banguissois également, accueillent chez eux des membres de leur famille vivant dans des quartiers encore insécurisés. C’est le cas notamment de Saturnin et Gladysse Mokamagboko, dans le quartier de Guitangola : « depuis plus d’un mois, nous accueillons chez nous 10 personnes de notre famille. Ils viennent d’un quartier où il y a encore des pillages et des tueries. Je suis le seul à avoir un vrai travail : je suis écraseur de manioc au moulin du quartier. Je gagne entre 1 000 et 1 500 FCFA par jour (2 euros). Mais la cuvette de manioc coute 2500 FCA (4 euros). Du coup, c’est dure. Pendant la journée, ils vont en ville pour chercher des petits boulots ; et ils reviennent dormir ici le soir. On ne mange pas plus d’une fois par jour ». Au-delà des programmes de coupons alimentaires, des distributions de kits de première nécessité sont ainsi en cours pour aider les familles comme celles de Saturnin et Gladysse en leur fournissant du matériel qu’ils n’auront ainsi pas besoin d’acheter, comme du savon, des jerricans ou des seaux,- qui seront utiles également pour préserver des conditions d’hygiène correctes dans des maisons surchargées de monde.
Environ 190 000 personnes sont encore déplacées dans des sites de regroupement à Bangui, mais si ce chiffre reste énorme, c’est deux fois moins qu’il y a un mois. Cela ne veut pas dire pour autant que le soutien doit s’arrêter auprès de familles extrêmement pauvres avant même la crise et ayant subi de lourdes pertes économiques depuis décembre. Il s’agit d’accompagner le retour des personnes chez elles, la restauration de services sociaux de base et la reprise d’activités économiques et agricoles. En espérant que la situation continue à se stabiliser progressivement.
Témoignage de Séraphin Sapo-Koguemondo, technicien en eau, assainissement et hygiène pour Action contre la Faim.