Le magazine "60 millions de consommateurs" vient de faire paraître une enquête sur la présence d'aluminium dans les laits infantiles. Verdict : plus de la moitié des laits 1er âge sont "contaminés".
Jusqu'en 2008, la dose hebdomadaire tolérable (DHT) de l'aluminium était de 7 mg/kg de poids corporel par semaine. Mais compte tenu des nouvelles avancées concernant les effets toxiques de ce métal, l'EFSA (European Food Safety Authority) l'a réévaluée et l'a faite passer à 1 mg/kg de poids corporel par semaine. Pour un adulte de 60 kg, cela représente 8,5 mg/j.
L'exposition alimentaire journalière à l'aluminium dans plusieurs pays européens varie de 0,2 à 1,5 mg/kg de p.c./semaine en moyenne et peut atteindre 2,3 mg/kg de p.c./semaine chez les gros consommateurs exposés. La DHT de 1 mg/kg de p.c./semaine est donc probablement dépassée dans une proportion significative de la population européenne.
(source : Asef, Association Santé Environnement France)
Le magazine "60 Millions de Consommateurs", dans son numéro de mars 2014 (n°491), a recherché et quantifié l'aluminium dans 38 laits infantiles en poudre (19 laits 1er âge et 19 laits 2ème âge), et 9 laits liquides de croissance, de grandes marques (Danone, Nestlé, Lactel) et de marques de distributeurs.
L'aluminium dans plus de la moitié des échantillons
L'enquête a montré que plus de la motié des échantillons sont "contaminés". Le magazine explique ainsi :
"Pour les laits 1er âge, nous avons trouvé une teneur moyenne de 153 micro-grammes d'aluminium par litre. Un nourrisson de six mois consommant 4 biberons de 210 ml/jour ingère donc 897 micro-grammes d'aluminium par semaine.
Pour les laits 2ème âge, avec 198 micro-grammes, ce même nourrisson consommant 3 biberons de 210 ml/jour (puisque son alimentation commence à être diversifiée) ingère chaque semaine 874 micro-grammes d'aluminium. Dans les deux cas, ces valeurs représentent 12,5% de la dose hebdomadaire tolérable pour un nourrisson de 7 kg (1 mg par kilo de poids corporel et par semaine".
L'enquête précise que les écarts d'une marque à l'autre sont importants. Si l'on prend les laits les laits les plus "contaminés" qui sont le lait 1er âge Doucéa 1 et le lait 2ème âge Nestlé Nidal Excel HA 2, le même enfant ingurgite ainsi 30% à 32% de la dose tolérable hebdomadaire d'aluminium.
Quant aux 9 laits de croissance analysés, aucun d'entre eux n'est apparu contaminé.
Pas d'aluminium dans les laits bio analysés
A noter : parmi les laits testés dans cette enquête, on trouve des laits biologiques de la marque Hipp, qui ne contienent pas d'aluminium dans les limites de détection de l'enquête.
Une même dose définie pour les adultes et les bébés
"Il faut savoir que la dose fixée par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a été définie pour l'ensemble de la population. Or de nombreux experts s'inquiètent de voir une telle valeur également appliquée aux jeunes enfants, et qui plus est aux nourrissons, plus sensibles que les adultes. C'est pourquoi nos résultats indiquent à notre sens une contamination excessive des laits infantiles" explique 60 Millions de Consommateurs.
Indiquer la teneur en aluminium n'est pas obligatoire sur les étiquettes
"Aucune étude ne prouvant l'innocuité de l'aluminium chez le jeune enfant, nous considérons ces résultats trop élevés.(...) Le syndicat français de la nutrition spécialisée (SFNS) nous a notifié qu'aucune de ces teneurs ne dépasse la tose tolérable de référence. Soit. Mais faute de connaissances précises sur l'impact de l'aluminium chez les tout-petits, il nous apparaît légitime d'exiger soit une limite réglementaire dans les laits infantiles, soit une obligation d'étiqueter la teneur sur l'emballage" précise le magazine.
Mais d'où vient l'aluminium contenu dans le lait infantile?
"Les origines de cette contamination sont les conditions de stockage et les emballages (bricks en alu), principalement fabriqués à partir d'aluminium. Mais la contamination proviendrait également des ingrédients eux-mêmes" explique l'Asef (Association Santé Environnement France).
Le Dr Chris Exley spécialiste de l'aluminium, de l'université de Keele en Grande-Bretagne, et qui a publié une étude sur les laits infantiles en poudre, soupçonne ainsi les industriels d'ajouter de l'aluminium dans les laits en poudre pour éviter la formation de grumeaux. Cette affirmation a bien entendu été niée par les industriels...
Alors, que faire pour protéger votre bébé ?
Dans la mesure du possible, il est fortement conseillé de nourrir votre bébé au lait maternel ! Sinon, lorsque vous achetez du lait en poudre, transvasez-le immédiatement dans un bocal en verre afin de limiter la migration de l'aluminium de la boîte vers le lait. Privilégiez sinon le lait en poudre bio.
Aluminium : quels impacts sur la santé ?
L'aluminium est reconnu comme neurotoxique. Une absorption pendant une longue période peut entraîner de sérieux problèmes osseux ou neurologiques, tels que la démence, la perte de mémoire (maladie Alzheimer), l'apathie ou des tremblements.
Contrairement au fer ou au zinc, l'aluminium n'a aucune fonction biologique. Il parvient à traverser la peau et le tube digestif, et une fois dans le sang, il est filtré par les reins et éliminé par les urines. Mais 20% échappent à ce filtrage et se logent dans les os, les poumons, le foie et le cerveau où il s'y accumule, et pour longtemps. Il a même été démontré que ce métal passait la barrière placentaire et pouvait atteindre le foetus.
Retrouvez l'intégralité de l'enquête sur la présence d'aluminium dans les laits infantiles avec le tableau comparatif des produits testés dans le "60 millions de Consommateurs" de Mars 2014, N°491
A lire aussi : "L'aluminium, ce métal qui nous empoisonne" sur le site de l'Asef
Romy Heisenberg