Archiduché d'Autriche, octobre 1604. Issue d'une glorieuse lignée princière, Erzébeth Bathory, la belle veuve du comte Nadasdy régit d'une main de fer ses domaines. Après des années de silence, Cadevrius Lecorpus réapparaît. Il ramène avec lui Anna, une fascinante sorcière dont Erzébeth tombe follement amoureuse. La magie démoniaque de l'Obscurité s'abat bientôt sur la région et, jusqu'à la Cour de Vienne, on s'émeut de la disparition de nombreuses jeunes filles. Tandis que la comtesse s'abandonne aux terribles délices des rituels régénérateurs, cinq mercenaires d'élite sont chargés de confondre celle que l'on suspecte d'activités sataniques.
L'avis de Dup :
Patrick McSpare nous propose là un roman sur un personnage bien peu sympathique. Quand on cumule des sobriquets comme La dame sanglante de Cachtice ou Comtesse Dracula, la donne est posée d'entrée de jeu. Un personnage qui a un impact fort sur le folklore hongrois, au même titre que Vlad Tepes, son illustre compatriote.
L'auteur nous montre comment Erzébeth s'enfonce dans cette folie meurtrière, comme si elle était entraînée par une spirale infernale. Ce que retranscrit très bien Patrick McSpare, c'est cette dualité permanente entre la foi chrétienne profondément ancrée et ce sentiment de flirter avec l'interdit d'abord : jouir de la douleur d'autrui, jouer avec le sang. Puis se rapprocher dangereusement de la damnation... et ensuite c'est l'escalade, car après tout, damnée pour damnée, autant en profiter jusqu'au bout. Autant espérer le salut en Satan finalement...
On a plus à faire à un roman historique que fantastique et il en découle une sensation de froideur, essentiellement dû à la distance qui s'instaure volontairement entre le lecteur et le personnage principal. Heureusement l'auteur mêle à cette histoire une poignée de mercenaires envoyés "sur le terrain" pour mener une enquête sur les trop nombreuses disparitions féminines survenues autour de Cachtice, là où se trouve la forteresse privée de notre Comtesse. Une équipe très disparate, joignant un moine guerrier, deux chasseurs de primes, une belle irlandaise chasseuse de vampires et un aventurier français, fin bretteur, Vincent de Guise. Hormis ces deux derniers, ils ne vont pas rester longtemps soudés et enquêter plus ou moins chacun de leur côté. Si cela permet d'alterner les points de vue sur cette histoire, cela apporte également un peu de fraîcheur et de légèreté dans les dialogues, et surtout pas mal d'action. On a quelques scènes dignes d'un roman de capes et d'épées en plus des nombreuses batailles qui jalonnent l'histoire de la Hongrie à cette période du XVIIe siècle. En effet, cette dernière est prise dans un étau entre l'Empire Ottoman et l'Empire Autrichien ayant chacun des volontés expansionnistes.
C'est malgré tout un roman très sombre et froid, à l'image du sujet, que nous propose l'auteur. Il s'adresse à un public des plus avertis avec pas mal de scènes chocs, bien loin de sa série Les Hauts Conteurs co-écrit avec Oliver Peru. J'ai apprécié découvrir la plume "adulte" de Patrick McSpare, cependant il faut que j'avoue que j'ai eu bien du mal à aimer ce roman à cause de cette froideur que j'ai ressentie du début à la fin. Je n'ai pas réussi à éprouver d'empathie vis à vis des personnages, il n'y en a aucun que j'ai aimé ou franchement détesté. Mais je mettrai plus cette déconvenue sur le choix du sujet qui ne me convenait pas et je serai au rendez-vous pour le prochain roman !
L'avis de dame Phooka ICI
Et n'oubliez pas, Patrick McSpare sera notre invité durant le mois de mars prochain !