Consultant en technologies de l’information, Swim met en ligne jour par jour sur son blog le carnet de route, les photos et les dessins d’un voyage de 7 mois réalisé en solo en Inde et au Népal. Les traces de ce voyage se mêlent avec celles d’autres voyageurs, provoquant ainsi d’étranges juxtapositions et des rencontres actuelles. Dans cet article invité, il nous propose une sélection rétrospective de moments particulièrement marquants vécus entre Delhi et Srinagar. Bon voyage !
Pépites d’Inde : de Delhi à Leh
Résumer un voyage pour n’en retenir qu’une poignée de dates, c’est négliger la continuité qui est une des saveurs essentielles d’un voyage en solitaire. Mais c’est aussi, à la manière de l’orpailleur, tamiser ses souvenirs pour n’en retenir que les plus purs et les plus brillants et les partager avec vous.
Arrivée à Delhi, immergé dans le grand fleuve humain
Voilà bientôt l’individu occidental plongé et emporté dans la marée humaine qui grouille dans les bazars au nord de Connaught Circus.
Jamais l’expression « bain de foule » n’a pris plus de sens qu’ici. Le sentiment de l’immensité indienne saisit à la gorge tant la densité dans les rues prend des proportions inquiétantes.
Le spectacle est hallucinant, partout l’animation déborde.
Piétons et véhicules de toutes sortes se partagent le côté gauche de la chaussée : voitures Ambassador, Harley-Davidson aménagées avec une plateforme, rickshaws à pédales ou à moteur de scooter, vélos, carrioles tirées par des animaux, diables d’acier poussés par des gamins dans un raffut d’enfer…
Harcelé par les klaxons, quand ce n’est pas par les roues elles-mêmes, la sensation d’insécurité est permanente.
Alors, vigilant, on se laisse emporter dans le grand fleuve humain qui s’écoule entre les deux berges du trottoir.
Passage d’une fanfare, Main Bazar Road, Delhi. Dans la rue bordée d’étals, la foule se range et laisse passer quelques porte-drapeaux ouvrant la marche à deux éléphants coloriés sur le front et les oreilles, portant dans leur baldaquin des enfants sombres au visage épanoui.
Passage d’une fanfare, Main Bazar Road, Delhi. Des indiens s’affolent pour distribuer des verres d’eau fraîche à tous ces figurants assoiffés. Ceux qui défilent tendent les mains, les bénévoles s’agitent, l’eau déborde et gicle un peu partout.
Srinagar : trek en sikara sur le Dal Lake
L’automne avance. Les nuits sont de plus en plus fraiches en remontant dans la cuvette montagneuse du Cachemire.
Hébergement rustique dans un guest house tenu par trois frères musulmans. L’un d’eux, Elie, propose un trek en sikara (bateau en bois genre gondole) sur le Dal Lake.
Nous voilà partis pour trois jours et deux nuits à la belle étoile. La lumière magnifique, unique, vibre légèrement au travers de l’atmosphère. Le cirque des montagnes bordant le lac joue à faire varier ses ombres avec la course du soleil tout en se reflétant à la surface de l’eau.
Le rythme régulier de la pagaie en forme de cœur, lent et silencieux, appelle à la contemplation poétique.
Nous accostons sur des digues peu fréquentées pour cuisiner ou pour dormir.
Petite sieste le long d’une digue. Woont Kadal Bridge et Nishat Suth, Dal Lake, Srinagar.
Dans des tonalités fluorescentes orange et bleues, les couchers du soleil font flamboyer la surface du la lac et ses inclusions de nénuphars. Les aubes sont plus sublimes encore : réveillés tôt par l’humidité du petit matin, nous assistons à la descente progressive des premiers rayons dans la vallée, auréolant les sommets puis débordant la crête, jetant sur le lac des reflets d’incendie.
Lever de soleil sur Nishat Suth, Dal Lake, Srinagar.
Les rayons de l’aube plongent pour réveiller le lac et la vallée. Nishat Suth, Dal Lake, Srinagar.
Beauté romantique de cette vallée heureuse, rusticité et droiture de mon accompagnateur, vol du temps suspendu, ces journées passées sur le lac furent un enchantement.
En route pour le Ladakh
Atteindre Leh en car, plus de 400 km d’une route franchissant des cols à 4 000 m, est une expérience aussi éprouvante qu’inoubliable.
L’œil s’étonne des formes changeantes et insolites que prennent les plis de la montagne. Suspens intense pendant les 10 km de lacets des Gata Loops : la paroi rocheuse y est presque verticale et chaque côté du bus peut apprécier, à tour de rôle, la hauteur qui nous sépare du fond de la vallée, imaginer l’éventualité d’une chute qui serait vertigineuse.
10 km de lacets vertigineux. Gata loops, route Srinagar-Leh, Ladakh.
Le Ladakh est parcouru par la vallée de l’Indus autour de laquelle les monastères s’égrènent comme les perles d’un chapelet. Associé à l’altitude élevée, le bouddhisme tibétain omniprésent vous emporte progressivement bien loin des pesanteurs terrestres.
Agitation de drapeaux à prières sur fonds de montagnes majestueuses. Depuis Tsemo Fort, Leh, Ladakh.
Sur le toit de la gompa, face au soleil levant, deux lamas en robe pourpre soufflent dans une conque à embouchure d’argent. Thiksey Gompa, Ladakh.
Premier croquis du voyage, Chortens, Hemis, Ladakh.
Le village d’Hemis adossé à la montagne, Ladakh.
L’hiver approche. Il a neigé sur Leh et les chortens blancs se fondent dans le paysage.
Chortens, Palais Royal et Tsemo Fort, Leh, Ladakh.
Chortens enneigés, Leh, Ladakh.
Il est tout juste temps de rentrer sur Srinagar, la route sera bientôt impraticable jusqu’au printemps. Etapes solitaires à Basgo puis Saspol, étonnants villages en ruine perchés dans un monde minéral aux formes torturées.
Ruines dans un paysage lunaire, Basgo, Ladakh.
Gompa, Basgo, Ladakh.
Nuits chez l’habitant, sous une voute céleste d’une clarté mystique, avant de retrouver bientôt foule, chaleur et poussière dans le grand chaudron indien.