- 20 fév 2014
- Gilles Rolland
- CRITIQUES
- 0 commentaire
Titre original : The Lego Movie
Note:
Origine : États-Unis/Australie
Réalisateurs : Phil Lord, Chris Miller
Distribution voix : en V.O. : Chris Pratt, Will Ferrell, Elizabeth Banks, Morgan Freeman, Alison Brie, Charlie Day, Liam Neeson, Will Arnett, Channing Tatum, Jonah Hill, Cobie Smulders, Will Forte, Dave Franco, Billy Dee Williams… / En V.F. : Arnaud Ducret, Tal, Benoît Allemane…
Genre : Animation/Aventure/Comédie
Date de sortie : 19 février 2014
Le Pitch :
Emmet adore son boulot, ses amis et plus généralement son existence réglée comme une horloge, aussi ordinaire et paisible que possible. Quand il tombe par hasard sur un objet capable de sauver le monde, il devient le Spécial, à savoir l’élu qui contrera les plans machiavéliques du terrible Lord Business. Complètement largué, Emmet pourra compter pour mener sa mission à bien, sur ses nouveaux amis, dont Cool-Tag, une séduisante femme d’action, Vitruvius, un sage magicien , ou encore Batman, le fameux Chevalier Noir…
La Critique :
Les Playmobil n’ont qu’à bien se tenir ! Les Lego débarquent au cinéma et ne font pas les choses à moitié ! Depuis 1949, année de sa création, la firme Lego a monté les échelons jusqu’à devenir aujourd’hui le deuxième plus gros fabriquant de jouets du marché. L’incontournable jeu de construction aux petits bonshommes jaunes a dans un premier temps investi un nombre impressionnant de foyers à travers le monde. Qui n’a en effet pas construit quelque chose avec des Lego quand il était gosse ? Qui le fait encore aujourd’hui ? Bref… Lego est partout. Depuis l’émergence des jeux-vidéos, il est même sur les écrans et met à profit les nombreuses licences acquises au fil des années. On retrouve donc des versions Lego de Star Wars, de DC Comics, de Harry Potter ou du Seigneur des Anneaux. Dernièrement, ce sont les Simpson qui ont rejoint la grande famille. Des films sont d’ailleurs déjà sortis, directement en vidéo, avec pour héros, Batman, Superman et compagnie, ou encore les personnages de l’univers Star Wars et Bionicle. Lego est partout et aujourd’hui, c’est au cinéma que le géant s’incruste.
Alors évacuons tout de suite la question du placement de produit. Oui, La Grande Aventure Lego peut tout à fait s’entrevoir comme une gigantesque pub pour Lego. Oui, il donne envie de retourner au grenier dénicher ses vieux Lego et oui, il donne aussi envie d’en acheter des nouveaux et/ou de se procurer les jeux-vidéos. Pour autant, le placement de produit n’a pas été inventé par Lego. James Bond en connait un rayon lui qui vend dans ses films, des bagnoles et des montres. Seul au Monde parlait beaucoup de FedEx et de Wilson, Evolution vantait les mérites du shampoing Head & Shoulders et Matrix en profitait pour caser le nouveau téléphone de Nokia. Les exemples sont nombreux et c’est ainsi que les choses fonctionnent. Soit on peut maudire le capitalisme et ses lois, soit en peut s’en moquer et profiter du spectacle. Et après tout, les marques permettent aussi d’ancrer le récit dans une certaine réalité qui nous est proche. Les producteurs de films le savent, on le sait et au final, on conserve notre libre arbitre en sortant de la salle. Oui, libre à vous de chercher à vous procurer des Twinkies pour savoir pourquoi Woody Harrelson en cherche partout dans Bienvenue à Zombieland et libre à vous de ne voir dans La Grande Aventure Lego, qu’une pub géante pour un fabriquant avide de raffermir sa main mise. Ne boudons pas notre plaisir ! Non, ne tournez pas le dos au film Lego, car il s’agit d’un grand film d’animation. D’un délire sans précédent totalement frénétique, qui gagne sur tous les tableaux et qui a donc tout ce qu’il faut pour plaire aux enfants et aux adultes.
Au début, il est assez déconcertant de se retrouver devant un film d’animation, dans lequel des Lego prennent vie. À l’écran, tout est fait de briques colorées. Même l’eau ! Autre idée géniale, l’animation des personnages. Réalisé en stop-motion le film respecte totalement les articulations des figurines. Les Lego n’ont toujours pas de genoux, leurs mains sont des pinces, il peuvent s’imbriquer au sol, etc… Comme nos propres Lego ! Seuls les visages bougent, mais toujours en conservant l’esprit des jouets. Et c’est la même chose pour tous les accessoires, vêtements, animaux, etc… Forcement, à l’écran ,vu la maitrise du duo Chris Miller/Phil Lord, déjà responsable de Tempête de boulettes géantes, mais aussi de 21 Jump Street (et de la suite à venir), ça en jette un max. La Grande Aventure Lego est une fête de tous les instants. Fourmillant de détails, l’univers est hallucinant. Divisé en univers (le far-west, le moyen-âge, la ville…), le monde Lego évoque toutes les époques de la marque et brouille les pistes en mélangeant les influences et les styles. Le tout avec un bon goût qui force le respect en permanence. Il suffit d’assister à l’atterrissage de Emmet, ce héros pas si ordinaire, en plein western, pour s’en convaincre. En s’affranchissant de toute notion de limites, les réalisateurs ont carrément décuplé les possibilités et conféré à leur long-métrage un souffle de liberté jubilatoire et savoureux.
Visuellement parfait, car totalement en phase avec un concept qu’il exploite au-delà de ses limites (si si), le film Lego est aussi un véritable festin pour les geeks et autres enfants de tous âges (de 7 à 77 ans comme ils disent sur les boîtes). Les références et les clins d’œil pleuvent par centaines (ou presque). On retrouve à la fois Batman, Superman, les Tortues Ninjas, Gandalf, Abraham Lincoln, et tout un tas de héros connus, venus des nombreuses licences acquises à la cause des petites briques multicolores. Un bestiaire super vaste qui gravite autour de héros attachants -à commencer par Emmet, ce gentil employé de chantier- et qui constitue au final un fantastique et merveilleux bordel mis en scène par deux cinglés à qui on aurait donné les pleins pouvoirs.
Parce qu’au niveau de l’écriture aussi, ça déménage sévère. La Grande Aventure Lego se montre hyper généreux en vannes et empile les niveaux de lectures. Les enfants vont se marrer et les adultes carrément se bidonner. Décalé, malin, l’humour est la clé de voute qui fait tourner l’univers du long-métrage. Ça ne s’arrête jamais, c’est frénétique et souvent les blagues mettent dans le mille. Aussi virtuose sur le papier que sur un plan purement visuel, le Lego movie envoi du lourd et s’avère très drôle. Vraiment très drôle. Notamment lorsqu’il exploite les caractéristiques des personnages les plus célèbres pour les tourner en dérision. À l’image de Batman, qui se montre tout à fait jubilatoire lui aussi car particulièrement présent, par rapport aux autres. À noter que le film sait aussi insuffler aux figurines le ton si particulier des acteurs qui les doublent (Will Ferrell, le duo Jonah Hill/Channing Tatum…).
Alors au fond, on est prêt à pardonner cette fin, pourtant brillamment pensée, qui fait un peu trop vibrer la corde sensible du placement de produit massif. Un dénouement un poil tout much, qui part d’une idée parfaite car inattendue, mais qui n’entache en rien le capital sympathie de cette formidable aventure haute en couleurs.
La Grande Aventure Lego est un film unique. Une ode à l’imagination pleine de souffle. L’un des meilleurs films d’animation de ces dernières années. En partant sur un principe assez proche de celui de Toy Story, il arrive à donner vie à tout un monde en oubliant pas d’exploiter sa place prépondérante dans l’inconscient collectif, en se servant du caractère universel des Lego. Bien mieux que Transformers ou que G.I. Joe si on doit comparer le film à d’autres tentatives d’adaptations de lignes de jouets au cinéma. Ici, on ne se prend pas vraiment au sérieux. On se moque un peu de tout. Même de Lego c’est pour dire.
Alors ouais, on peut dire que La Grande Aventure Lego n’est qu’une pub géante. Mais attention, il s’agit là d’une pub furieusement géniale ! Un vrai rêve de gosse devenu réalité.
@ Gilles Rolland