Le gouvernement devrait annoncer aujourd'hui, devant le comité de massif des Pyrénées le contenu du volet ours brun de la Stratégie Pyrénéenne de valorisation de la Biodiversité.
Vers de nouveaux lâchers d'ours dans les Pyrénées?C’est également aujourd’hui que les élus du massif des Pyrénées recevront le rapport de la mission d'expertise collective scientifique du Muséum National d'Histoire Naturelle (rapport) que la Buvette vous présentait le 28 janvier et qui conseillait : "Le renforcement des deux noyaux est de loin le meilleur plan en ce qui concerne la viabilité de l’Ours brun dans les Pyrénées.":
"Afin que la population pyrénéenne ne soit plus considérée comme en danger, elle doit être composée de 250 individus matures selon les critères UICN. Par ailleurs, si nous considérons l’étude concernant la disponibilité de l’habitat (Martin et al. 2012b), l’habitat type source permet d’accueillir 110 individus, soit 94 individus matures pour l’habitat le plus favorable à 258 individus, soit 220 matures, si les habitats favorables de moindre qualité sont inclus.
Le Comité de Massif des Pyrénées
Créé par la loi Montagne du 9 janvier 1985, le comité de Massif des Pyrénées, coprésidé par le préfet de région, préfet coordonnateur de Massif, et M. François Maïtia, vice-président du conseil régional d'Aquitaine, est une instance de concertation comprenant des représentants des collectivités locales, des socioprofessionnels et du secteur associatif. Le comité définit les objectifs et précise les actions qu'il juge souhaitables pour le développement, l'aménagement et la protection du massif. Il a notamment pour objet de faciliter, par ses avis et ses propositions, la coordination des actions publiques dans le massif.
On y retrouve 2 représentants des associations de protection de la nature sur 61 membres ; la moitié plus un sont des élus locaux. Ce qui explique sans doute les positions majoritairement opposés à la présence d’ours dans les Pyrénées du Comité de Massif. Les élus locaux du Comité de Massif et les ultra-pastoraux regrettent également que celui-ci ne soit qu'une instance de concertation et pas de décision, à l'exemple d'El Professor Dollo qui râle à propos de la réunion d'aujourd'hui : "les élus ne disposeront guère de plus de 3 ou 4 heures pour remplir leur mission de représentants des citoyens. D’ailleurs, représentent-ils encore quelqu’un et quelque chose face à une administration toute puissance qui prépare les dossiers, les présentent, les mets en exécution et les interprète ? Dans le cas du Comité de Massif, nous pouvons nous interroger." La Buvette a publié le rapport du MNHN le 28 janvier : 23 jours pour en prendre connaissance et le comprendre. Le problème est aussi un problème d'ego : Comment ce petit belge vivant à 1.200 km de Tarbes a-t-il eu l'information avant moi?
C’est devant le Comité de massif que le gouvernement a annoncé généralement les nouvelles que tout le monde attendais, quelles soient farfelues comme la sécheresse en Béarn, fausses promesses ("Seuls les ours tués ou morts accidentellement seront remplacés") ou opportunes à propos de la politique française de sauvegarde de l'ours des Pyrénées ; annonces que l'Europe scrute attentivement dans le cadre de la "plainte déposée contre la France pour défaut de protection de l'ours dans les Pyrénées."
Quelques extraits de notes précédentes…
"Chantal Jouanno avait déclaré le 26 juillet 2010 lors de sa rencontre avec les membres du Comité de massif des Pyrénées que "les conditions sociales ne sont pas réunies pour une nouvelle opération massive de réintroduction d’ours. Mais entre accepter l’extinction et une réintroduction imposée, il y a une marge." Il s'agit maintenant de clarifier cette marge entre "extinction" et "opération massive de réintroduction". (Ours : Les crédits européens pour les Pyrénées qui sont menacés). Or, la marge de manoeuvre vient d'être clarifiée par le rapport du MNHN...
"La ministre a par ailleurs proposé au Comité de massif des Pyrénées la mise en œuvre, dès cette année, d'une stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité à l'échelle du massif dans son entier. L'objectif est de rassembler les élus et les acteurs socio-économiques des Pyrénées autour de cette stratégie et de mettre en œuvre un ensemble de mesures favorables à la biodiversité pyrénéenne." (OURS : c'est à cause de la sécheresse!)
"Seuls les ours tués ou morts accidentellement seront remplacés", a annoncé la secrétaire d'Etat à l'écologie, Chantal Jouanno, lundi 26 juillet, lors d'un déplacement à Toulouse, devant le comité de massif des Pyrénées, qui rassemble élus, socioprofessionnels, et associations. (Changement de cap pour le plan de réintroduction des ours dans les Pyrénées)
"Marc Carballido, Vice-président du Conseil Régional Midi-Pyrénées, représentant le Comité de Massif des Pyrénées, a rappelé « que le comité s’est exprimé à l’unanimité contre le plan ours 2006-2009, et n’a pas été écouté. Les élus défendent au quotidien une montagne dynamique, les efforts doivent se concentrer sur des mesures réelles et concrètes pour assurer la survie de secteurs d'activité qui sont, eux, les véritables menacés de disparition dans les Pyrénées. Les Pyrénées ont des difficultés économiques : l'agriculture de montagne souffre, le tissu industriel se délite, on assiste à la casse des services publics. On pense que le massif pyrénéen doit être vivant, et que l'on doit conduire en priorité des actions en direction des hommes ». (La Dépêche)
“L’objectif qui doit être poursuivi est de conserver une population viable, c'est-à-dire qui se reproduit naturellement sans besoin d’introduction. Nous surveillerons l’évolution annuelle de la population d’ours. Ni plus, ni moins. Donc, pas de politique de réintroduction. Et si la population décroît, nous envisagerons alors des réintroductions.” (Ebauche de synthèse du discours magistral de Chantal Jouanno)
Chantal Jouanno a bien essayé de changer la définition de "population viable". Pour elle, cela voulait dire "une population qui se reproduit naturellement sans besoin d’introduction".
Ce n'est manifestement pas l'avis des scientifiques du Muséum National d'Histoire Naturelle, je cite ...
D’un point de vue spatial, il s’agit ici d’envisager la viabilité de la population pyrénéenne d’Ours bruns dans l’ensemble de son habitat potentiel actuel et futur, tout en considérant le devenir de chacun des noyaux actuels de présence de l’espèce. L’horizon temporel pour ce futur doit se fixer dans les standards internationaux de conservation tels que recommandés par l’UICN (2001, 2012) et soutenus par la commission européenne dans la définition des états favorables de conservation pour les grands carnivores (Linnel et al. 2008).
Il s’agit donc de définir le meilleur état de conservation démographique et génétique possible à terme pour cette espèce en fonction de la disponibilité et la qualité de son habitat potentiel de façon à assurer la viabilité maximale au-delà des horizons temporels usuels de gestion.
Les critères listes Rouge incluent le critère synthétique de viabilité (critère E) et les indicateurs de cette viabilité concernant l’effectif d’individus matures (critère D), la surface d’occupation ou d’occurrence (critère B).
Pour rappel, selon l’ensemble de ces critères la population d’Ours des Pyrénées est actuellement considérée comme ‘en danger critique’.
L’habitat futur disponible (critère B UICN) tel qu’évalué précédemment fournit une perspective de plus de 6.000 km² de zone d’occupation sans fragmentation sévère pour des habitats de plus grande qualité et de plus de 12.000 km² si l’on inclut les habitats de moindre qualité ce qui dans les deux cas est suffisamment favorable pour une classification en préoccupation mineure sur ce critère.
L’effectif mature espéré (critère D UICN) se situe aux environs de 110 individus (Martin et al. 2012b) dont 94 matures en hypothèse basse ce qui permettra de passer, sur ce critère, de la catégorie ‘en danger critique’ à la catégorie ‘en danger’.
Si l’on considère les potentialités d’habitats les plus larges, un effectif de 258 individus dont 220 matures peut être atteint. Il mènerait à une catégorisation ‘en danger’ mais proche du seuil ‘vulnérable’ de la population pyrénéenne.
"Le renforcement des deux noyaux est de loin le meilleur plan en ce qui concerne la viabilité de l’Ours brun dans les Pyrénées."
Ordre du jour de la réunion du Comité de Massif Pyrénées du 20 février
1. Approbation du compte rendu de la séance du 27 mai 2013
2. Schéma de massif : point sur l’approbation et la diffusion du document final
3. Programmes de massif :
bilan de la convention de massif 2007-2013
examen du projet de document d’objectifs de la convention de massif 2014-2020
information sur les programmes associés
4. SPVB (stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité) :
état d’avancement de la démarche
information sur le volet ours brun de la SPVB
5. Bilan des UTN départementales