Pourquoi mon équipe, autrefois soudée, est-elle entrain d’imploser ? Pourquoi nos meilleures intentions produisent-elles les pires effets, tel l’idéal de liberté concrétisé en dictature ? Cela relève de paradoxes ! Se nourissant des obsessions, illusions et peurs de l’ego, le paradoxe nous enferme. Mais, en tant qu’« opinion contraire aux vues communément admises », il peut devenir, grâce à un questionnement adapté, une force d’innovation. Comment ? Voici 3 situations paradoxales « inspirées de cas réels », pour lesquelles les protagonistes ont su transformer la force du paradoxe en stratégie.
1. Et Alexandre Le Grand trancha le nœud
L’enjeu : la conquête
Le paradoxe : selon la légende grecque, le timon du char du roi Midas est lié par le fameux Nœud Gordien et quiconque, selon la prophétie, parviendra à le dénouer deviendra le maître de l’Asie.
La stratégie : devant ce Nœud Gordien que personne ne parvient à démêler, devenu ensuite, par métaphore, synonyme de problème inextricable, Alexandre Le Grand sort son épée et le tranche. La légende a retenu que ce conquérant n’a pas accepté de se soumettre à ce que le sens commun reconnaissait et autorisait comme moyens exclusifs en dépit de leur inefficacité prouvée : les mains nues.
2. Et Roméo et Juliette rallumèrent la flamme
L’enjeu : la survie du couple
Le paradoxe : malgré l’amour que se portent mutuellement Roméo et Juliette, l’idylle des débuts est loin, après 10 ans de mariage. Le doute, après s’être immiscé, s’est installé.
La stratégie : Roméo et Juliette trouvent la force de regarder leur couple sous un autre angle. Comment ? En se posant, chacun, les bonnes questions !
Exemples : « Qu’est-ce qui me fait croire que mon bonheur, ou mon malheur, passe nécessairement par l’autre ? Si tel est le cas, quelles attentes j’investis sur ses épaules sans l’en avertir ? » « Si je continue à mentir par omission, c’est à moi que je mens, pour quelle utilité et pour combien de temps ? »
3. Et Ernest-Antoine et Arlette sauvèrent l’entreprise
L’enjeu : la pérennité de l’entreprise en tant qu’intérêt commun
Le paradoxe : Pressé par ses partenaires financiers, Ernest-Antoine travaille d’arrache-pied depuis des mois pour sauver son entreprise. Au moment de présenter son plan, auquel il croit obstinément, il se confronte à une autre obstination, celle d’Arlette, décidée coûte que coûte à honorer son mandat pour défendre les salariés. L’opposition frontale menace la survie de l’entreprise à court terme.
La stratégie : regarder avec les yeux de l’autre, aussi étroite soit sa vision réelle ou supposée, permet de « décaler les protagonistes de certitudes sourdes à toute remise en cause, et qui les privent d’agilité créative ». Un écho à la stratégie telle que la définit André Beauffre : « la maîtrise de la dialectique de l’interaction des volontés employant la force pour résoudre leur conflit ».
Ces 3 exemples sont extraits de
La force du paradoxe
En faire une stratégie ?
Pierre Fayard, Eric Blondeau
Collection : Hors collection, Dunod
Février 2014 – 264 pages
Voir la fiche détaillée du livre