Par Philippe Robert.
Et puisque certains, au plus haut niveau de l’État, se laissent volontiers aller à comparer la situation actuelle à ce qu’elle a pu être tout au long des années 1930 avec, en point d’orgue, une guerre mondiale, qu’ils me permettent alors de citer un orfèvre en la matière des plus actifs dès 1928-1929, le socialiste bon teint ayant très mal tourné, Joseph Goebbels :
Nous sommes socialistes parce que nous voyons la question sociale comme une question de nécessité et de justice pour l’existence même d’un État pour notre peuple (…) Le travailleur réclame un niveau de vie qui correspond à ce qu’il produit (…) Il s’agit de former un nouvel état de conscience qui inclut tous les citoyens productifs. Étant donné que les pouvoirs politiques actuels ne sont pas capables ni désireux de créer une telle situation, le socialisme doit se battre pour l’atteindre. Etc.
Géopolitiquement parlant, il semble bien que nous ne soyons pas le seul terrain d’expérimentation d’une volonté de déconstruction des hautes valeurs transmises par la prodigieuse alliance d’Athènes, Rome et Jérusalem et qu’une certaine Europe, ayant pris le parti de se suicider, tente alors d’entraîner l’ensemble des acteurs de l’Union européenne dans sa déchéance.
La question se pose alors avec acuité de démasquer sans plus tarder le vrai visage de ce socialisme (français) dévoyé, pour autant que l’on puisse ajouter du dévoiement au dévoiement primaire dont le socialisme est déjà pétri, que des hommes et des femmes épris de tyrannie au XXIème siècle des Libertés aspirent tant à imposer à leurs concitoyens.
En 1895, Anatole Leroy-Beaulieu a publié une courte brochure dont je vous livre ci-après un extrait dont la hauteur de vue m’apparaît des plus remarquables : « Pourquoi nous ne sommes pas socialistes » disponible au format PDF sur le site de l’Institut Coppet et pré-consultable sur Contrepoints :
Une société est un organisme, un corps vivant qui croît et se développe à la façon des êtres vivants (…) C’est là une notion aujourd’hui banale ; mais si banale qu’elle soit devenue, je vous conjure de remarquer combien elle cadre mal avec les prétentions des socialistes (…) Car leur prétention se résume à refaire la société artificiellement suivant un plan nouveau, un plan idéal (…) Avoir la présomption de traiter une société comme une matière inerte, comme une argile plastique que l’on pétrit à son gré, s’essayant à la refaire à neuf de toutes pièces c’est le plus souvent, au lieu de la réformer, la déformer, l’estropier, la mutiler.
Ainsi, depuis l’accession des socialistes aux affaires de la France, de nombreux signaux d’alerte ne cessent plus de se faire voir et entendre en particulier au sein de la société civile, signaux d’alerte d’ailleurs considérés par nos dirigeants les plus en vue comme la manifestation de forces ultras plutôt qu’une réaction des plus naturelles du peuple français molesté. Ainsi, comme le commentait Ivan Rioufol sur son blog : « Entendre de nombreux responsables socialistes pratiquer, à la suite du ministre de l’Intérieur, l’amalgame et le procès d’intention pour dénoncer l’obscurantisme et la radicalité de ce mouvement qualifié d’extrême droite ou de Tea party à la française est un procédé malhonnête. Ce mensonge est d’autant plus mal venu que ces mêmes donneurs de leçons ne cessent d’accuser ceux qui osent leur tenir tête de colporter des contre-vérités et des fantasmes. »
On reste donc sans voix devant la façon dont les élites marquées à gauche, y compris et surtout celles qui, aujourd’hui, exercent le pouvoir en faisant preuve d’un mortifère manque de clairvoyance politique, s’empressent alors de traiter en bloc de factieux les Français défilant dignement et sereinement avec la certitude chevillée au corps d’être dans leur droit le plus absolu !
Dans sa livraison du 5 février 2013 intitulée « Vincent Peillon ou la tentation totalitaire », l’infatigable Ivan Rioufol rapporte ce qui suit directement inspiré, selon moi, de la pensée révolutionnaire corrompue à l’extrême si en vogue sous la Terreur décrétée, en 1793, par une Convention nationale à la dévotion de Maximilien Robespierre :
Voici ce que le ministre de l’Éducation écrit, dans La révolution française n’est pas terminée (Seuil, 2008) (pages 17-18) : « C’est à elle (l’école) qu’il revient (…) d’être la matrice qui engendre en permanence des républicains (…). L’école doit opérer ce miracle de l’engendrement par lequel l’enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines, va s’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome. C’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, de nouvelles tables de la Loi » etc.
Enfin, je voudrais attirer l’attention sur une insinuation le plus souvent colportée par la gauche et qui, selon moi, relève d’une extrapolation abusive sinon même intellectuellement malhonnête. Car autant le socialisme est bien une idéologie aux effets stérilisants dès lors qu’il faut en tout sacrifier au dogme, autant il est faux d’en affubler la philosophie libérale qui laisse les individus libres d’agir dans le cadre de l’État de droit.