Moralopolis est en fait la ville de Paris, dans un futur proche. C’est la cité de la perfection morale, du moins si l’on en croit la présidente et les associations féministes, qui ont pris le pouvoir. En pratique, tout ne se déroule pas de façon harmonieuse, et encore moins démocratique. Les lobbies féministes ont le dessus, les femmes sont victimisées, elles profitent du moindre écart de conduite pour se plaindre des hommes, lesquels doivent passer des stages de redressement sexuel pour apprendre à contrôler leurs pulsions. L’eugénisme est à la mode, la sélection des êtres humains en vue d’éliminer toute tare, en particulier la propension au viol.
C’est dans ce contexte que grandit Franck. Il est le fruit d’un couple contestataire, qui a refusé de s’aligner sur les conseils des autorités en matière de prévention génétique. Voici Franck en 2050, à l’âge de 25 ans, amoureux, prêt à se marier. Il reste une formalité : le test de conformité exigé par sa future épouse. Celui-ci se révèle positif ; Franck a le gène du viol, ce qui lui donnerait une tendance à passer à l’acte. La jeune femme le rejette immédiatement. Franck en conçoit une vive amertume. Désespéré, il tente de conquérir une collègue, mais il est maladroit et elle dépose plainte pour agression. Franck est condamné à un mois de redressement, durant lequel son amertume ne fera que grandir. Loin de le faire rentrer dans l’ordre, cette condamnation fera de lui un être fourbe. Sa gardienne s’éprendra pourtant de lui, ignorant ses idées funestes.
Cette histoire, rondement menée et bien argumentée, est portée par quelques idées qui vont à l’encontre de la bien-pensance actuelle. Dès lors, on ne s’étonnera pas que ce livre n’ait pas eu le succès qu’il mérite. En effet, la tendance actuelle est au féminisme parfois radical – lequel ne vise plus l’égalité des sexes, qui est acquise, mais la suprématie de la gente féminine, voire la domination du genre masculin. L’auteure prend le contrepied de ce mouvement, s’insurge et se rebiffe, et nous montre ce que pourrait être le monde si les féministes radicales avaient le pouvoir. Les hommes seraient honnis, condamnés avant même l’acte, sans preuve, ils subiraient la peine de mort sur simple présomption de viol, avec toutes les dérives que ces idées entraineraient. Avec un peu d’objectivité et en faisant fi du bourrage de crâne orchestré par les médias depuis des années, cette hypothèse est loin d’être farfelue ou idiote. En effet, on voit déjà les prémisses très nettes de cette tendance. Lorsqu’une femme commet un crime, on parle de maladie. Quand il s’agit d’un homme, c’est le résultat de pulsions criminelles courantes. Quand un chanteur tue sa compagne en Lituanie, ce n’est pas sous l’effet de la drogue, c’est parce que c’était une crapule (et l’on passe volontiers du particulier au général). Mais quand une femme tue ses enfants, c’est une pauvresse qui a perdu la raison. Qu’un homme ait le malheur de caresser la joue d’une fillette, c’est un pédophile. Mais qu’une femme maltraite un enfant, c’est de la psychologie. Bref, les exemples sont nombreux. Il ne se passe d’ailleurs pas un jour sans qu’un média nous rabâche des histoires d’hommes violents. Mais remarquons tout de même que dans les grandes affaires de pédophilies, il y avait toujours au moins une femme complice. Notons aussi que la récente condamnation des michetons est une loi sexiste, puisqu’elle condamne le client et aucunement la commerçante ou le mac. C’est la première fois qu’une loi condamne l’usage libre se son corps, et c’est en soi, une dérive totalitaire inacceptable. La faute est mise entièrement à charge de l’homme, faisant fi de tout un système bien implanté, souvent lié à des réseaux mafieux qui eux ne sont pas inquiétés.
Personnellement, j’avais déjà relevé depuis longtemps la dérive de certaines engeances féministes, leurs abus et prises de positions extrêmes, qui donnent lieu à d’autres sexismes, des idées préconçues et des assertions dont personne ne discute pourtant, bien que très contestables. J’ai lu souvent des prises de position effarantes sur le net. Ainsi, une femme fustigeait un homme de l’avoir appelée « Mademoiselle », et d’ajouter : « je lui aurais bien balancé une gifle ». Une autre affirmait qu’une femme sur cinq mourait sous les coups de son compagnon (ce qui ferait 20 millions de défuntes en Europe) Etc… Tout ceci semble empreint d’une mauvaise foi, qui à force d’être claironnée finit par devenir une vérité largement admise. Aussi, (je rebondis et j’en profite pour faire ma pub), lorsque j’ai eu l’occasion d’écrire un texte sur 2050 proposé par mon éditeur, mon constat était en partie le même que celui de Catherine Marx, dont je n’avais pas encore lu le livre. J’y décrivais un monde sous la domination féminine, sauf que dans mon monde à moi, les relations entre personnes non -mariées sont tout simplement interdites.
Catherine Marx a des opinions bien tranchées et très exhaustives sur les questions liées au droit d’user de son corps, à la sélection biologique de l’espèce, au totalitarisme, aux dérives sectaires… Et elle nous les démontre de façon éclatante. Comme bémols, je dirais juste que certains passages sont un peu trop narratifs, confinant à un essai. Je note aussi quelques fautes d’orthographe (confusion entre indicatif et subjonctif). Mais la démonstration est précise et captivante…
Moralopolis – Catherine Marx. Éditions Tabou
Date de parution : 17/08/2012