Quatrième de Couverture
Nous sommes en 1901, dans un petit village des Cornouailles. Elisabeth vient de perdre son père et accepte difficilement la froideur de sa mère.
L’été où elle quitte l’enfance, elle comprend que derrière les apparences d’une petite bourgeoisie provinciale obsédée par la peur du scandale, se dissimulent des drames insoupçonnables, et des monstres qui rôdent, les soirs de pleine lune, dans l’ombre des falaises.
Mon avis
A l’ombre des falaises de Chloé Bourdon nous entraine dans les événements qui ont marqué à jamais la vie de l’héroïne, Elisabeth. Tout n’est qu’apparence, secrets, et la jeune Elisabeth se retrouve plongée au cœur d’une sombre affaire dont elle est finalement un protagoniste important.
N’étant pas une grande passionnée des histoires de vampires pour cause d’overdose de romans médiocres sur le sujet, je commence toujours les livres reprenant le mythe vampirique en restant sur mes gardes. Heureusement, les Editions du Petit Caveau savent sélectionner le meilleur des livres du genre, comme j’avais déjà pu le constater avec une précédente lecture vampirique de cette maison d’édition. Pour résumer, j’ai aimé cette lecture. Le vampire n’y est pas caricaturé, Dracula de Bram Stoker est abordé et surtout, la vision que l’auteur nous offre des vampires à quelque chose de plus scientifique que fantastique : il n’en fallait pas plus pour conquérir mon cœur d’amoureuse des sciences.
L’histoire se développe en très peu de pages et, même si la lecture m’a paru trop rapide une fois le livre achevé, le choix de l’auteur est le bon. On ne suit pas toute la vie d’Elisabeth, on vit simplement avec elle le passage marquant de sa vie, celui qui la fait basculer dans le monde des adultes, celui qui ébranle ses croyances, celui qui la construit finalement. Une fois le livre terminé, on en veut plus tout en sachant pertinemment qu’on a eu l’essentiel. Les premiers chapitres m’ont paru lents, on suit la monotonie de la vie de la jeune héroïne, la narration interne y étant pour beaucoup, et tout s’accélère, on sent l’emballement qui s’empare d’Elisabeth, qui s’empare de nous aussi, pauvres lecteurs aussi perdus et avides de savoir qu’elle.
L'évolution du personnage principal est très bien agencée, si tout se passe rapidement, la transformation en femme de la petite fille des premières pages est sensée. Et cette cohérence donne plus de puissance encore à l’histoire. Les autres personnages de l’histoire sont effleurés sans que cela ne m’ait dérangée : on apprend l’essentiel et, l’histoire étant contée par Elisabeth, en savoir plus n’est pas nécessaire. Je regrette simplement de ne pas avoir pu en savoir davantage sur les démons intérieurs de la mère de l’héroïne : la plume de l’auteur mêlée aux souffrances du personnage aurait donné un résultat superbe.
Parlons justement du style de l’auteur car, à mon sens, c’est ce qui fait la plus grande force de ce livre. Chloé Bourdon possède une plume qui m’a ravie dès les premières pages. A aucun moment je ne me suis lassée de ses phrases, de ses descriptions, de son texte dans son ensemble. Et je pense pouvoir affirmer que sans cette écriture, le livre ne m’aurait pas plu. Parfois, quand l’écriture n’est pas à la hauteur, je me surprends à lire plus vite, moins attentivement, en me concentrant uniquement sur l’histoire. Là, ce fut tout le contraire, j’ai passé ma lecture à m’abreuver du texte dans sa forme, ce qui a fait que j’ai pu en apprécier pleinement le fond. Le style n’est pas pompeux mais il colle bien à l’époque où se déroule l’histoire ; les descriptions ne sont pas gorgées de détails inutiles tout en étant parfaitement posées ; les dialogues semblent réalistes et surtout, les pensées ainsi que l’évolution d’Elisabeth sont décrites avec brio. Même si le style n’est pas comparable aux grands auteurs classiques, j’ai trouvé ce texte très beau et prenant. Je me suis finalement plus laissée prendre par l’écriture que par l’histoire, sûrement parce que j’ai été agréablement surprise de la qualité de la plume.
Enfin, sans trop en révéler sur la fin de l’histoire, j’ai aimé ce qu’il advient d’Elisabeth une fois sa vie transformée. Les amateurs de grandes histoires d’amour romantiques seront peut-être un peu déçus mais moi pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que le choix de l’auteur donne une passion qui ne s’effrite pas avec le temps, qui ne sombre pas dans la monotonie et qui se vit intensément ponctuellement. Je trouve ça tellement plus intéressant dans ce genre d’histoire que, là aussi, mon cœur de lectrice difficile à satisfaire en matière d’histoires d’amour a été conquis.
A l’ombre des falaises est ainsi le genre de roman vampirique qui me permet de me dire que, oui, il est encore possible de lire des histoires de vampires sans avoir envie de s’arracher les cheveux à chaque passage improbable, à chaque réflexion d’une héroïne sans saveur, à chaque fait détruisant brique par brique l’édifice de la vraie base des suceurs de sang. Merci aux Editions du Petit Caveau de m’avoir permis une nouvelle fois d’apprécier une lecture comme celle-là et merci à l’auteur d’avoir partagé sa plume à travers ce livre.