Qu’on conchie ou pas le post-rock, ou du moins la terminologie employée, Slint est un monument. L’une de ces stèles américaines qui, malgré le temps, ne se fissurent d’aucune sorte, et qui, à l’ombre de son contre-fort, fertilise tout un pan de la musique contemporaine. Figures légendaires, les quatre Slint, auteurs de seulement deux albums – Tweez en 1988 et l’immense Spiderland en 1991 – ont par la suite toujours agit tapis dans une discrétion inversement proportionnelle à leur influence : David Pajo, guitariste du groupe, a désossé son âme vagabonde au sein d’Aerial M puis de Papa M, en plus d’une intermittence remarquée au sein de Tortoise, tandis que Brian McMahan, lui, s’est mis à poil au sein de The For Carnation. C’est presque tout, et pourtant, les mecs, sans le savoir, avaient de l’or dans les mains : leur agressif Tweez fut enregistré par Steve Albini tandis que la pochette de leur Spiderland est tiré d’un cliché signé Will Oldham. Will Oldham justement – presque cinquième membre et qui vit notamment trois d’entre eux l’accompagner pour son anthologique There is no one what will take care of you de Palace Brothers – raison pour laquelle cet indispensable documentaire réalisé par Lance Bangs – disciple de Spike Jonze – se dénomme The History of Slint and the Lousville Music Culture. Un documentaire d’une heure et demie – avec la participation, notamment, de Steve Albini, producteur émérite et guitariste de Shellac, Corey Rusk, l’un des fondateurs de Touch and Go Records, James Murphy de LCD Soundsystem, instigateur de DFA Records, David Yow des Jesus Lizards, Jason Noble de Shipping News, décédé en 2012, ou encore Ian Mackaye de Minor Threat, Fugazi et owner du très respectable label Dischord Records – voué à être partie intégrante de la luxueuse réédition de Spiderland à paraître cet été sur… Touch and Go Records.