27 %. C’est la part d’énergies renouvelables visée par Bruxelles. Las, il s’agit d’un objectif non contraignant. Pourtant, les perspectives industrielles sont considérables, tant pour la croissance que l’emploi. En atteste le projet de parc éolien offshore géant au large de Noirmoutier pour lequel le consortium EDF-Alstom-WPD prévoit la création de 2 000 emplois s’il remporte le marché.
L’écologie et l’industrie ne s’opposent pas. Elles sont même complémentaires. C’est en substance le discours tenu par Pascal Canfin, ministre chargé du Développement, dans une tribune parue dans le Monde le 29 janvier. Selon le ministre, membre d’Europe Ecologie-Les Verts, « la transition écologique est une politique de compétitivité ». Relance de l’industrie française, diminution du déficit commercial, création de milliers d’emplois : les opportunités sont nombreuses et, avec l’engagement politique et financier adapté, ont les moyens de soutenir la croissance de demain.
A l’heure actuelle, 5,73 millions de personnes travaillent dans le secteur des énergies renouvelables dans le monde. D’ici 2030, ce nombre devrait exploser et atteindre les 17 millions de personnes à l’échelle de la planète. L’Union européenne, qui emploie déjà plus d’un million de travailleurs dans le secteur des énergies vertes, a bien perçu les potentialités de la filière. Pour les seules énergies renouvelables océaniques, la Commission prévoit que 40 000 emplois devraient être créés d’ici 2016, pour un marché estimé à 535 milliards d’euros.
« Les ressources en énergie océanique disponibles dans le monde excèdent nos besoins actuels et les besoins prévus à l’avenir », explique une communication de la Commission européenne rendue publique le 20 janvier. « L’exploitation de cette ressource locale, surtout le long de la côte atlantique, permettrait de réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis des énergies fossiles pour la production de l’électricité et améliorer la sécurité énergétique ». En outre, la communication rappelle également que l’énergie produite par les océans est relativement constante et donc à même de compenser la production d’autres énergies vertes plus intermittente.
L’éolien offshore français : projet écologique et économique
En France, les grandes manœuvres sont d’ores et déjà en marche dans le secteur des énergies océaniques et devraient encore prendre de l’ampleur au cours des prochaines années. C’est même dans les semaines à venir que doit se concrétiser le projet géant comprenant la construction d’un parc éolien offshore en Vendée, un second devant également être constitué en Seine-Maritime. Représentant un investissement conséquent de 2 milliards d’euros, le parc vendéen doit être installé au large de l’Ile d’Yeu et de Noirmoutier et sa production d’énergie doit servir à couvrir 35 % de la population du département.
Pour l’obtention de cet appel d’offres, deux consortiums sont opposés : d’une part EDF Energies Nouvelles, Alstom et l’Allemand WPD et d’autre part GDF Suez, Areva, Neoen Marine, le Portugais Renovaveis. Et il va de soi que la question des retombées économiques pour la région va peser lourd dans le processus de décision des autorités nationales et locales (40 % de la décision pour être exact). Naturellement, les candidats ont tous deux inclus cette composante dans le montage de leur dossier, mais avec des stratégies diverses, à l’image du reste de leurs plans de communication respectifs.
GDF Suez et Areva ont ainsi multiplié les effets d’annonce. Promettant la création de 500 emplois directs et indirects et la signature de nombreux contrats avec des entreprises et industries locales, les deux sociétés n’ont cependant rien concrétisé à ce jour. Il est en effet improbable que GDF Suez, qui fabrique déjà ses éoliennes à l’étranger, se dote d’un nouveau sous-traitant en Vendée. En outre, l’annonce selon laquelle les turbines seraient produites au Havre a déçu les acteurs locaux, au premier rang desquels l’Union Industrie Métallurgie de Vendée. Dans ce contexte, le soutien de Vendée Expansion, société chargée de la promotion économique du département pourrait rapidement s’éroder.
A l’inverse, EDF, Alstom et WPD, qui prévoient la création de près de 2 000 emplois en cas de victoire, dont environ 1 600 pour la construction des fondations et des éoliennes, semblent avoir davantage ancré leur candidature dans la réalité, en veillant à tisser des liens durables avec les entreprises de la région. Les usines de turbines sont de fait déjà en construction, les fondations gravitaires seront construites à La Rochelle et l’assemblage final des éoliennes sera réalisé depuis Saint-Nazaire. Alstom pourra en outre s’appuyer sur son partenariat vieux de 12 ans avec Rollix Défontaine, entreprise vendéenne spécialisée dans les paliers d’orientation pour éoliennes, tout comme EDF pourra compter sur ses liens avec le Groupement économique et solidaire Atlantique Vendée.
Car, d’un point de vue général, il est évident que la transition écologique ne pourra se concrétiser qu’en étant reliée avec les réalités économiques actuelles. De cette manière seulement son acceptabilité et son utilité seront renforcées auprès des populations et des entreprises directement concernées. L’éolien offshore ou encore le tournant vert opéré par les chantiers de Saint-Nazaire, fleuron de l’industrie navale française ne sont évidemment que des premiers jalons, mais qui sont prêts à se multiplier s’ils se révèlent des succès à la fois écologiques, économiques et sociaux.