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Une coupe, 2 dollars ou 4000 riels ?

Publié le 19 février 2014 par Cambodiaexpat @Cambodiaexpat

Le coiffeur est là, il est prêt, il a ses ciseaux en main, il me regarde. Le long du mur le la pagode, ils sont plusieurs. Ca cause, ça chantonne, ça rigole.

Les petits miroirs, de tailles et d’états très divers, sont accrochés sur le mur rouge passé. Le fauteuil est accueillant malgré son grand âge, un vieux fauteuil de coiffeur, solide, réglable, en skaï vert foncé.

Il est là, il me sourit et contemple ma chevelure devenu hirsute après cinq semaines, sans compter la transpiration dans la moiteur de ce midi ensoleillé au centre de Phnom Penh.

Une coupe, 2 dollars ou 4000 riels ?

Si tu payes en $, tu payes plus cher.
Si tu payes en riels, tu payes moins cher.
Après enquête, impossible de savoir pourquoi.
Je n’avais que des $…

Nous sommes face au Psar Kandal (marché Kandal), devant la pagode Wat Ounaloum, la plus grande de la ville.

« Sir, cut hair ? » Je me prends à rire. A côté un étal de poisson, de l’autre une cantine, des motos partout et quelques tricycles passent. Je tourne la tête « Yes ». Je ne sais pas pourquoi j’ai dit oui.

Son anglais se limitait à ses mots « Sir, cut hair » et « Thank you ». Le reste je n’ai rien compris.

Mes cheveux, propres du matin, ont fait l’expérience de la bassine jetée sur la tête. Par 39 degrés, ça sèche vite. Il se dépêche, sort une paire de ciseaux presque rouillés de nulle part, me regarde parfois dans la glace, sourit et met tout son talent à me faire une tête… je ne sais pas.

Une coupe, 2 dollars ou 4000 riels ?

Et voilà, mon coiffeur !
(Merci à Paul Tan, excellent photographe)

Sur sa tablette, des instruments étonnants. De vieux ciseaux (dont un de couturier), des rasoirs à main (il fait aussi la barbe), des produits en bombe reconditionnés (une bombe d’huile pour moteur contenant de la laque)…

Je ne sais pas du tout si je devrais subir l’épreuve du rasoir dans le cou. Je crains le pire et m’apprête à refuser, trop tard, déjà fait. Je ne sais pas comment il s’y prend, mais il a une dextérité et une rapidité incroyables. Mes cheveux sont sans doute plus faciles à couper que ceux des cambodgiens, moins noirs, moins durs et moins raides.

Je découvre chez cet homme une âme d’artiste. Il sort des yeux de mes cheveux, regarde le ciel, raconte des histoires, sans perdre un instant le fil de son travail.

Je me rends compte que son miroir est cassé.

De toute façon, il ne le regarde pas vraiment.

Pas de séchoir, tiens c’est bizarre.

10 minutes, une coupe correcte, 2$. J’avais envie de rester un peu et de l’emmener au marché lui acheter un nouveau miroir. J’ai proposé, il m’a dit « Yes, ok, ok, no problem ». Je crois qu’on ne s’est pas bien compris. Ce n’est pas grave.


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