Le chef enquêteur, Paul Morel et son équipe – Tanguay, Cabrini, Ling Yao et Gupta –, aidés par un enquêteur d’un autre poste, se jettent à corps perdu dans l’enquête. Cette pluralité d’enquêteurs est une nouveauté pour moi. Peut-être est-ce pour cela que ce polar contient un très grand nombre d’explications sur les procédures policières. Ce côté didactique m’a certaines fois dérangée et à d’autres, j’y ai trouvé mon compte.
On entend souvent dire que l’auteure d’un premier roman veut tout mettre, avec Traces, je dirais, encore plus, peut-être parce que c’est un polar! Le bon côté est que cela permet d’ajouter de la chair autour de l’os, l’histoire s’étendant vers différentes ramifications. L’auteure se permet même d’aborder des questions de société.
J’aime que l’on approfondisse le caractère d’un meurtrier pour y découvrir une source de mobile implacable au niveau psychologique, surtout lorsqu’il s’agit de crimes à ce point abjects. J’ai trouvé le portrait du meurtrier un peu flou, malgré ses mobiles, un peu comme si on jouait à Clue, et que c’était le rôle qui lui était dévolu pour cette joute. Le caractère le plus fort, donc le plus crédible est, à mon sens, le voyeur, qui donnerait des sueurs froides à n’importe quelle femme.
S’il y faut cerner un thème, il tourne définitivement autour de la relation attractive : la perverse, l’hypocrite, la jalouse, la toxique, l’esclavagiste; on s’en prive, on s’y vautre, on envie celles des autres. L’auteure révèle la relation amoureuse de tous ses personnages, autant la femme accidentée que l’enquêteur de l’autre poste, ce qui est en fait en définitive un polar touffu, nouveau genre. À quand la deuxième enquête ?