Je pose le décor, un resto, un bavardage, le monde en attente de réfection, et patati et patata mais en mode majeur, nous sommes entre personnes de qualité, du genre qui parle du Q mais avec intelligence, en prenant pour référence leurs dernières lectures d’essais et d’article dans Nature et dans Elle, bref qui se la pètent avec classe, un petit doigt en l’air et l’autre dans le fondement.
Et là arrive le serveur, l’outre-cuidant interrompeur de conversation, décrochage de regards assassins ou d’œillades chaudasses en fonction du physique du garçon et la sexualité des convives. Dépose des assiettes, à chacun sa chacune, le garçon s’éloigne, déjà oublié. Le fumet titille les narines des convives qui hument admirent se saisissent de leur portable, photographient instagramment comparent partagent, et attaquent leur plat … froid.
Moi, je me moque je me gausse moi suis pas pareille (je ne lis pas Nature), moi je photographie l’incongru, le différent le troublant le décalé, je montre ma rue par le petit bout de la lorgnette, je passerais sous la table de honte (je précise pour le lectrices de Elle !) m’agripperais à la nappe par fierté et gourmandise. Non, moi jamais je ne m’abaisserais à commettre une faute de goût pareille !
Classé dans:humeur