Certes, la proposition du MEDEF de supprimer purement et simplement le
régime des intermittents peut difficilement être considérée comme très adroite.
La grosse provocation n’a jamais fait avancer les choses, au contraire, elle
braque et contribue à figer les positions. Pour autant, ce régime pose un réel
problème et il faudra bien qu’il soit traité.
Et ce problème, parfaitement énoncé sinon dénoncé par la
Cour des Comptes, c’est un problème à
1 milliard d’euros !
1 milliard d’euros soit le déficit de l’Assurance chômage lié à ce régime ce
qui constitue le tiers du déficit global pour seulement 3% des demandeurs
d’emplois.
Par les temps de disette que nous vivons, et alors que le nombre de chômeurs
atteint un record, il ne parait pas totalement scandaleux de s’interroger sur
cette situation, qui pourrait, et évidemment uniquement si on a mauvais esprit,
être considéré comme choquante. Mais ce débat, pour peu que l’on puisse
l’appeler comme ça, est le type même de débat manichéen.
On a, d’un coté, les tristes sires, les petits esprits comptables et donc
nécessairement mesquins, doublés de grands méchants libéraux qui veulent
museler, que dis-je, sacrifier la culture sur l’autel du profit et des marchés
financier.
Et de l’autre, les défenseurs des arts et de la littérature, les amoureux de
ce qui est beau, de ce qui fait la nourriture de l’Esprit et, n’hésitons pas,
la grandeur de l’homme !
Les uns parlent dette, déficit, charges, privilèges et autres vulgarités,
les autres nous assènent, création, œuvres d’art et beauté gratuite.
Clairement le débat est impossible.
D’autant plus impossible que les intermittents du spectacle s’arcboutent sur
leurs privilèges et que le gouvernement, avec Aurélie Filippetti en porte
étendard psycho-rigide, a clairement choisi son camp. Pas touche aux
intermittents, d’ailleurs il n’y a pas de problème avec les intermittents, ceux
qui le prétendent ne sont que de gros béotiens qui veulent « tuer la
culture ».
Ils ne sont pourtant pas sans connaitre les abus générés par le système.
Comme pour tout système généreux, certains en profitent sur le dos de la
collectivité, et des abus il y en a à tous les niveaux. Au niveau des
intermittents qui optimisent l’utilisation qu’ils font d’un régime chômage
particulièrement prodigue, et de leurs employeurs qui utiliser ces mêmes
intermittents avec une extrême flexibilité (doux euphémisme) sous prétexte
qu’ils bénéficient de ce généreux système.
Que l’Etat veuille soutenir tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la
Culture, pourquoi pas, même si cela conduit la collectivité, via nos impôts (ou
plutôt via la dette), à financer les élucubrations de n’importe quel individu
se prétendant artiste. Mais comme toutes dépenses publiques, elles devraient
être soumises à des exigences fortes de contrôle, histoire de s’assurer que
l’argent public est dépensé à bon escient. Et ce n’est pas le cas.
Par dessus le marché, à travers le régime d’assurance chômage des
intermittents, ce n’est pas le Ministère de la Culture qui prend en charge une
part non négligeable du financement de la culture, mais l’Assurance chômage.
Est-ce sa vocation ? Je ne le pense pas. D’autant moins que cela revient à
faire supporter cette charge au seul secteur privé !
On peut considérer la Culture comme essentielle, ça ne dispense pas de s’interroger sur son mode de financement. Ce n’est pas parce que la Culture n’a pas de prix, qu’il ne faut pas se préoccuper de son coût.