Réveillé de sa longue hibernation, le requin navigue actuellement dans le Rhin. Certes c’est une rivière mais il ne suit plus aucune règle.
« Cette rencontre, on l’attend depuis longtemps. » Si le requin avait arrêté sa conférence de presse là, l’ambiguïté aurait pu sauver tout le monde du carnage. Mais une phrase c’est comme un seul poisson, ça ne lui suffit pas, il veut le ban entier, c’est pour ça que Menez s’y asseoit. Il a donc fallu qu’il s’en prenne aux plus faibles sans défense, ou plutôt parmi les pires de Ligue 1. « Après Valenciennes, on a ressenti un regain de concentration à l’entraînement. » Ce n’est pas respectueux pour Valenciennes, mais ça l’est pour Leverkusen et c’en est presque troublant. Le requin doit vraiment avoir faim. « Je nous vois bien avoir une grande possession de balle. » Ah, quand même.
Et quand il a faim, il devient fourbe. Il est capable de tout, hésiter entre Lavezzi et Pastore, ne pas hésiter avec Lucas, recruter Cabaye, et répondre à ceux qui doutent qu’Ibra ait déjà réussi un grand match européen. On peut toujours trouver : il avait marqué deux buts à Arsenal avec le Barça. Grand match ou pas, c’est le seul dont il se vante dans son auto-hagiographie, alors on va dire que c’était un grand match. Le requin a tranché : « il est là dans les grands rendez-vous parce que c’est un compétiteur hors normes. » Le requin ne ment jamais : il dit juste qu’il est là.
Mais il ne peut pas soutenir non plus devant autant de cartes de presse dédicacées par Ibra qu’il compte plutôt sur Matuidi ou Sirigu pour qualifier son équipe, parce que sinon il faudra expliquer à la presse qu’il n’a que Motta et Maxwell à disposition avec une réplique de Ligue des Champions dans leur salon. Lui-même serait bien embêté si on lui demandait de montrer la sienne. « Il y a des joueurs qui font 15, 20 ans de carrière sans la gagner », dit-il, en pensant pour une fois autant à Gasset qu’à lui. L’essentiel est donc ailleurs, continuer à être sûr qu’il a la mâchoire la plus puissante du continent. Il a déjà déboîté celle d’un Croate, il y a bien longtemps.
Pendant ce temps-là, Wenger a pris l’habitude de perdre tous ses matchs européens importants et ça ne l’a pas empêché de se forger un superbe palmarès. Ah si.
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