« South Central Stories » inaugure donc une nouvelle collection de one-shot intitulée « Doggy Bags présente ». Là où la série mère propose trois histoires courtes par des auteurs différents, ce spin-off propose un one-shot découpé en trois actes. Le lecteur retrouve bien évidemment l’esprit du concept original, c’est-à-dire des scénarios sans concession qui mêlent violence, humour bien macho et beaucoup d’hémoglobine, ainsi qu’un look très vintage qui rend hommage au cinéma Grindhouse des années 60-70.
Cet album propose une plongée dans l’univers des gangs de rue de Los Angeles, quelques années après les émeutes de 1992 et invite à suivre les destins croisés de plusieurs personnages. Il y a tout d’abord Ronny et Travis, quinze ans à peine, qui sont prêts à tout pour intégrer le gang des 66 et arborer fièrement leur bandana rouge. Puis il y a Jacob, un ancien marine qui tente de vivre dans le droit chemin après s’être fait viré de l’armée. Sans oublier le Diable en personne, qui prend son pied dans ce quartier rongé par la guerre des gangs.
En articulant son récit en trois actes qui racontent le même évènement, mais sous un point de vue différent, Neyef livre une histoire parfaitement orchestrée. Ce chassé-croisé de personnages fonctionne à la perfection, avec des chapitres qui se complètent à merveille et un twist final qui ponctue l’ensemble avec brio. La touche de fantastique s’intègre également avec maestria à cette histoire dynamique, rythmée par les coups de feu et des dialogues parfaitement ciselés. Si ce récit gangsta joue pleinement la carte de l’action, il brosse également le portrait d’un quartier pourri, où l’intégration d’un gang semble être la seule promotion possible pour des adolescents soumis à la loi de la rue et des flingues dès le plus jeune âge.
Visuellement, le style dynamique de l’auteur insuffle beaucoup d’énergie aux nombreuses scènes de bastons. Pour le reste, l’ambiance est à nouveau soignée jusque dans les moindres détails, de la maquette du livre au style rétro et usé de l’ensemble, en passant par les fausses publicités ou ce poster détachable en fin d’ouvrage. Certains bonus, comme les faits divers réels ou fiches explicatives sur l’utilisation des bandanas, apportent même une touche didactique et réaliste au récit.
Tout comme « Doggybags », ce spin-off est une véritable tuerie, chaudement recommandée à un public averti.
Retrouvez cet album dans mon Top de l’année !