Les Grandes Ondes (à l’ouest) // De Lionel Baier. Avec Valérie Donzelli et Michel Vuillermoz.
Parfois le cinéma français réserve de bonnes surprises et ce n’est pas forcément là où l’on pourrait le croire. Perdu au milieu du retour des Trois Frères et de la Belle et la Bête, Les Grandes Ondes est passé inaperçu. Mais mes yeux ont voulu voir à quoi
ressemblait cette petite histoire qui semblait tout à fait honorable. Résultat : un film réussi. Un savoureux mélange de comédie et de drame sur fond de révolution portugaise. Raconté avec la
bonne humeur de Valérie Donzelli (Main dans la Main) et d’un Michel Vuillermoz (Jamais le Premier Soir) perdant la boule, nous
avons ici une belle surprise. C’est joyeux, touchant et même très drôle. Au travers de ce voyage qui débute de façon assez anodine se dégage quelque chose d’attachant. Les quatre personnages que
l’on suit dans leurs aventures ne sont pas fait pour s’associer et pourtant ils vont devoir le faire et vont braver vents et marées pour créer petit à petit ce qui sera l’un des meilleurs
reportages de l’année. Ce qu’il y a de plus original dans tout ça c’est que le film ne cherche jamais à trop en faire et n’est surtout pas adapté de je ne sais quoi.
Avril 1974. Deux journalistes de la radio sont envoyés au Portugal pour réaliser un reportage sur l’entraide suisse dans ce pays. Bob, technicien proche de la retraite, les accompagne à bord
de son fidèle combi VW. Mais sur place, rien ne se passe comme prévu : la tension est à son comble entre Julie, la féministe, et Cauvin le reporter de guerre roublard. La bonne volonté de Pelé,
le jeune traducteur portugais, n’y fait rien : la petite équipe déclare forfait. Mais le vent de l’Histoire pousse le Combi VW en plein coeur de la Révolution des Oeillets, obligeant cette équipe
de Pieds nickelés à prendre part, et corps, à cette folle nuit du 24 avril 1974.
Dès le début le film ne cherche pas à faire grand bruit. Il reste simple d’un point de vue de ses décors (très réussis) que de ses costumes, du choix des couleurs, etc. L’environnement léger sans
fioritures permet donc de se laisser plus facilement avoir. Il est dommage de voir des petits films comme celui-ci être très mal distribués mais je crois que c’est la loi du marketing. En tout
cas cela n’a pas entaché mon plaisir. J’ai beaucoup ri devant ce film alors que je m’attendais à tout le contraire. J’ai souvent des a priori face à certains films dès que je vois une affiche ou
une bande annonce et j’en ai eu pour Les Grandes Ondes. Rapidement tous mes doutes sont balayés alors que les rires sont spontanés et l’émotion vient sans problème à certains
moments bien choisi. On sent également que le but n’est pas de tomber dans le festival de blagues jamais potaches mais toujours ciselées et justes. On rit donc de bon coeur et je pense que c’est
nécessaire.
La belle énergie de Valérie Donzelli en reporter qui va pour la première fois de sa carrière sur le terrain et qui s’associe avec un roi de la capture son, Bob, et d’un
journaliste sans frontières incarné par Michel Vuillermoz. Ce dernier est très en forme. Il ne m’avait pas autant fait rire depuis un bout de temps (je dirais depuis son rôle de
croque mort dans Adieu Berthe). Le film n’oublie pas non plus de confronter les problèmes de l’époque, l’implication Suisse au Portugal qui s’avère être une vaste blague (des dons d’horloges et
de robinets, etc.). Les rencontres sont multiples mais donnent aussi au film un aspect beaucoup plus efficace. Mon seul regret est que la belle énergie du film retombe vers la fin tel un soufflé.
C’est dommage car durant près des 3/4 de celui-ci, il est très réussi. Les Grandes Ondes est donc une comédie décalée que personne n’attendait mais qui fait clairement office
d’OVNI dans un paysage comique français manquant cruellement d’inspiration…
Note : 7/10. En bref, une comédie vivante et décalée. Surprise de février.