Le réalisateur américain Jim Jarmusch revient dans les salles obscures avec film qui sent bon l’hémoglobine mais aussi le cool.
Il faut remercier chaudement le Sieur Jim Jarmusch. Car grâce à lui, le vampire regagne ses lettres de noblesse sur le grand écran. Certes, il est encore question d’histoire d’amour. Mais ça nous a fait bien plus rêver que la petite bullette de Stephenie Meyer. Bullette dont je ne révèlerai pas le nom dans nos sérieuses colonnes.
Donc oui, des vampires. Eve et Adam plus précisément. Follement amoureux l’un de l’autre, ils traversent les âges sans prendre un ride, mais en s’adaptant à leur époque. Elle est un rat de bibliothèque qui savoure tous les belles lettres et ce dans toutes les langues. Ce n’est qu’à la nuit tombée qu’elle quitte ses livres pour les rues de Tanger où elle réside. Quant à notre cher Adam, un romantique du XIXe qui a dédié sa vie à la musique, il a posé ses valises à Détroit. Cette ville ravagée par la crise, mais aussi un des nombreux berceaux du son américain, est un théâtre parfait pour ce musicien torturé et habité. Tous les deux assistent, impuissants, à la déchéance du monde moderne, celui des humains.
Loin des « films de vampire » conventionnels, vous ne trouverez pas de chauvesouris, ni de cercueils doublés de velours rouge. Si Adam est musicien, il préfère la guitare électrique. Et Eve ne rechigne pas à utiliser son smartphone pour contacter son cher et tendre. Autre temps, autre moeurs comme disait l’autre. Néanmoins, s’il est bien un point qui chiffonne nos deux amis, c’est celui de l’hémoglobine. Au XXIe siècle, morde le cou du premier passant n’est pas conseillé. Celui-ci pourrait être contaminé. Cette situation donne lieu à des scènes de shopping cocasses dans les couloirs des hôpitaux.
Mais n’ayez crainte, Only Lovers Left Alive reste un film diablement romantique et très esthétique. On est surpris à admirer les silhouettes massives et sombres de Détroit et cette ambiance résolument rock’n roll. On adore écouter les deux héros parler de leurs anciens compagnons de route comme Musset ou Schubert. Deux héros qui ont des allures de rock star. Elle, tout comme sa ville d’adoption est toujours vêtue de blanc. Elle incarne une certaine sérénité, la sagesse. Quant à sa moitié, cet artiste solitaire drapé de noir, il préfère se terrer dans sa sombre bâtisse plutôt que d’affronter ses semblables. Deux personnages de conte de fées on vous dit.
Mais tout vampire qu’ils sont, difficile de ne pas les voir aussi comme des incarnations des problématiques humaines. Tous les deux sont des êtres on ne peut plus sophistiqués, mais qui malgré tout, doivent se cacher des autres et cacher leur dimension animale. Ces deux allégories prennent vie, car elles sont foutrement bien incarnées par les deux acteurs principaux. Tilda Swinton excelle comme d’habitude et Tom Hiddleston que l’on avait vu dans Thor : Le Monde des ténèbres est étonnant.
Bref, une belle fresque romantique avec une sélection musicale du tonnerre qui nous fait encore et toujours aimer ces satanés buveurs de sang.
Si vous voulez plus de vampire…
Dark Shadows : Le film de Tim Burton est une adaptation d’une série du même nom diffusée de 1966 à 1971 sur ABC. Version lolilol du film de vampire, tout le monde a l’air particulièrement sympa, même cette morue d’Angélique Bouchard qui a transformé le pauvre Barnabas Collins en créature des ténèbres. On aime beaucoup cette comédie avec les Carpenters en bande sonore.
Génération Perdue : Peut-être le film qui a fait entrer les buveurs de sang dans le monde des teen movies. À Santa Clara, les vampires sont des motards et s’habillent comme les membres d’Europe. Ouais, ouais … nous aussi on trouve aussi que Dracula avait quand même un poil plus de classe. Si vous êtes insensibles aux charmes de ces éphèbes des années 1980, le film reste malgré tout une référence car il fait entrer nos amis à canines dans l’ère du cool avec Ray Ban et Aerosmith.