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Musique et Web 2.0 - Conférence au Krakatoa (1/2)

Publié le 13 mai 2008 par Mikatxu @crystalfrontier

Le 19 mars, le Krakatoa, salle bien connue des amateurs de rock bordelais, organisait une rencontre autour de la thématique "Musique et Web 2.0". Autour d'un intervenant professionnel * qui connaissait les deux parties du sujet, la recontre a été l'occasion de faire un petit tour d'horizon des (très) nombreux dispositifs de communication et d'accès à la musique qui existent aujourd'hui.

Pour s'assurer que chaque personne assistant à la réunion parte avec les mêmes connaissances, l'intervenant a rappelé certains principes ou définitions. Internet a été, presque dès sa popularisation, un outil de développement de carrière pour les groupes (grâce aux site officiels, sites des maisons de disque). Le Web 1.0 était alors la norme. Par ce jargon, on entend une communication verticale, avec création de contenu d'une part et la récupération de ce dernier par l'internaute.

Le Web 2.0 implique beaucoup plus l'internaute dans le contenu qui est offert. Il peut commenter, partager facilement le contenu, et même en créer. L'échange est facilité, et il se forme (idéalement) des communautés d'internautes autour d'un même sujet. Cette terminologie et ces fonctionnalités se retrouvent dans plusieurs outils. Présentons les par familles :

- La gestion des contenus -


- Les blogs : Pas la peine de présenter cet outil aujourd'hui couramment répandu, il a permis de simplifier la mise en ligne et la création de contenus pour tout un chacun, mais c'est aussi un lien direct pour les artistes. Il n'est pas rare en effet que certains groupes ou chanteurs (euses) tiennent à jour un blog et parlent du processus d'écriture, d'enregistrement...Enfin, certains blogueurs (encore assez rares, il est vrai) ont une notoriété suffisante pour être inclus dans les plans médias, en tant que relais et membre influent d'une communauté.
- Le micro-blogging : Dérivé des blogs, il est ici questions des outils similaires à Twitter, ce site qui permet de créer un fil d'info continu, avec des mini-messages. On rentre ainsi plus dans l'intime, mais cela peut aussi sombrer dans l'anecdotique si c'est mal maîtrisé.
- Les podcasts : Contenus audio-vidéo mis en ligne de façon simple, les podcasts ont depuis longtemps été adoptés sur le Net. Les maisons de disques les utilisent parfois, certains podcasteurs étant reconnus. Là encore, c'est la relation artistes-fans qui est modifiée, avec un intermédiaire (le podcasteur) qui effectue des choix et mélange des artistes dans un même podcast, créant des liens (forcément subjectifs) entre artistes. La SACEM fait preuve d'une certaine tolérance à l'égard de l'utilisation des morceaux dans les podcasts, mais cela pourrait éventuellement évoluer.
Ces trois outils ne sont pas forcément dédiés à l'écoute de musique (sauf le podcast), même si cela reste possible, et le travail éditorial est fondamental dans ces outils.

- Les communautaires musicaux -


Il existe aussi des services communautaires dédiés à la musique. Le plus célèbre des exemples est MySpace, qui est désormais parfaitement incontournable pour tout groupe. A la base, il y avait l'intention de faire des blogs et d'y intégrer la notion d'amis, mais une bonne partie de l'activité de MySpace est désormais consacrée à la musique, car c'est très simple à utiliser pour les groupes et pratique. D'ailleurs, le site Snocap s'est allié à MySpace pour essayer de déboucher sur une vente en ligne via le site communautaire, mais jusqu'à présent le succès est plutôt mitigé. Sur un modèle assez similaire, il y a imeem, bebo, et en France, le site cqfd.com, lancé par les Inrocks, avec des concours et une animation assez bien menée pour faire connaître les artistes. Le partenariat avec la Fnac (sur les compilations mensuelles "Indétendances") et la caution éditoriale qu'apporte une institution comme les Inrocks a permis de bien installer le site parmi les plateformes pour artistes émergents.

Un autre bon moyen pour les artistes d'exister est le système des recommandations musicales. La première forme est celle présente sur les sites marchands, avec les notes que peuvent donner les consommateurs aux disques et autres produits culturels. La seule intervention est donc du fait des internautes. LastFM a poussé le concept plus loin, mélangeant les principes du Web 2.0 avec un modèle de radio, en suscitant l'implication et l'investissement de l'internaute pour "affiner" la radio : il y a cependant un équilibre à trouver entre l'expérimentation et découverte, qui sont moteurs de ce type de site, et aussi la confortation de l'internaute dans ses choix. C'est le principe du "Si vous aimez ça, alors il se peut que vous aimiez ça", déjà présents dans les différents guides que peuvent produire les magasins. Enfin, certains sites produisent un travail éditorial pour ce qui est de la mise en avant des artistes, comme le font Deezer ou FnacMusic, avec les artistes découverte ou artistes du moment. La coloration "communautaire" de ces services n'était pas forcément évidente au départ (pour Deezer surtout) mais elle est désormais incontournable.

- Partage de vidéos, réseaux sociaux et widgets -


Les services de partage vidéo, comme Youtube ou Dailymotion sont aussi des canaux de consommation de la musique, que ce soient les clips ou les témoignages live. Ce sont des sites qui sont en train de chercher une voie de licitation du contenu qui est proposé dessus, et maintenant les recettes publicitaires commencent à intéresser les maisons de disque, même si c'est encore faible comme source de revenus. Joost propose quant à lui une alternative, plus légale, avec des "chaînes" de maison de disques : on est ici dans le domaine de la télévision interactive. Enfin, il y a les services qui n'ont pas forcément de rapport avec la musique, mais qui voient leur fonctionnalités détournées pour la musique, grâce aux widgets qui décuplent les possibilités et fonctionnalités des sites. Le plus célèbre de ces services est sûrement Facebook, qui a vampirisé une bonne partie des internautes, et dont certains widgets comme iLike sont ou ont été utilisés par des artistes (exemple : R.E.M. avec Accelerate, leur dernier album).

Bref, on voit, il y a de nombreux moyens d'écouter de la musique qui cohabitent, avec différents niveaux d'interaction et de précision. Au delà d'une confusion assez compréhensible, c'est tout notre rapport à la musique qui a été bouleversé, si bien que sont apparus des sites au concept un peu plus élaborés, et qui tentent de proposer des alternatives au modèle économique actuel.

* Aymeric Pichevin, fondateur de m.a.n. media, société de conseil en innovation économique et technologique pour la musique et l'audiovisuel.


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