Mea culpa. J’ai péché. J’ai présenté ici même il y a quelques jours un ouvrage pas très catholique. Un album pour enfants abordant la question de l’identité sexuelle. Scandaleux ! Alors pour expier ma faute je vais vous parler aujourd’hui d’un livre bien sous tous rapports. Un livre qui ne peut susciter aucune polémique. Un livre de droite, 100% UMP. De ceux que Mr Copé et les siens pourront lire à leurs chères têtes blondes le soir au coin du feu.
Dans ce livre on découvre le prince Degrangarou. Un loup à particule, un aristocrate. Un loup tout blanc, « venant d’un pays tout blanc », nous précise-t-on. Un loup aryen, quoi. Ce loup vient d’emménager dans une
coquette demeure. De l’autre coté de sa barrière, il y a une chaumière. Comme ce loup est bien élevé, et poli, il décide d’aller se présenter à ses voisins. Des voisins qui ne sont autres que trois petits cochons sales et ronchons. Des cochons en basket-casquette qui jouent à la console, boivent du soda et mangent n’importe quoi. Des cochons qui vont lui claquer la porte au nez après l’avoir insulté. Il est choqué le grand loup blanc ! Mais sa mère lui a appris les bonnes manières alors il persévère et retourne voir les garnements avec un petit cadeau. L’accueil est tout aussi glacial. Obstiné, le loup les invite à dîner. Mais une fois dans la place, les trois sales gosses vont saccager sa belle maison et se montrer menaçant. Ni une, ni deux…
Voila, voila. Un loup bourgeois, blanc comme neige, à l’attitude irréprochable. De la racaille en basket-casquette sans éducation. A la fin l’honneur est sauf. Le gentil loup bourgeois boulotte les trois vilains cochons. Et oui, l’honneur est sauf, le raffinement prend le dessus sur la chienlit. En quelque sorte, l’accomplissement d’un vieux rêve frontiste où les bonnes gens distingués boutent hors de chez eux et de façon définitive une racaille aussi incontrôlable qu’envahissante. Il est magique cet album !
Bien sûr vous allez me dire que j’interprète, que j'extrapole, que j'affabule, que je vois le mal partout. Certes. Mais nous le faisons tous il me semble. Et je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas autant le droit que d'autres de le faire. Non mais !
Rien qu’un méchant loup de Sylvie Poillevé et Virginie Sanchez. Père Castor, 2005. 32 pages. 5,50 euros. A partir de 4 ans.