La psychanalyse ne m’émeut pas particulièrement, j’ai plutôt pour elle un biais négatif, alors j’ai lu ce livre. Le titre est clair...
Pierre Debray-Ritzen
« La psychanalyse, cette imposture »
L’auteur d’abord (PDR) ? Il a créé et dirigé pendant quinze ans le service de neuro psychiatrie infantile de l’hôpital Necker des Enfants-Malades. Je l’estime en mesure de parler bien de ce sujet. Dans Wikipédia, on dit de lui...
« Dans la lignée de Claude Bernard, à qui il consacra une biographie, il s’attache à rechercher les causes physiologiques de certaines maladies psychologiques de l’enfant. C’est ainsi que, s’intéressant particulièrement à la dyslexie, il affirme : « Le facteur génétique est indéniable. » Dans ce cadre, il reproche à la psychanalyse et à des psychologues comme Bruno Bettelheim, dont il condamne le « manque de rigueur scientifique », de culpabiliser inutilement les parents d'enfants souffrant de schizophrénie ».
Politiquement, idéologiquement, même s’il se défend de n’avoir aucune idéologie, il est identifié à la droite. Cela ne me va pas du tout, mais je verrai bien à la lecture... Certain l’appelle aussi le génético-mécaniciste du Figaro. On mentionne qu’il a souvent fait des déclarations très controversées, ainsi cette fameuse apostrophe : « les français ont un QI moyen de 80 ». Il se sent au-dessus de la mêlée.
Soulignons que PDR n’est pas le seul à remettre en question « l’Empire freudien » (H.J. Eysenck). De même, Michel Onfray, un philosophe écouté aujourd’hui, et que j’apprécie mieux depuis cet entretien avec Pierre Rabhi, publié dans PM, et qui a écrit « L’Affabulation freudienne », dit de la psychanalyse qu’elle est l’une des RELIGIONS les plus importantes du 20ième siècle. Une religion qu’il démolit en trois étapes... a/ Il est une « légende », le Freud mensonger et fraudeur, qui dit avoir arrêté sa sexualité, et pourtant, qui continue de coucher avec sa belle-sœur au vu et au su de sa femme... b/ « Elle n’est pas une science », sa théorie, puisqu’il n’a cessé de piller ses idées à Nietzsche, et à bien d’autres, comme Copernic, et de plus, il ne s’en cache pas dans ses lettres à des amis, il se dit un aventurier, et un conquistador, bref, Onfray conclue à sa façon qu’il est un sorte de « d’affabulateur ». c/ à lire... dans son livre.
En exergue du livre de PDR, cette idée de Henri Poincaré : « La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme... ni à une passion... ni à une idée préconçue, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle se soumettre, ce serait cesser d’exister ».
Si j’ai souligné « faits », et cela revient souvent sous la plume de l’auteur, c’est que toute sa pensée, en recherche, s’oriente ainsi : la méthode expérimentale procède toujours par le doute et par la vérification des « faits ». C’est le seul modèle, pour lui, de la recherche objective. Je me dis : « l’Objectivité », un grand mot que celui-ci !
Première partie
Dans son livre, PDR dénonce ce système séduisant qu’est la psychanalyse qui, pour lui, appartient essentiellement à la scholastique, soit « un raisonnement logique et systématisé – voire séduisant – à partir de vérités révélées, nullement démontrées mais accréditées ». Freud aurait dit des vérités, les émules les répètent, les disent et les redisent... et elles s’accréditent avec le temps, elles font foi de science.
Après un rapide coup d’œil historique, « de la mentalité primitive, à la méthode scientifique », où il rappelle comme la magie a joué un rôle si important chez les premiers hommes, il nous amène aux propos de Claude Bernard (la méthode expérimentale est le seul modèle de la recherche objective), puis à ceux de Valéry (toute la philosophie est née d’illusions sur le savoir qui sont illusions sur le langage)... et finalement dénonce, par exemple, ce comportement d’André Malraux qui « faisait confiance aux expertises télépathiques d’une voyante égyptienne pour l’identification à distance d’une œuvre d’art »)... pour finalement conclure que la psychanalyse, qui n’a pas de règle méthodique, qui part de vérités révélées et qui procède par développements scolastiques, « réanime la pensée magique », la haussant en « intuition philosophique » grâce aux leurres du langage. Rien de moins.
Et pour clore cette diatribe – c’en est une -, PDR fait la démonstration que dans le champ de l’ignorance (ce champ de la psychanalyse), fleurissent les mythologies. Il dénonce le grand décalage entre connaissances médicales et psychiatriques : pour lui, « il demeure une certaine distance entre l’anatomique (la structure) et le physiologique (son intime fonctionnement) – et une distance plus grande encore entre le physiologique et le psychologique (c’est-à-dire notre éprouvé vital et le courant de notre conscience ; nos pensées, nos passions, nos actes... et surtout, surtout, en permanente confrontation, cette intérieure, fascinante, anxieuse, délectable et toujours insoluble présence à soi) ».
Comment passer du corps à l’esprit ? Pour l’auteur, la psychologie ne fait que balbutier et, comme l’homme est un animal « crédule », et qui supporte mal l’ignorance, toute théorie psychologique sur une maladie, qui ignorera même l’étiologie (les causes) pourra être adoptée-révélée-et-dite-dogmatiquement-crédible, on entre alors dans le mythe, dans la mystification...
Quand PDR essaie de faire un constat de la véritable connaissance des maladies mentales, il soutient que celui-ci tient « dans le creux de la main ». Il dresse alors ce tableau simplifié qui montre des affections dites lourdes, ou légères.
Puis rapidement, PDR constate que, pour les affections dites lourdes, qui compromettent sérieusement l’existence et l’insertion sociale d’un individu (les désordres se situent au niveau de la sphère instinctivo-affective ou à celui de la sphère intellectuelle), il est des causes génétiques précises, et d’autres, supposées, et, en tous les cas, la médecine-science se trouve dans l’ignorance le plus souvent quand elle tente d’établir avec précision d’où ces causes relèvent.
Quant aux troubles et affections dits légers, nous sommes, écrit-il, « en considérable ignorance ». Quoi donc détermine un type de caractère ? Une personnalité ? Un état dit névrotique ? Il voit bien le rôle de l’environnement à l’origine de troubles de conduites (l’enfant battu), Mais quelle cause assigner à la non insertion sociale des personnalités psychopathiques ? Quelle est l’étiologie de l’ensemble dit névrotique, si ensemble il y a ? Sont-ce les méfaits de l’inconscient pathogène ? Sont-ce des facteurs génétiques à débrouiller ? Ou encore de l’aliénation socioculturelle ? Quant il pose ces questions, l’auteur veut montrer toute « l’ignorance de la psychiatrie ».
Toutefois, PDR se pose cette question fondamentale : doit-on avoir pour les maladies mentales « les mêmes exigences étiologiques que celles requises pour les affections proprement médicales » ?
Bien sûr que non (pas tout à fait !) semble-t-il répondre. Le biologisme ne peut répondre de tout, mais de là à laisser à chacun le droit d’avancer « subjectivement » et « philosophiquement » toutes sortes d’explications qui tiennent tout autant à l’expérience personnelle, à la passion, au jugement, aux préjugés, à l’intelligence aussi, au sacro-saint libre arbitre... il y a un pas à ne pas franchir, ajoute-t-il. Pour PDR, la psychologie, cette science humaine « prétentieuse », a envahi le champ de la psychiatrie et la psychanalyse est devenue « un phénomène culturel ». La psychodynamique, qui envisage « les phénomènes psychiques comme résultant de conflits entre des forces mouvantes, conscientes et inconscientes », est un nouveau sésame qui ouvre la porte à toutes les aventures de la médecine douce et autres médecines psychanalysantes populaires. On ne sait plus distinguer psychiatrie et psychanalyse, écrit-il, « les notions de constitution et d’hérédité furent quasiment bannies. La notion même de différences génétiques dans le comportement humain fut considérée comme assimilables aux doctrines nazies ». Et c’est sans parler d’une énorme poussée d’environnementalisme, favorisée par les héritiers de Pavlov, et autres thèses du bon sauvage (Margaret Mead) et des crises dites de civilisation (Freud et Malraux).
Deuxième partie
Dans cette partie PDR présente les superstitions psychanalytiques ou « les sept plaies d’Égypte ». Bref, les mystifications de la psychanalyse. Je discute peu des six premières car je n’ai pas toutes les connaissances qu’il faut pour bien les comprendre, encore moins les expliquer. Mais si j’essaie de les résumer, voici ce que ça donne...
1/ « Le soi-disant déterminisme psychique émanant de la sexualité infantile ».
Il y a quelques années, au moment où j’ai eu des enfants, (il y a 40 ans) on se disait souvent, (on lisait tout cela dans des articles très sérieux tout le temps) ma femme et moi, que, chez l’enfant, tout se jouait (la personnalité, le caractère de nos enfants), avec un mélange de causes tant génétiques, de causes culturellement acquises, de causes psychologiques... entre le moment de la naissance et l’âge de six ans. D’où notre intérêt de prendre bien soin que ces années cruciales soient les mieux vécues pour nos deux enfants. Puis, je me souviens que l’on disait aussi que tout cela débutait bien avant, dans le ventre même de la mère, d’où une attention toute spéciale à ces mois de grossesse et d’enfantement ; j’allais donc accompagner ma femme à ses cours de maternité, nous étions si soucieux... Puis, par la suite nous avons aussi entendu dire que ce n’était plus dans les premiers six ans que cela se jouait, mais à la toute première année... Des histoires cocasses, j’entends dans nos discussions avec d’autres parents, survenaient à l’occasion : ainsi, un jour, je fus horrifié quand un collègue professeur à l’université me confia que son enfant, tout juste né, avait été confié à une nounou parce que, disait-il, sa femme était retourné immédiatement au travail, puisque, de toute façon, à cette première année de la vie de l’enfant, il n’était qu’un légume... ajoutant que dès l’année suivante, ou au plus tard dans deux ans, elle effectuerait un retour à la maison pour mieux s’occuper de lui.
Mais revenons à mon sujet. Que dit PDR de la sexualité infantile ? Tout simple. Il critique Freud et ses émules d’avoir, sans aucune rigueur scientifique éprouvée, imposé aux praticiens psy, aux manuels de philosophie, aux étudiants en psychologie... cette théorie des « stades de la sexualité enfantine ». Pour PDR, des images d’Épinal aussi fausses que « dogmatiques ». Par là, écrit-il, Freud a gravement assigné à la sexualité infantile un rôle extravagant dans « l’édification de la personnalité normale ou pathologique ». Les effets et les conséquences de cette idée, dans le traitement thérapeutique d’enfants, ont été très graves, et il donne des exemples.
2/ « Des vérités révélées, des images verbales... »
Pour PDR, ce système des trois instances (le ça, le moi et le surmoi) - je me souviens bien avoir étudié cela dans mes premières années d’université, j’en ai gardé un tout petit souvenir, mais... -, est théorique, et quelque peu désincarné... il y aurait comme un abus de langage, et pourtant, on retrouve tout cela encore aujourd’hui dans les pratiques psychiatriques et psychanalytiques, et même dans les dictionnaires. Pour lui, tout cela est d’une extrême simplification. Dans la suite, PDR situe bien, par rapport à l’intelligence (ou sphère intellectuelle), l’instinct, les instincts (ou plus généralement la sphère instinctivo-affective)... et le « fait » reconnu que « les contenus des deux sphères sont sans cesse interpénétrés dans notre déroulement comportemental et notre courant de conscience... dont cette fascinante, anxieuse, délectable et toujours impénétrable présence à soi ».
Dans cette partie de sa présentation, le vocable d’inconscient est pris à parti joyeusement, et, que dire, ajoute-t-il « de l’inconscient pathogène qui, en son refoulement, créerait des désordres mentaux – et pourquoi pas physiques selon l’illusion psychosomatique ! »
3/ « La soi-disant démonstration... par les rêves ».
Je ne cite ici que cet exergue placé en début de chapitre...
« J’avais appris à Louvain à mépriser l’allégorie, saoul que j’étais des exercices par lesquels on symbolise les faits, quitte à bâtir ensuite sur ces symboles comme s’ils étaient des faits ». (Marguerite Yourcenar)
4/ « La prétention nosographique ».
Ce chapitre, écrit-il, est « sans doute le plus grave de ce livre ». La psychanalyse prétend dresser une description et une classification « précise » des maladies de l’âme.
Il y aurait tellement d’interprétations infondées, voire d’erreurs patentes, en psychanalyse, que, non seulement elle trompe, mais elle « inhibe tout essai de chercher ailleurs ». C’est de l’obscurantisme, point à la ligne. Et quand il cite Lacan, il ajoute « comprenne et admette qui pourra ». À l’opposé, il cite Eliot Slater - psychiatre et généticien -, qui prie pour que l’on « prouve la cause génétique de la schizophrénie afin que l’on puisse espérer faire quelque chose pour sa prévention ».
Pour PDR, l’attitude dogmatique de l’approche freudienne « ignore qu’éventuellement le médecin se trouve en présence – chez le même sujet -, de plusieurs affections ou désordres mentaux, d’origines diverses ». Pour lui, les freudiens accrochent tous les symptômes au même clou nosographique, alors que, dans la recherche « patiente », l’on doit isoler chaque symptôme, « le considérant comme l’un des éléments d’une mosaïque souvent laborieuse – voire impossible -, à agencer ».
5/ « Le blocage affectif des jeunes êtres, ou le quarteron de malfaiteurs (Mélanie Klein, Bruno Bettelheim, René Spitz, Françoise Dolto) ».
Voici encore une démonstration dont je ne saisis pas toutes les facettes... mais peu importe. Je cite ici trois paragraphes...
a- « Pratiquement tous les désordres présentés par l’enfant, dans le domaine des insuffisances fonctionnelles comme dans celui des troubles de comportements, n’avaient – entendez bien -, qu’une seule cause... Univoque, nécessaire, suffisante et bonne à tout faire, à tout expliquer : le blocage affectif ».
b- « Allait-on dans le domaines des insuffisances parcellaires, par exemple celles du langage oral ou écrit (5 à 10 % de la population, trois garçons pour une fille... pourquoi ?) ; se risquait-on à désigner deux réalités : primo des arbres généalogiques démonstratifs, additionnés en statistiques évidentes ; secundo, la fréquence, chez une partie de ces enfants, d’agressions cérébrales minimes in utero, néo-natales... accumulait-on des faits, eh bien ! - sans le moindre document scientifique -, on ne vous répondait que blocage, blocage. L’enfant refuse de communiquer un point c’est tout ; parce que papa-maman, l’école insuffisamment pourvue... la société... (Toujours bras dessus bras dessous, Freud et Marx en curieuses goguettes)... Bien entendu si – summum de la contradiction -, on s’aventure à dire que des troubles des conduites sociales (agressivité, crises de colère, fugues) peuvent avoir pour cause une anoxie néonatale, une méningite ancienne, un traumatisme crânien, une épilepsie, voire une filiation génétique, on ne recueille que du rire ».
c- Mais ce qui est le pire pour l’auteur, c’est que l’on trompe des enfants et des parents « innocents ». Quelles âneries n’a-t-il pas entendues :
- « Vous avez confié votre bébé à votre sœur pour reprendre votre travail et vous vous étonnez qu’il ne marche pas, et qu’il soit bloqué dans son développement ». - « Vous laissiez à la bonne le soin de le langer : il se venge en refusant de parler ». - « Le gamin pisse au lit parce que vous lui cachez la sexualité de ses parents ». - « L’agitation de ce garçon est une rébellion contre votre adoption maladroite ».
6/ « L’illusion psychosomatique ».
Je me rappelle ça aussi : combien de fois n’ai-je pas entendu, quand j’étais jeune père, et depuis tout ce temps, cette expression : « il somatise, c’est simple ». On avait l’explication toute trouvée. On l’utilisait à tout bout de champ, même entre nous, ma femme et moi, et aussi à propos des enfants ou de d’autres personnes. « Il somatise, c’est simple ».
Pour PDR, la médecine psychosomatique a envahi notre époque par le prestige du verbe, sans qu’il en soit donné une définition concise. Tant de problèmes ont trouvé derrière cette étiquette « l’explication », même si, dans plusieurs cas, des spécialistes des différentes disciplines concernées se montraient plutôt réservés. Aucune preuve scientifique n’est jamais apportée par ces médecins de l’âme, « n’importe, le baptême psychosomatique suffit ».
7/ Je me suis intéressé plus particulièrement à la septième superstition : « l’utilité spécifique de la cure analytique ».
Pourquoi ? C’est simple
Préambule. J’ai deux amies à Paris qui ont été en cure pendant des années, l’une, 5 ans, l’autre, tout le temps. Cette dernière, pour peu que je me rappelle, entre les années 1977 et 1992, allait voir son psy toutes les semaines, comme d’autres vont faire leur épicerie. Je me suis toujours demandé à quoi la « cure psychanalytique » pouvait bien servir si cela n’avait pas de fin. C’est quand j’ai rencontré mon autre amie, c’était en 1980, et c’est lorsqu’elle m’a dit que la psychanalyse lui « avait sauvé la vie », que je me suis dit qu’il y avait quelque chose là. Mais quoi ? Je ne sais pas... mais je croyais que la psychanalyse devait bien avoir quelque vérité dans ses bagages. Pas plus ! Mais je ne me suis jamais préoccupé d’en savoir davantage. Je crois que des cours que j’avais suivis en psychologie industrielle m’avaient un peu allumé sur cette question, ainsi, les études menées sur la pensée, l’âme, la psyché, l’esprit, en fait sur tous ces états du corps-esprit de l’homme... m’ont toujours semblées être des sujets plus qu’essentiels pour comprendre mieux l’homo sapiens.
Exergue :
« Elle était mûre pour le grand voyage, pour la chimère. Elle ne pourrait plus jamais se résoudre à abandonner ses explications toutes faites... » (Christophe Deshoulières dans Madame Faust)
Les psychanalystes n’ont jamais légitimé leurs soi-disant résultats par la moindre statistique. C’est le credo de base de PDR : ils, ces psy, vivent sur leur renommée... sans preuve.
Pour PRD, la psychanalyse n’a aucune prise sur les toxicomanies, les perversions sexuelles, les personnalités psychopathiques, ni même l’hystérie ou encore les syndromes phobo-obsessionnels...
...en revanche, écrit-il, dans les formes mineures d’anxiété et d’angoisse, le contact interhumain est utile...
Et c’est là que ce livre a commencé à m’intéresser.
Pour PDR, les clients qui ont ces troubles mineurs, sont des inquiets, des insatisfaits, des patraques, des petits dépressifs, (je trouve toujours son vocabulaire très méprisant à l’égard de ces gens, lui, dirait sans doute ces petites gens, qui ont des affectations, dites lourdes, ou légères) qui ont déjà épuisé les ressources des consultations médicales habituelles. Pour ces gens, un bon contact humain qui mettrait à jour les faiblesses et les pouvoirs de chacun et orienterait le sujet « vers une certaine lucidité sur ses capacités de lutte et de meilleur aplomb » conférerait chez le patient qui saurait se déclarer « conscient et relativement affranchi de ses anxiétés », une certaine « aptitude à vivre ». Cela semble plutôt évident. « Self evidence », comme dirait ma femme.
C’est curieux comme je trouve que l’auteur a de la difficulté à admettre que la psychanalyse puisse avoir quelque résultat probant, en quelques endroits, en quelques matières. Mais il a l’air d’y arriver quand il dit : c’est tout simple : en agissant ainsi, en « rencontrant et parlant » avec son patient, le psy sème un peu d’équilibre et de sagesse dans l’âme du patient, le soutient dans ses désordres mineurs... un patient, faut-il le rappeler, qui est à ses yeux un « sujet pas vraiment malade ». Ainsi la psychanalyse, ça marche si le sujet est bien-portant. Mais rappelle-t-il, la relation psy-patient est alors une affaire de « suggestion » ; c’est elle qui fait naître et se dissiper les symptômes de l’hystérie, qui fait admettre les frustrations existentielles... D’où cependant, ces abus inadmissibles de la psychanalyse qui « prescrit un assujettissement, un abandon, un sacrifice trois fois par semaine sur un divan » ; tout ça n’est qu’un reliquat de la pensée magique, c’est très primitif.
La relation interhumaine qui s’établit entre le psy et le patient est un lien, un lien qui montre une force psychique impressionnante au rôle humain, un lien si fort que l’on peut parler de « fusion affective » psy-patient. Le problème pour PRD, c’est que la psychanalyse a investi toute cette question, l’a colonisée, organisée, formulée et réglementée en un monopole manifestement abusif... lorsqu’elle s’est déclarée « thérapeutique ». Oui, le problème, rappelle-t-il, c’est que la psychanalyse a oublié le « natif » de chaque être, la génétique, tant elle s’est consacrée exclusivement à la relation interhumaine, à l’action d’un être sur son semblable, une relation dont l’effet n’est pas niable, mais qui n’est pas le monopole des psy, et PRD déclare :
« La psychothérapie – sans technique particulière – est à tout le monde. Elle se doit d’être libre, dégagée, ouverte et mieux applicable à la diversité des individus, à la variété des circonstances, à l’inconnu. D’ailleurs s’apprend-elle ? pas sûr... pour aider l’autre, il faut avant tout du talent ! comme en ART ».
Voilà ! le grand mot est lâché : l’ART. Il peut permettre à PRD d’admettre une certaine relation thérapeutique qui marche si, et seulement si, celui qui la pratique, a cette manière de faire les choses selon certaine méthode, selon certains procédés – qui n’ont pas accédé à la précision scientifique -, a l’ART de le faire. Ainsi suit cette autre déclaration :
« L’ART étant œuvre d’une certaine exaltation d’éprouvé vital où entre singulièrement – en tant que thème – le désir intuitif de comprendre l’autre. Cette relation ouverte, libérée, mesurée, contrôlée, habile, les spécialistes de la vie sont surtout ceux qui savent la vivre et la narrer ».
Je trouve cette dernière déclaration étonnante quand je lis exaltation, intuitif, l’ART de le faire, et ceux qui savent. Je ne vois pas beaucoup de science dans l’exaltation, l’intuition, et par contre, beaucoup d’élitisme dans ceux qui savent, et celui qui a l’ART de le faire.
J’attendais une explication à tout cela, et je me disais que Monsieur Debray-Ritzen s’en allait sur une pente glissante. Car comment démontrer tout cela avec des « faits », et dans une approche méthodique rigoureusement scientifique ? Le livre m’intéressait de plus en plus.
C’est dans la suite du texte que PRD s’explique là-dessus. Ainsi...
« Quelle serait la pensée de l’Occident sans la mutation Montaigne, qui ouvre sur soi-même, sans la mutation Shakespeare, qui ouvre sur l’Univers ? Quel enseignement que celui de Stendhal qui vivait, aimait, écrivait dans la même foulée ! Importance du vécu ! et du circonstanciel !... qu’il rapporte non par minutieuse analyse ni tenace introspection mais par expérience naturelle, par cette psychologie à fleur de peau, cette connaissance immédiate et cette intuition juste qui naissent d’un exercice aisé de la vie à vivre. On est ce qu’on peut, disait Stendhal, mais on sent ce qu’on est ». (L’expérience naturelle contre la minutieuse analyse : c’est pas pire dit !)
« Et Proust, qui nous apprend le jeu sexuel des grands insectes humains ; nous dévoile le tracé de ces rets angoissants où nous jettent et nous rejettent les circuits de l’obsession ; nous révèle un certain fatalisme social... Il disait : je ne m’attache qu’à ce qui me semble déceler quelques lois générales. En définitive, il fait de celui qui l’a lu un autre homme pour le commerce humain – bien plus que la psychanalyse ». (Un écrit de Proust qui transforme l’homme, le guérit, plus que la psychanalyse : pas pire dit non plus ça !)
Et Dickens, le premier qui a décrit l’enfant de l’intérieur... et Pirandello qu’un contact de toute une vie avec le délire de sa femme transforma en un forcené d’humanité compréhensive... et pour qui la seule vérité est « qu’il est bien vrai que chacun a la sienne ».
Et Simenon pour qui les êtres ne s’expliquent pas... mais agissent ; leur conduite parle pour eux, ceux-là qui, lorsqu’ils tentent de se définir, bafouillent, et qui répètent que ce qu’ils ont sur le cœur – leur motivation secrète -, n’est guère communicable.
Et Flaubert qui disait : « Lisez pour vivre ». Cela veut dire pour PRD, lisez pour mieux insérer votre moi dans l’aventure humaine, pour le libérer, pour augmenter votre éprouvé vital, pour appointer l’instinct avec l’intelligence... bref, pour « modeler votre personne sur celle de l’auteur », quelle bonne discipline pour l’achèvement de l’être. Pour PRD, cela vaut la quête intérieure d’une analyse. (Pas pire dit ça non plus !)
Rimbaud l’a dit à propos de la lecture : « c’est l’occasion unique de dégager nos sens ». Tout cela en fait devrait exercer notre sympathie avec le monde, avec l’autre, avec nous-mêmes... par procuration du langage écrit.
Et pour conclure...
« Le cornet à dés de l’hérédité plus le cornet à dés de l’environnement... Tels sont les destins qu’on ne peut expliquer ; et à peine exprimer à la seule écoute des brames, des baisers, des râles, des morsures et des ruades. Voilà le réel. Tout le reste qui s’étale en commentaires est abusif et entortillé. Et si les freudiens s’en obsèdent, l’ART ne s’en satisfait pas ».
Pour PRD, il demeure que le « meilleur », avant tout, réside dans la personnalité du thérapeute, dans son aptitude à susciter confiance et confidence du malade, dans sa sensibilité, sa patience...dans son bon sens et sa perspicacité ; et ces qualités tiennent certes à la culture du thérapeute, mais surtout à sa nature foncière. De plus, pour lui, la psychothérapie a toutes les raisons d’être courte, « c’est en quelques semaines que seront recueillis les résultats les plus satisfaisants », le patient est un bien portant qui s’ignore, il a ce temps pour en prendre conscience.
Troisième partie
Dans cette partie, PRD s’intéresse à l’ART, encore une fois, au socio-culturel, et au besoin d’une Weltanschauung.
On dit que Max Jacob a, dans son « cornet à dés », jeté ensemble divers éléments qui ont ensuite été fondus dans un poème. Celui-ci a sa logique propre qui « imite les données de l’inconscient ».
Que la création artistique soit d’essence affective, qui peut le nier ? « Ce sont des afférences sensibles qui nous apportent la matière de l’ART et nous en suggèrent éventuellement la compréhension – plus exactement : le sentiment ».
Et à la source de la création, en ART, il y a en nous une charge instinctivo-affective qui nous fait agir, et qui est une forme d’exaltation de notre être, et dit PRD, une exaltation de notre « éprouvé vital », qu’il définit ainsi : « c’est à l’état brut et sans pensées parasites, sans manifestations immédiatement intellectuelles, l’afférence de nos sens ; la perception de notre corps, la vigilance, l’euphorie de l’être, le dynamisme instinctivo-affectif – tout cela qui se trouve exalté diversement par les forces de l’ambiance ».
Il existe d’autres exaltations, telles l’extase amoureuse, le sentiment de la nature, le sentiment du temps (cette tendresse du souvenir). Tout cela n’empêche pas que l’acte créateur procède aussi de l’intelligence, mais il demeure qu’une « force obsessionnelle », en nous, porte à créer, écrire, peindre... Mais l’ART n’est pas définissable en lui-même, il l’est par les émotions qu’il crée, qu’il lève en nous. Cézanne a dit : « L’ART s’enchevêtre aux racines de l’être, à la source impalpable du sentiment ».
Va pour tout ça, mais à l’origine de ces sentiments, de cette charge instinctivo-affective, qu’y a-t-il ?
Je crois bien que c’est là une des questions les plus importantes...
...mais pourquoi faut-il absolument trouver cette origine ? me dis-je. Ainsi, pour PRD, l’erreur de la psychanalyse a été d’essayer de découvrir, connaître, tant chez les névrosés créateurs, que chez les non-créateurs (exemple, des patients), « avec quels fonds d’impressions et de souvenirs personnels l’auteur (analogie avec le patient) a construit son œuvre, et par quelle voie, et par quel processus, ce fond a été introduit dans l’œuvre (analogie avec le désordre du patient) ». Ce n’est pas une petite question ! On cherche à découvrir ce que l’écrivain (analogie avec le patient) aurait dit sans le vouloir, mais, comme l’écrit PRD, cela équivaut aussi « à s’exposer à ne pas comprendre ce qu’il a dit en le voulant ». Pour lui, là, on est dans le délire freudien.
Ainsi, cet « éprouvé vital » dont on parlait plus haut, doit, dans toute œuvre authentique, passer par une sorte d’exaltation, et cela dit, aussi par une sorte de conduite intelligente qui aide à structurer la création ; et c’est tout cela qui est assez « insaisissable » dans la création non ?
Mais cela dit, si je veux poursuivre l’analogie entre le travail de la création en ART et le travail de la relation à autrui (psy-patient), je suis toujours un peu sur ma faim si je pose cette autre question : comment, si je reviens à la psychanalyse, dans la relation psy-patient, comment peut-on s’assurer que le psy a l’ART de la faire ? (Je n’ai pas trouvé de réponse)
Puis PRD montre ce que un dogme en psychanalyse peut avoir comme influence tant en ART que dans toute la société. Au début du siècle dernier, une « imagination débridée » a gagné les artistes. La faute selon PRD en est, bien sûr, au-delà de tous les événements « révolutionnaires » de l’époque qui ont joué un rôle important dans l’évolution de l’ART, oui, la faute en est à cette révélation freudienne : l’INCONSCIENT ! Et Breton est l’un des coupables, quand il découvre la psychiatrie et les thèses freudiennes. On parle alors « d’associations libres », « d’écriture automatique »... qui sont autant de projections de la personnalité profonde, bref, de l’INCONSCIENT. Ainsi, un poème devient une dictée de l’inconscient ; un rêve, une projection de l’inconscient ; un tableau, une image de l’inconscient ; un comportement, encore une projection de l’inconscient.
Bref la psychanalyse, par des biais nombreux, eut des incidences en ART bien au delà de ce que l’ART en soi aurait pu générer. Et imaginons aussi ce que cette découverte de l’INCONSCIENT a pu générer comme pratiques psychanalytiques et les effets pervers qui en ont découlé auprès des patients (je pense surtout à des thérapies pas bien maîtrisées), des patients pourtant bien portant (désordres mineurs), tous des sujets qui ne demandaient qu’à être soulagés.
L’impact socio-culturel
Le plus dommageable dans la grande épopée mondiale de la psychanalyse, dans ce qu’on peut appeler cette révolution intellectuelle, morale, terminologique, c’est l’ampleur de la « colonisation socioculturelle » qu’elle a engendrée. Dieu était mort, les religions traditionnelles en déclin, il a bien fallu que l’homme les remplace, Freud est arrivé au bon moment. PDR écrit : « Depuis que nous ne sommes plus des anges déchus mais des singes qui essaient de s’en sortir, ça ne marche plus ». Et comme il a fallu alors trouver une « cause morale universelle » qui pesait sur notre humanité, la découverte de l’INCONSCIENT est arrivé au bon moment ; il devenait la nouvelle version du péché originel : « C’est pas ma faute, c’est la faute à mon inconscient ». Bien plus, Jung, lui, a parlé d’inconscient collectif qui ferait partie de notre patrimoine génétique. « En langage moderne, il serait logé dans une séquence d’ADN portée par notre appareil chromosomique... Conception proprement délirante ! »
Oui, délirante, si on imagine que des expériences fixées par la mémoire, ainsi, l’engrammation d’archétypes, pourraient génétiquement se transmettre. On dit que, à l’heure des connaissances actuelles, toute la biologie et la science de l’hérédité réfutent une telle hypothèse.
Pourtant, tout cela fait rêver (oui, j’avoue, j’ai déjà rêvé là-dessus). Dans tout cela, l’ignorance est le premier péché ; et quand on sait aujourd’hui à quelle vitesse les infos (les bonnes, les drôles, les déroutantes, comme les fausses, les délirantes) se propagent, et pas seulement à propos de la psychanalyse, mais aussi à propos de toutes ces nouvelles religions-médecines douces, et leurs gourous, qui apparaissent, on se demande : où est-ce qu’on va ?
Arnold Toynbee a écrit : « Il est certainement vrai que l’esprit humain a horreur du vide spirituel et que, si un individu ou une société a le malheur de perdre la sublime inspiration qui l’animait, tôt ou tard il se précipitera sur la première nourriture spirituelle qu’il rencontrera ».
On a besoin de savoir où l’on va, on a besoin, comme disent les Allemands d’une Weltanschauung, c’est-à-dire une conception qui nous situe dans notre destin et nous indique une marche à suivre. Mais un système clos de pensée, comme l’est la psychanalyse - une serre de passions où il y a absence d’objectivité -, n’est pas la réponse adéquate ; la scholastique freudienne n’ayant pu forcer les écluses de la vérification scientifique, elle s’est laissée aller à des « philosophades » passionnées et assourdissantes.
La science est un système bien fait, pourquoi ne pas s’en remettre à plus de rigueur scientifique ? Le savoir peut « précisément » être contesté, mais pas avec n’importe quel argument, ni avec n’importe quelle approche.
PRD appartient, écrit-il, à cette nouvelle race d’homo sapiens, sapiens, sapiens, appelée Trisapiens, et qui n’obéit qu’à la méthode expérimentale, blindée contre toute croyance et reliquats de la pensée magique... Nulle foi en une secte, pas d’engagement idéologique... Politique encore moins.
Je me dis que sa vie doit être bien triste à ce beau produit du scientisme... mais c’est curieux quand même cet appel qu’il lance, dans les derniers chapitres de ce livre, aux artistes et aux fruits de leur inspiration. Je me demande si les artistes partage cette analyse de leur ART !
Mes conclusions personnelles.
Ce livre est un flot de paroles, on sent bien que c’est l’écrivain PRD qui écrit, le polémiste aussi, qui dit n’avoir aucune idéologie, aucune religion, ni aucune opinion politique, et non l’ex-directeur du service de neuro psychiatrie infantile de l’hôpital Necker des Enfants-Malades, le scientiste.
Mais un flot de paroles bien présentées et argumentées avec le souci de faire comprendre sa position anti-psychanalyse, et cela, malgré des agressions au niveau du langage (tant à l’endroit des praticiens que des patients, cette foule de Français qui n’auraient qu’un QI de 80) qui sont déplorables. Je sais, il veut taper plus d’une fois sur le clou... mais cela ne le rend pas plus crédible.
Quant au fond de sa diatribe, c’en est une, l’ai-je déjà dit, le texte m’a quand même plus qu’intéressé, notamment le chapitre sur la cure psychanalytique, et celui sur l’ART. Et finalement, c’est ce dernier chapitre qui me reste en mémoire et qui est, selon moi, le plus intéressant. J’en conviens, je m’intéresse plus à l’ART qu’à la médecine.
J’accepte d’emblée que la pensée ne doit jamais se soumettre à quelle qu’idéologie que ce soit ; mais le propos de PDR est très « idéologiquement conservateur »; tout passe par la science, entendons la science connue, par l’expérimentation, par les « faits » et non par la logorrhée démentielle de quelque théorie freudienne, ou para médicale marginale.
Évidemment, quand il dit que chacun peut être le thérapeute de chacun, cette opinion me sourit car je le crois, en autant que certaines qualités (énumérées par PRD, dont l’ART de le faire), du thérapeute en question, soient avérées.
A/ Pourtant, chacun n’est pas Stendhal. Je reprends, à titre d’exemple, un paragraphe déjà cité :
Quel enseignement que celui de Stendhal qui vivait, aimait, écrivait dans la même foulée ! Importance du vécu ! et du circonstanciel !... qu’il rapporte non par minutieuse analyse ni tenace introspection mais par expérience naturelle, par cette psychologie à fleur de peau, cette connaissance immédiate et cette intuition juste qui naissent d’un exercice aisé de la vie à vivre. On est ce qu’on peut, disait Stendhal, mais on sent ce qu’on est ».
B/ Et chacun n’est pas Proust, qui peut, pour celui qui a lu ses livres, en faire « un autre homme pour le commerce humain – bien plus qu’une psychanalyse ».
C/ Et personne non plus n’est Flaubert dont la lecture des textes (« lisez pour vivre », disait-il) « vaut la quête intérieure d’une analyse ».
Après ce A/, ce B/ et ce C/, je me dis que PRD en avait fumé du bon ; ces affirmations viennent du cœur, donc d’un sentiment, sinon du sentimentalisme de l’auteur, et ne respectent en rien, dans leur démonstration, les règles de l’expérimentation scientifique.
Autrement, je me dis : « L’expérience naturelle, cette psychologie à fleur de peau », dont il parle, j’aime bien tout ça, c’est « inspirant », c’est sympathique, c’est « séduisant » (je m’y laisse prendre) ; mais c’est enjôlant, oui, voilà, c’est trompeur... j’ai cette impression que PRD tombe dans le même panneau que ces gens au langage boursoufflé, au langage emberlificoteur, au langage autoritaire, dogmatique et répressif: oui, je pense à tous ces psy qui en usent et qu’il abhorre, je pense à toute cette logorrhée psychanalytique qu’il dénonce. Et ce Pirandello qui déclare que la seule vérité est « qu’il est bien vrai que chacun a la sienne ».
Tout ce chapitre sur l’ART est, pour moi, un chapitre « inspirant », au plan de compréhension de l’esprit humain : cet exaltation de l’être, cet exaltation de notre éprouvé vital, cette affectivité, moteur de la création en ART...
Mais tout cela est aussi une partie de la démonstration de PRD qui est pour le moins la plus ambiguë par rapport à la scientificité exigée qu’il demande à la psychanalyse.
Je retiens : le facteur génétique est indéniable, mais qui et/ou quoi détermine le caractère, la personnalité ? Quelle est la place de l’acquis, de la culture ? Quelle est la place laissée, ou que doit prendre, « l’environnementalisme » ? Quelle place donner aussi à toutes ces théories qui ont comme source impalpable, le « sentiment » ?
La pensée ne doit jamais se soumettre... pas à ce livre, en tous les cas. J’ai encore des questions, et quand je cherche des réponses, je comprends chaque jour que je m’enfonce toujours un peu plus dans les en dessous des « faits », si je crois y trouver une meilleure « compréhension » des « agirs » de l’être humain. Comment passer du physiologique au psychologique demeure encore une question essentielle. Je ne cherche pas à tout expliquer, je demande de comprendre un peu plus.
Et je rappelle cette question de départ qui animait PDR :
« Doit-on avoir en recherche sur les maladies mentales « les mêmes exigences étiologiques qui sont requises pour les affections proprement médicales » ?
Tout ça m’a bien amusé ! Et je repense toujours à cette intérieure, fascinante, anxieuse, délectable et toujours insoluble présence à soi.