L'analyse du marché mobile kenyan vient de nouveau confirmer l'importance des opportunités offertes par le marché africain dans le secteur du mobile-money.
S'il n'est pas le premier en termes de volume en comparaison avec les grands pays développés, le marché africain a vu une pénétration mobile extrêmement forte et rapide, souvent utilisé comme dérivatif aux appareils plus coûteux comme les ordinateurs. L'industrie mobile, incluant aussi bien le paiement mobile que la santé ou le visionnage de vidéos, représente aujourd'hui plus de 3,5 % du PIB du continent à hauteur de 60 milliards de dollars. Mais ce sont surtout les années à venir qui pourraient s'avérer réellement profitables, le cabinet KPMG tablant sur une augmentation de ce chiffre jusqu'à 245 milliards à l'orée 2020. Fort de cette constatation, le cabinet propose ainsi la première des 3 études de cas nationales, concentrée sur celle-ci pour le Kenya, afin de mettre en lumière la réalité des facteurs de succès du mobile. Il apparaît ainsi que, loin devant les autres marchés, c'est le paiement mobile qui conduit la croissance du mobile et devrait continuer d'être le point d'ancrage majoritaire des sociétés, et ce malgré un manque structurel au niveau des opérateurs et une culture de la consommation mobile qui peine à s'imposer.
M-money
Les analystes de KPMG se sont ainsi attachés, en coopération avec le MEF Africa, à distinguer l'importance mutuelle des diverses sources de revenus issues du mobile. Or, si le visionnage vidéo ne représente que 8% des revenus, et la publicité mobile 16% seulement, c'est le secteur des transactions financières mobile qui tient largement le haut du pavé, représentant à lui seul plus de 53% des revenus générés par le mobile. Le commerce mobile, cependant, reste encore en retrait à quelques 30% du total. Cette structure se retrouve en partie dans les opportunités offertes par le mobile pour la croissance du marché. Ainsi, le secteur des transactions financières, pour 87% des professionnels interrogés, représente le premier secteur à approfondir, suivi par la publicité mobile à 67%. Il est aussi intéressant de noter que ce sont avant tout les applications mobiles qui mènent l'industrie selon les professionnels, loin devant les opportunités techniques comme la convergence entre les systèmes opérateurs des différents appareils dont seuls 26% des professionnels reconnaissent le potentiel de croissance. Plus largement encore que la quantification des opportunités économiques, c'est l'optimisme qui apparaît régner au sein des industriels kenyans. 70% des interrogés avancent ainsi être optimistes ou très optimistes devant la croissance du marché du mobile.
M-éducation
Ces réussites ne vont cependant pas sans de réels obstacles à la pénétration. Les prix offerts par les opérateurs apparaissent ainsi, pour 72% des professionnels interrogés, comme un des principaux problèmes posés à la croissance du marché. De même, les capacités structurelles du réseau apparaissent encore insuffisantes devant l'utilisation intensive observée, notamment dans la couverture encore imparfaite du territoire, selon 57% des interrogés. Couverture qui se révèle particulièrement cruciale dans la capacité des industriels à toucher la communauté rurale, encore importante en moyenne dans les États africains. Enfin, pour une majorité de professionnels, c'est encore le manque de compréhension, mais plus encore le manque de confiance dans les appareils mobiles de la part des consommateurs qui pourrait largement handicaper la croissance économique.