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Une polémique vient récemment de voir le jour, avec le projet du Président Sarkozy de faire inscrire l'histoire de l'esclavage dans les programme scolaires dès la rentrée 2009. Parallèlement, une discussion connexe est née, au sujet du racisme. Car bien qu'il n'y ait qu'un rapport indirect entre les deux, l'évocation de l'esclavage historique, et notamment du commerce triangulaire, provoque chez les descendants des anciens esclaves, et notamment dans les anciennes colonies françaises d'Outre Mer, la résurgence du sentiment d'être victime de racisme, aujourd'hui encore.
N'ayant jamais voyagé, ni a fortiori vécu, dans ces territoires lointains, je ne sais pas si ce sentiment est justifié ou non. En tout état de cause, mon propos d'aujourd'hui est plus d'évoquer le racisme en général que cet aspect en particulier. Car le racisme anti-Noirs, celui qui vient immédiatement à l'esprit dès qu'on prononce le mot, n'est qu'un aspect du problème.
Qu'est-ce que le racisme?
Le racisme est une théorie selon laquelle il existerait des races humaines qui présenteraient des différences biologiques justifiant des rapports de domination entre elles et des comportements de rejet ou d'agression. Ce peut être aussi le fait de croire en la supériorité d'un groupe humain. Défini comme une race, ce groupe serait supérieur à tous les autres. Le racisme est la haine d'un de ces groupes humains. Dans le langage courant, le terme "racisme" se rapporte également à la xénophobie, c'est à dire au rejet des étrangers.
D'où vient le racisme?
De tous temps, le racisme a existé. Les Egyptiens s'opposaient à ceux qui ne parlaient pas leur langue. Les Romains se considéraient supérieurs à leurs voisins, dont ils voulaient conquérir les territoires. A la même époque, les Chinois se sont interrogés sur le degré d'intelligence des navigateurs qui leur rendaient visite, et commencèrent à comparer les peuples entre eux. Au XVIème siècles, les Espagnols, puis les Portugais, puis nous, les Français, suivis de près par les Anglais et les Hollandais, avons inventé le racisme colonial, considérant les "indigènes" de nos colonies lointaines comme des peuplades inférieures, et les assimilant presque à des animaux, sous prétexte qu'ils vivaient nus, qu'ils peignaient leurs corps, ou qu'ils ne parlaient pas la même langue que nous...
C'est à ce moment également qu'est apparu le "commerce triangulaire" destiné à "approvisionner" les colonies américaines en esclaves "échangés" en Afrique contre des marchandises venues d'Europe. Il faut savoir que tous les Noirs du monde entier ont leur origine en Afrique subsaharienne, et que c'est essentiellement la pratique de l'esclavage qui a fait qu'on en retrouve aujourd'hui un peu partout sur la planète. Il est bien évident que le statut d'esclave de ces populations "déplacées" n'a pu qu'alimenter le sentiment de racisme à leur encontre, puisque par définition ils étaient socialement inférieurs. De là à considérer qu'il l'étaient également d'un point de vue ethnique, il n'y avait qu'un pas, franchi allègrement par tout le monde occidental à l'époque.
Malgré l'abolition de l'esclavage, au milieu du 19ème siècle, le sentiment de racisme anti-Noirs a longtemps perduré, sur le continent américain notamment mais pas seulement. Bien que devenus illégaux, les comportements racistes sont encore d'actualité, y compris en France et en Europe. Et pas seulement en rapport avec la couleur de la peau. L'épisode du régime nazi en Allemagne et dans plusieurs pays d''Europe occidentale entre 1933 et 1945 a laissé des traces profondes. Ce régime profondément raciste qui a persécuté notamment les Juifs, avec plusieurs millions de victimes, s'est appuyé sur une vague antisémite qui n'a pas disparu avec la fin de la guerre, mais qui existe encore aujourd'hui.
Parallèlement à ces formes de racisme au sens étymologique du terme, d'autres formes de rejet de "l'autre", de "celui qui est différent", de "l'étranger", sont encore parfaitement d'actualité. Ce comportement se nomme la xénophobie, et se perpétue dans chaque pays à l'encontre des ressortissants des autres nations, voire à l'encontre des habitants de certaines provinces. C'est encore souvent le cas en France à l'égad des Bretons, des Basques, ou encore des Corses, sans que cette liste soit limitative.
Mais ce n'est pas tout : le rejet de l'autre peut se fonder aussi en fonction des pratiques sexuelles, des croyances religieuses, voire de tout autre critère de différenciation objective ou subjective.
Que penser du racisme?
Le racisme, qui ne s'appuie sur aucune réalité scientifique, est une perversion de la pensée, souvent en relation avec une appréhension (peur de l'inconnu) ou un risque (comportement atypique de certains, chômage...).
Les comportements racistes, et par exemple les discriminations, sont interdits par la loi, c'est bien le moins, sévèrement punis au plan pénal, mais au-delà des textes, il convient de les condamner avec énergie tant sur le plan philosophique que dans la vie de tous les jours. Ils sont une gangrène de la vie sociale, et le déshonneur de l'individu qui s'y adonne. L'égalité de droit entre tous les hommes est un principe immuable qu'il convient de défendre bec et ongles. C'est un des aspects de ce qui différencie l'être humain de l'animal. Le raciste est donc, pourrait-on dire, "un animal parmi les hommes". Au plan moral, j'entends.
Et ces comportements passent malheureusement souvent pour anodins. Il convient donc d'être particulièrement vigilant. Le plus petit signe de discrimination est un "doigt dans l'engrenage", et s'en accommoder, le banaliser, conduit inexorablement à excuser ensuite à court ou moyen terme des comportements beaucoup plus graves. C'est un phénomène insidieux et sournois.
Les dérives actuelles de l'antiracisme
Etre antiraciste, ça consiste à lutter contre le racisme, et ne faire aucune différence de droits entre deux individus, sur quelque critère que ce soit : couleur de peau, religion, habitudes sexuelles, nationalité ou tout autre.
Aucune différence, ni dans un sens ni dans l'autre ! La notion de "discrimination positive", très à la mode actuellement, et qui consisterait, si elle était appliquée, à favoriser telle ou telle catégorie de personnes, membres de telle ou telle minorité, est donc en elle-même une (nouvelle) forme de racisme. Favoriser un groupe minoritaire quel qu'il soit, c'est le discriminer. Le racisme aura disparu quand on ne se posera plus la question de savoir à quel groupe particulier appartient tel ou tel. Mais je sais bien que c'est encore une utopie !...
Il en va de même de cette notion de "parité" qui est apparue il y a quelques temps, et par exemple de la parité hommes/femmes dans les partis politiques, sur les listes électorales, à l'antenne à la télévision, aux postes de direction des entreprises, etc.. etc.. Quelle est cette galéjade ? Quelle est cette idée idiote en fonction de laquelle on devrait systématiquement avoir moitié hommes et moitié femmes dans tel ou tel groupe socio-politique, professionnel ou autre ? Pour donner aux femmes les mêmes droits qu'aux hommes ? D'accord sur le principe, mais je veux également les droits des hommes identiques à ceux des femmes. Et ça signifie qu'un homme ne doit pas se voir refuser tel poste au motif qu'il y a déjà 50 % de "mâles" dans le groupe, et qu'il faut maintenant y admettre autant de femmes. Car dès lors, vous discriminez les hommes, chers amis donneurs de leçons ! Ce n'est certes pas la faute des hommes s'il y a moins de candidates que de candidats aux postes de responsabilité, que ce soit dans l'entreprise ou dans le monde politique. Et définir tout autre critère de choix que la qualité intrinsèque de l'individu en fonction du poste proposé est non seulement une hérésie, mais un acte discriminatoire !...
Une autre notion, qui sort quelque peu du champ de cet article, mais pas vraiment : la parité salariale, à poste égal, entre hommes et femmes. L'adage souvent entendu "A travail égal, salaire égal", est, ou devrait être en tous cas, une lapalissade ! Mais je dis bien "à travail égal" et pas "à poste égal". Nuance importante ! Je sais par expérience la différence que peut représenter, à certains postes stratégiques, le fait d'y placer un homme ou d'y placer une femme. Un simple exemple : quand le petit a la fièvre, il est extrêmement rare que ce soit le papa qui reste au domicile pour le garder. Et ce n'est pas tout : d'autres phénomènes biologiques liées à la condition féminine, ce n'est évidemment pas leur faute, entravent de manière considérable, même s'il est politiquement incorrect de le dire, le taux de présence des femmes au travail. Ce n'est pas de l'idéologie, c'est une constatation objective, et l'absentéisme, à poste égal, est en moyenne supérieur de 15 à 20 % chez les femmes par rapport aux hommes. Alors, non, à poste égal, le travail n'est pas égal, et, oui, il est tout à fait normal que le salaire ne le soit pas non plus !..
Conclusion
Pour résumer tout cela en quelques mots :
- le racisme est une tare de la pensée humaine et une gangrène de la société
- les discriminations, qui sont l'une des conséquences les plus courantes du "racisme ordinaire", doivent être combattues non seulement par la loi, mais dans le comportement de chacun au jour le jour
- mais combattre les discriminations, ce n'est pas les remplacer par d'autres à contresens. L'absence de discrimination, c'est l'égalité absolue de droits entre tous les individus. Et l'égalité de droits, ce n'est pas l'égalité de fait : les aptitudes et les possibilités de chacun doivent être prises en compte, en ce qu'elles sont négatives comme en ce qu'elles sont positives, quels que soient l'individu et ses spécificités.
La société ne sera plus raciste quand on ne se posera plus la question de la race. Idem pour les autres critères de discriminations actuels. Malheureusement, il reste un long chemin à parcourir avant d'y parvenir....