Titre : Bidouille et Violette, T1, les Premiers MotsAuteur : HislaireEditeur : DupuisAnnée : 1981
Graphiquement, la patte d'Hislaire est moins réaliste que celle qu'il adoptera pour ses séries suivantes mais on retrouve des morphologies de personnages qui resteront. Ils sont très stylisés et le réalisme est apporté par les décors, soignés, de cette grande ville de province. Mais grâce aux couleurs et à un jeu de mise en avant de certains éléments de décors selon les moments et les émotions qui hantent bidouille, la ville exprime magiquement les émotions du personnage. Hislaire a su donner corps et chair à ses personnages, il leur a créé un relief, autant physique que psychologique.En relisant, j'ai noté aussi le look des gens bien ancrés dans une époque. Bidouille et Violette portent leur jeans pattes d'éléphant, Max ses jeans retroussés et son cuir, c'est tout un passé qui se redessine sous nos yeux. Le cadre reste classique, les pages comportent principalement quatre bandes de une à cinq cases. C'est pour les moments forts que l'auteur se permet de prendre quelques libertés, quand Bidouille souffre d'avoir perdu violette, partie en vacances ou quand il parvient à confesser son amour ou encore quand Violette se livre à son journal intime, ainsi que d'autres instants que je me garderais bien de lister. Un dessin tendre qui aime les personnages et qui se met au service de cette histoire d'amour. Au final, Hislaire - c'était l'époque où il n'avait pas encore opté pour Yslaire, car l'auteur de Bidouille et Violette est bel et bien le créateur de Sambre – a réussi une chronique douce qui a le pouvoir de vous emmener dans cette histoire d'amour pas si simple qu'elle en a l'air. La série compte quatre tomes, et les événements vont aller en se compliquant et en se dramatisant. Tout ceux, comme moi, qui découvraient cette BD au fur et à mesure des années quatre-vingt, ont frémi en refermant le quatrième tome et ont prié pour que la suite arrive le plus vite possible.Nul ne pourra oublier la fin tragique de « La Ville de tous les jours », ce tome quatre !Malheureusement, Hislaire entama sa mue en Yslaire et ne finit jamais ce cycle. Aujourd'hui, Bidouille et Violette reste une histoire magnifique, mélancolique, onirique, dramatique, mais inachevée...Le premier amour de Bidouille et Violette restera également ma première fracture, me laissant toujours ce goût amer que nous offrent toutes les histoires jamais menées à terme. Oui, j'ai adoré Bidouille et Violette. J'ai grandi avec leur amour et j'ai rêvé qu'ils trouvent un bonheur mérité. Oui, aujourd'hui, je regrette toujours de ne pas savoir la fin de l'histoire et oui, j'ai reproché plus que fortement en mon for intérieur à Hislaire/Yslaire d'avoir abandonné Bidouille sur le bord de la route en nous laissant entendre qu'il y aurait une suite... qui n'est jamais venue. En effet, le Tome 4, datant de 1986, porte la mention « A paraître : Mordre au Travers ». Un tome 5 qui n'est jamais arrivé... Et si le tome 4 représente vraiment la fin, pourquoi l'appât de ce virtuel prochain tome ?J'aurais préféré une fin, triste ou joyeuse, tragique ou heureuse, à cette non-fin, à ce moment suspendu, à cette symphonie tronquée. Mais le destin est ainsi fait. Sachez néanmoins que Bidouille et Violette n'est pas une BD oubliée et introuvable, puisqu'une intégrale augmentée est parue pas plus tard qu'en 2013 ! Si la personne qui s'est lovée dans votre coeur aime la BD, voilà un très beau cadeau à lui faire. Par contre, cette nouvelle édition comporte-t-elle les réponses aux dernières questions ? Je ne sais. Mais ce que je sais, c'est qu'il faut que vous lisiez Bidouille et Violette, que vous frissonniez à leurs côtés, et surtout que vous aimiez comme eux.
Trente-trois ans après "Les Premiers Mots", Zéda pris à parti par Bidouille et Violette le temps d'un strip.
David