Cette critique va être quelque peu différente de celles que j'ai l'habitude d'écrire. Différente, parce que si je mets toujours un peu de moi dans mes critiques, celle-ci en contiendra une plus grande part encore. J'ai eu la chance d'assister à la représentation de Du visible à l'invisible, une soirée autour de Jean Cocteau présentée au musée des lettres et des manuscrits. Le comédien qui donnait ce spectacle est un homme du nom d'Édouard Exerjean, un homme qui m'a beaucoup marquée, un Maître pour moi. Cet article est donc également un hommage à ce grand Monsieur, qui aime tant l'art, et qui sait si bien le partager.
Lorsqu'il entre, c'est déterminé, c'est déjà possédé par ce texte qu'il va nous dire d'ici quelques instants. Mais nous dire, vraiment ? Non, le vivre devant nous serait plus exact. Il s'empare des textes les uns après les autres avec une facilité et une aisance qu'on lui connaît mais qui nous frappe toujours autant. Il nous en fait découvrir certains, c'est avec plaisir qu'on en retrouve d'autres. Dans la salle, le souffle est retenu durant une tirade. A la fin d'un texte, on sent tout le monde reprendre son souffle pour le suivant, pour goûter à un nouveau plaisir.
Et Édouard Exerjean a plus d'une corde à son arc. Il quitte parfois la scène pour se mettre au piano, cet instrument à qui il est pour moi associé à vie. Je sais que le piano est pour lui un ami, et de même que sur scène, il nous transmet son plaisir qu'il a de jouer sans aucune difficulté. C'est un véritable délice que de l'écouter, même sur des morceaux plus modernes qui ne sont pourtant pas forcément ma tasse de thé.
A ce conteur, comédien, interprète, rêveur, pianiste, et artiste, à cet homme que j'admire depuis plus de 10 ans déjà, à ce Maître incontestable, je dis à nouveau merci. Et à ceux qui ne le connaîtraient pas encore, je vous invite à découvrir ce génie de la parole, ce musicien de talent, ce cher Édouard Exerjean.