La Belle Amour humaine, de Lyonel Trouillot

Qu’est-ce qu’il est bavard, ce chauffeur qui sert de guide à Anaïse, venue d’une ville d’un autre pays pour voir le village, l’Anse-à-Fôleur, où son père a vécu bien avant sa naissance ! Il l’endort parfois de son bavardage où toute l’histoire de ce village passe, où des figures se croisent, où une organisation très différente de la vie des villes apparaît. Comme toujours, chez Lyonel Trouillot, le récit sert à montrer Haïti sous tous ses aspects. Pas que le versant pour touristes, pas que le côté peu sûr, pas que l’idéalisation d’un monde. Il y a vie et mort, violentes parfois. Il y a la quête de la Belle Amour humaine. Il faut sans doute tout ce bavardage du guide pour que les paroles d’Anaïse  touchent le lecteur, à la fin. Et qu’il admette qu’elle n’est pas seulement la fille de cet homme, mais aussi d’une histoire plus complexe et à la fois plus simple d’un ailleurs, d’un avant, de mystères non élucidés, qui se révèlent dans un tableau réalisé à plusieurs mains.