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"Face au mur, tout va mieux" de Martin Crimp au Moulin-Neuf, Aigle

Publié le 15 février 2014 par Francisrichard @francisrichard

Face au mur CRIMPDamien Gauthier est un metteur en scène qui ne recule pas devant les difficultés. Il met en scène des auteurs de théâtre contemporains nés dans les années 1950, qui sont de très bons crus, comme chacun sait...

Après avoir monté, il y a un peu plus d'un an, Et jamais nous ne serons séparés de Jon Fosse, qui était joué au Pulloff Théâtres de Lausanne, il vient de monter un trityque de Martin Crimp au Théâtre du Moulin-Neuf à Aigle.

En effet, le titre double adopté, Face au mur, tout va mieux, résume bien les deux premières pièces mais en cache une troisième, courte comme les deux autres, puisque l'ensemble ne dure qu'un peu plus d'une heure.

Quand le spectateur arrive, il se demande sur quel chantier il a débarqué. En effet les quatre comédiens du triptyque (Sarah Anthony, Catherine Delmar, Sébastien Gautier et Virginie Kaiser) s'en prennent à de malheureuses piles de journaux: ils les entassent, ils les déplacent, ils les dispersent, ils jouent avec au chamboule-tout...

Ce jeu de construction et de déconstruction est à l'image des trois textes.

Dans les deux premiers textes, il s'agit de faits divers, tels qu'on l'entend d'ordinaire, où narration et interprétation de personnages se mêlent à des interventions en direct des médias. Dans le troisième, il s'agit peut-être tout de même d'un fait divers puisqu'il s'agit du ... mariage, et conséquences, d'une très jeune femme shootée par un paparazzi.

Dans le premier un homme apparemment sans problèmes surgit dans une école, abat tour à tour la réceptionniste, un maître d'école, puis plusieurs enfants, un par un, en leur logeant une balle en pleine tête.

Dans le deuxième un enfant sur fond d'émeute et de voitures brûlées tente de gravir un escalier et d'attraper la clé à utiliser en cas d'urgence.

Dans le troisième texte une jeune femme se demande si elle ne commet pas une erreur en se mariant aussi jeune. Onze ans plus tard, est-elle vraiment convaincue d'avoir obtenu de la vie les choses qui valent la peine d'être vécues?

Dans les trois textes, illustrés de digressions nécessaires, le propos directeur se construit de phrases en phrases, reprises comme des antiennes, et augmentées à chaque sentence, jusqu'à l'explosion à laquelle mène inéluctablement la tension qu'elles véhiculent.

Chacun de ces textes met en valeur une des trois interprètes féminines. Dans l'ordre: Sarah Anthony, Virginie Kaiser et Catherine Delmar. L'interprète masculin est toujours là, en support, comme pour maintenir toujours un lien avec elles.

Sans doute les propos sont-ils graves, mais ils sont mis en perspective avec beaucoup d'humour grinçant, c'est-à-dire en faisant des rapprochements antagonistes improbables qui relativisent tout d'un coup les choses et les font regarder avec distance. On rit donc, et il ne faut pas se gêner de le faire...

Le tout donne le sentiment d'une machine bien huilée, dès la première, ce qui est de très bon augure pour la suite...

Francis Richard

Prochaines représentations:

Théâtre du Moulin-Neuf, Avenue du Chamossaire 12, 1860, Aigle, tél.: 024 466 54 46

Samedi 15 février 2014 à 20h

Dimanche 16 février 2014 à 18h

Maison de Quartier de la Jonction

Avenue Sainte-Clotilde 18bis, CP 204, 1211 Genève 8, tél.: 022 545 20 20

Mercredi 2 avril 2014 à 20h

Jeudi 3 avril 2014 à 20h

Vendredi 4 avril 2014 à 20h

Samedi 5 avril 2014 à 20h


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