Les données du précédent article sur les ventes amazon.com me paraissent fiables, sinon je ne les aurais pas publiées sur ce blog. Bien sûr, une marge d'incertitude existe. Mais depuis, Hugh Howey et authorearnings.com viennent de sortir un nouveau rapport qui est beaucoup plus sujet à caution, un rapport entre les ventes numériques et physiques. L'information y est en effet bien trop incomplète pour tirer les conclusions que tire le rapport.
Retenez bien ceci si vous souhaitez vous autoéditer: il est vital de garder un esprit critique sur toutes les sources d'info, même si on a l'esprit militant - ce qui est bien naturel dans un contexte d'exploitation forcené des auteurs. Pour cela, il faut lire les commentaires sur les blogs, ce qui, je sais, peut s'avérer long et laborieux. Parce que ce sont les professionnels qui discutent des chiffres. Et entre eux, les professionnels de différents horizons détiennent une bonne part de la vérité.
Ainsi, le nouveau rapport d'authorearnings.com, qui compare le top 100 d'Amazon.com (aux Etats-Unis) en digital au top 100 Bookscan en livres imprimés ne prend-il en compte que les ventes au format imprimé relevées par Bookscan.
Or, Bookscan, un organisme chargé de relever les ventes aux Etats-Unis, ne capture que 30 à 50% du marché des ventes de livres imprimés. Pourquoi? Parce qu'avec le système des retours, il est beaucoup plus compliqué de calculer les ventes de livres papier en provenance de libraires que de le faire sur Amazon.
Alors oui, les dernières données d'Hugh Howey sont tendancieuses en faveur des autoédités. Sa tentative et celle de son programmeur pour éclaircir les ventes, aussi valeureuse soit-elle, se heurte à la réalité.
Attention: sachez aussi que les chiffres que vont vous servir les gros éditeurs en cas de négociation seront tendancieux en leur faveur. De même, les rapports comme le récent rapport de Digital Book World. Lorsqu'il s'agit de chiffres et de stats, l'information se transforme très vite en désinformation, de nos jours. C'est exactement comme en politique. On connait les ficelles.
Le problème avec le système des retours de libraire, c'est qu'il noie le poisson en rendant très difficile de savoir à quoi s'en tenir.
Mais à qui profite ce côté obscur des chiffres de vente? Qui, grâce à toutes ces incertitudes, a la possibilité de garder un maximum d'informations tout en ne dévoilant qu'un résultat partiel à ses auteurs?
Les gros éditeurs, bien sûr. Parce que plus l'information est cachée et invérifiable, plus l'auteur va dépendre à 100% de la parole de son éditeur.
En France, selon les dernières études, les ventes d'ebook représenteraient 4% du marché. Là encore, ce sont des chiffres officiels globaux qui ne reflètent pas toujours les données livrées par certains éditeurs (Edilivre a par exemple dévoilé que 10% de ses ventes se faisaient sous format ebook). Notons que c'est déjà un progrès par rapport aux années précédentes.
Pourquoi croyez-vous que je pousse à fond pour une politique de la France bien plus favorable à l'ebook? Parce que les ventes en ebooks sont bien plus mesurables pour les auteurs. Les choses deviennent plus transparentes, parce que j'ai par exemple moyen de tester à tout moment, en achetant un ebook, si une vente se traduit bien par une montée en classement sur Amazon.fr. Les autres sites comme Kobo, Apple ou Google Play feraient d'ailleurs bien de s'inspirer de ce système s'ils entendent gagner en transparence.
Bref, gardons les yeux bien ouverts, et lisons les commentaires des blogs.