Close to the Glass marque enfin le retour aux affaires de nos précieux amis teutons de The Notwist. Et on peut révéler ici qu’avant même la moindre écoute, on applaudissait déjà des deux mains, après six longues années d’impatience depuisThe Devil, You + Me. Le quatuor prend certes son temps, mais toujours à bon escient : six ans, c’est ce qui leur avait déjà fallu pour donner une suite au merveilleux Neon Golden, chef-d’œuvre intemporel dont beaucoup ne se se seraient jamais remis, le génie mélodique et la gloire faisant place, à l’heure d’écrire le prochain acte, à l’angoisse de la page blanche et au ratatinement artistique. Les Allemands, eux, avaient relevé le défi avec brio, refusant de choisir entre rupture et continuité mais optant résolument, comme à leur habitude, pour le mouvement. Close to the Glass relève du même état d’esprit et constitue un nouveau sommet dans une discographie déjà riche de nombreuses cimes parnassiennes. Passé maître dans l’art d’une pop déviante à la croisée des chemins électronique et organique, le groupe promène à nouveau sa douce neurasthénie dans des territoires tantôt arides, tantôt luxuriants, peuplés de guitares rageuses ou doucereuses, de rythmiques chirurgicales, et éclairés par le chant crève-cœur et toujours aussi captivant de Markus Acher. Il est impressionnant de constater à quel point The Notwist est capable de trouver un point d’équilibre parfait entre expérimentation et classicisme, extraversion et sobriété de chaque instant. En découlent ici 12 titres au fil desquels on retrouvera toutes ces qualités, qu’elles résident dans une électronique tempétueuse aux beats malades – l’introductiveSignals, Close to the Glass - ou dans une laptop pop plus immédiate, au raffinement constant, comme en atteste le tube en puissance Kong - meilleur single du groupe depuis Pilot - ou les spleenétiques ballades Casino et Steppin’ in et leurs cordes délicates. Pas à une audace prêt, le groupe se permet même le temps d’une 7-Hour-Drive une convaincante embardée shoegaze qui ferait presque passer The Pains of Being Pure at Heart pour des charlatans, et de donner une leçon d’hypnotisme à Geoff Barrow sur l’obsédante Into Another Tune et son inquiétante boucle de clavier.
Véritables eugénistes pop modernes, les Notwist prouvent une fois encore avec Close to the Glass leur talent unique pour l’hybridation sonore, se jouant des codes et des genres avec une facilité déconcertante, créant des potentialités inédites et se faisant les architectes de constructions à la fois éminemment complexes et pleinement accessibles. On en est désormais sûr, The Notwist boxe définitivement seul dans sa catégorie.