Magazine Asie
Plus au nord que Vladivostock en Russie, à moins de 500 km, à Harbin, il fait froid, méchamment froid. La température moyenne en hiver est de -16,8 °C mais peut atteindre -40 °C, pendant la moitié de l'année, annonce un site. La population a par conséquent développé une culture intimement liée à la neige et à la glace. Son festival a pris une envergure internationale depuis plusieurs années.
Le festival s'ouvre officiellement le 5 janvier et se termine le 15 février, mais souvent il est déjà ouvert une semaine avant et ne referme pas ses portes avant mars, vu que le froid sévit toujours.
Des artistes du monde entier sont rassemblés pour donner vie à de gigantesques sculptures. Pour sa 30e édition, le festival de neige et de glace a encore vu les choses en grand. Près de 8 000 personnes ont travaillé sur ce site, qui a nécessité 180000 mètres cubes de glace et 150 000 de neige, selon les organisateurs. La matière première provient de la rivière voisine, la Songhua.
Dès début décembre, plusieurs milliers d'ouvriers commencent à découper les blocs à la tronçonneuse. En 2008, 120 000 mètres cubes ont été utilisés. Les visiteurs, qui étaient au nombre de 700 000 en 2013, dont 90 % sont chinois et le reste vient des pays asiatiques voisins, peuvent notamment admirer un château tout droit sorti du conte de la "Belle au bois dormant", une tour qui culmine à 46 mètres ou encore un toboggan géant long de 240 mètres. L'évènement est à l’échelle de la Chine : gigantesque. Par un froid sibérien, des artistes du monde entier sculptent des statues éphémères, certaines grandes comme des immeubles.
C'est bien sûr pour voir cela que nous sommes allés à Harbin, rien pour cela, parce que j'en avais vu des photos. Parce que je viens d'une région qui s'y connaît en froid, à un jet de boules de neige de La Brévine, surnommée Sibérie de la Suisse, parce que nous n'avions pas encore mis les pieds dans le nord-est profond de la Chine. Que de bonnes raisons.
Alors oui, spectaculaire, à couper le souffle, impressionnant, certes. Mais de glace et neige ? Pas tout à fait. De glace, pas de doute, des milliers de blocs pour des constructions grandioses. De neige, moins. Peut-être parce que la matière première est plus rare. J'aurais bien aimé en voir davantage, pour plus de variété et de créativité. Il me semble que la neige permet de se détacher de constructions, de bâtiments, ce que nous avons vu en nombre.
Il a fallu nous organiser lors de cette visite. Comprendre que nous avions de la chance d'avoir débarqué là en début d'après-midi en plein soleil, alors que la foule était très clairsemée. Belles photos, files d'attentes inexistantes ou courtes pour les toboggans... Comprendre aussi que nous ne pourrions survivre jusqu'au soir qu'en aménageant des pauses-café régulières dans des endroits chauffés
Heureusement que la nuit arrive tôt. Vers 17 heures, le soleil n'était plus qu'un souvenir, la foule s'est densifiée, les édifices de glace se sont illuminés, colorés. En regardant mes photos, en comparant le jour et la nuit, je crois que je préfère la magie naturelle à celle des couleurs de la nuit. Sur le moment, nous nous sommes joints à tous les autres visiteurs pour clamer "ouah!"
La culture et le divertissement sont des investissements pour le secrétaire général de la mairie de Harbin, Liu Xing Ming : " Le festival a commencé en 1963. Au départ, construire des monuments en glace, c’était un jeu pour les habitants. Maintenant, c’est une industrie. " Il faut tout de même souligner que ce rendez-vous spectaculaire a pris des vacances entre le début de la Révolution culturelle (1966) et 1985.
Il s'agit d'un des quatre plus connus festivals de sculptures sur glace et de neige au monde. Il rivalise avec le Festival de la neige de Sapporo, au Japon, le Carnaval de Québec, au Canada, et le Festival du ski en Norvège.
Et pour le fun, une petite glissade de notre cascadeur maison :
La ville rêve maintenant d’un domaine skiable couvert, ouvert toute l’année, comme aux Emirats. Rendez-vous en 2017. La Chine n'arrête jamais de rêver...