Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 87

Publié le 16 février 2014 par Antropologia

Auguste

Dans une précédente chronique j’avais montré Auguste prendre en quelques jours la place de sa mère dans la maison. Depuis son installation, il n’a fait que renforcer sa position avec l’obstination qui n’appartient qu’aux chats. Pour faire accepter ses conduites, il dispose d’une langue dont il faudrait prendre en compte les effets, moi qui en joue avec efficacité chez les sauvages – les Parisiens depuis des décennies – des sons, en l’occurrence des ronronnements (moi c’est l’« accent »). Il en use dès qu’il croise un être humain, avec des résultats que je connais bien puisque j’en suis la principale victime.

Par ce moyen et d’autres qu’il est le seul à maîtriser, il s’impose en occupant divers endroits, fauteuil, chaise, genoux… que les 18 heures de sommeil dont a besoin un chat – dit-on – permettent d’attendre. En outre, j’ai le sentiment qu’entre lui et moi, il ne voit aucune différence. A l’évidence, à ses yeux, j’appartiens à la même espèce que lui. Mais il me renvoie aussi dans un monde que je croyais perdu à jamais. Enfant, j’avais des relations privilégiées avec un autre matou « Mickey » né cent ans, jour pour jour après Van Gogh. Je pensais que ces liens ne pouvaient pas s’établir avec un adulte. Auguste me dit le contraire à moins que ce soit moi qui retourne en enfance.

Pourtant il est rentré oreilles et front labourés de coups de griffes. Son commerce avec les humains ne lui enlève donc  ni son attrait pour les chattes, ni son ardeur combattive.

Bernard Traimond