Au premier abord, rien pourtant que de très classique, sous les atours, cependant, d'une interface graphique remarquablement soignée : après inscription sur le site du service, l'utilisateur « connecte » ses différents comptes bancaires et peut dès lors suivre précisément l'évolution de sa situation, grâce à une catégorisation automatique de ses dépenses et de ses rentrées d'argent. Pour tenter de maîtriser son avenir, il pourra aussi établir un budget prévisionnel.
Il faut donc avancer un peu dans la démonstration pour découvrir les particularités de l'application mobile de Tink, à savoir un flux de messages – réminiscent des « timelines » auxquelles nous ont accoutumés les réseaux sociaux – qui met l'accent sur les événements exceptionnels survenant sur les comptes. A l'image des systèmes d'alerte des banques, il pourra simplement souligner un niveau particulièrement bas du solde, mais bien d'autres cas sont également envisagés.
L'atteinte prochaine d'un niveau prédéfini dans le budget est une autre circonstance évidente d'avertissement possible. Plus insolite est la capacité du logiciel à signaler une augmentation significative des dépenses de restaurant (par exemple) ou encore à mettre en lumière les catégories et/ou les achats les plus importants, sur une période donnée. Inspirée de Billguard, qui s'est fait une spécialité de ce genre d'analyse, l'application est même capable de détecter des transactions imputées deux fois.
En dépit de ses promesses, l'usage du PFM ne parvient pas à décoller chez les consommateurs, dont seule une toute petite proportion (quelques % des clients, selon certaines banques) est adepte dans la durée. Une des raisons les plus fréquemment citées pour cette désaffection est la valeur limitée que trouvent les utilisateurs à voir leur comportement passé sous forme de graphiques (aussi beaux soient-ils). L'enjeu pour les fournisseurs de solutions est donc d'apporter un bénéfice plus tangible.
Dans cette logique, la stratégie de Tink est de rendre la perception des habitudes de dépenses moins abstraite que ne le permettent les traditionnels camemberts par catégorie. En explicitant clairement et précisément les commerces et les achats qui contribuent plus particulièrement aux dérives budgétaires, sans souci d'exhaustivité, ses concepteurs espèrent que l'application va procurer à ses utilisateurs une motivation effective de modifier leur comportement.
L'idée est fondamentalement intéressante mais pourquoi ne pas la prolonger ? En effet, il est souvent dit (et je ne suis pas le seul à l'affirmer) que le PFM ne pourra être réellement utile que lorsqu'il jouera un véritable rôle de « coach », prodiguant des conseils avisés au consommateur dans sa vie quotidienne. Or, les événements que repère l'application de Tink sont justement susceptibles d'être des déclencheurs pertinents de ces recommandations tellement attendues.
Un petit rappel à l'ordre lors d'un arrêt prolongé devant un restaurant à l'heure du déjeuner alors que mon budget repas est déjà sérieusement écorné, une alerte (humoristique ?) au passage à proximité d'une boutique où j'ai récemment fait un achat important, une suggestion de prendre les transports en commun tandis que je fais le plein dans une station essence pour la troisième fois dans le mois… Voilà autant de scénarios imaginables pour aider le consommateur à reprendre le contrôle de son argent !
La gestion de finances personnelles est pleine de promesses non seulement pour les banques ou les startups du secteur – que ce soit par la fidélisation des clients ou par l'adoption de nouveaux modèles économiques – mais également pour leurs utilisateurs, qui aimeraient certainement être accompagnés concrètement dans leurs difficultés budgétaires. Alors, il faudra encore faire un effort, car les solutions actuelles ne répondent décidément pas à leurs attentes…