Intégration des immigrés: le gouvernement démine, au risque de décevoir
Source : Libération.fr
Publié le 11 février 2014
…La principale annonce de la nouvelle «feuille de route» porte sur la création d’un «délégué interministériel à l’égalité républicaine et à l’intégration», rattaché au Premier ministre, qui sera nommé d’ici deux à trois semaines.
Il s’agit d’une structure «légère» qui n’empiètera pas sur les compétences des différents ministres et aura pour seule mission de «coordonner» leurs actions.
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Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, reste donc compétent pour l’intégration des «primo-arrivants», présents depuis moins de cinq ans en France. Il compte mettre l’accent sur l’acquisition du français, en exigeant un meilleur niveau. La délivrance des titres de séjour sera conditionnée aux progrès accomplis, a-t-il précisé sans donner de détails.
Le dispositif devrait figurer dans le prochain projet de loi immigration, attendu d’ici à la fin de l’année.
Quant à la lutte contre les discriminations, le gouvernement prévoit surtout de renforcer la formation des agents publics (enseignants, conseillers d’orientation, agents de Pôle emploi, inspecteurs du travail).
Il a également demandé aux partenaires sociaux de discuter des CV anonymes et des recours collectifs en cas de discriminations, lors de la prochaine conférence sociale avant l’été.
Les autres propositions avaient déjà été annoncées: lutte contre le décrochage scolaire, aide pour les migrants âgés qui font des allers-retours dans leur pays d’origine, poursuite de la rénovation des foyers de travailleurs migrants, etc.
Dans les derniers jours, le gouvernement a décidé de retirer les propositions qui portaient sur la reconnaissance de l’apport des étrangers à la construction de la France (mise en valeur d'«oubliés de l’histoire», développement des cours d’arabe et de mandarin dans les établissements scolaires, etc.).
«On ne voulait pas partir sur le terrain de l’histoire officielle ou sur celui des mémoires concurrentes», des matières éminemment sensibles, a expliqué l’entourage du Premier ministre.
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Cette prudence (…) risque de décevoir les personnes concernées - 5,3 millions d’immigrés et 6,7 millions de Français d’origine étrangère. France Terre d’Asile (FTA) a regretté «une vague feuille de route cosmétique» quand Patrick Lozès, ancien président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), a évoqué un «piteux renoncement».