Pour ce dimanche soir, contrairement aux précédents rendez vous dominicaux que je vous avais fixé, pas de chroniques de films en avant première, non pas parce que je n'en ai pas vu qui sortent mercredi prochain, mais plutôt que ceux ci ne méritent pas forcément qu'on fasse un zoom sur eux (j'en parlerai quand même, rassurez vous-ou non :o)...
Et du coup, à la place, je préfère vous parler de deux longs métrages qui sont déjà sortis depuis plusieurs semaines, mais dont j'aimerais attirer l'attention dessus avant qu'ils ne disparaissent totalement de l'affiche, vu la grande machine essoreuse dans les sorties- de plus en plus de films ne restent qu'une petite semaine à l'affiche, du moins chez nous à Lyon-, un phénomène que je déplore, mais sur lequel je n'ai hélas aucune emprise...
Bref, voici deux très jolis films, deux comédies mais pas franchement du genre à se tordre en deux, mais des comédies, l'une douce amère, l'autre cinglante, qui font partie des belles découvertes cinématographiques que j'ai pu faire en ce début 2014 :
1.Lulu femme nue, une ode à la liberté et aux belles rencontres :
"Lulu femme nue", je l'ai vu dans le cadre du Festival "Drôles d'endroit pour des rencontres" (décidément, j'en ai vu des films dans le cadre de ce festival, mais là on touche presque au but :o), lors d'une projection en présence de la costumière du film qui nous a raconté à quel point les habits des personnages du film étaient essentiels pour qu'on croie à ces gens modestes mais tellement humains qui peuplent le film de Sólveig Anspach, libre adaptation de la BD d'Etienne Davodeau.
Cette BD, je l'ai d'ailleurs lue après avoir vu le film, et je pense que j'ai eu raison, car évidemment la BD est sans doute plus riche, plus détaillée plus poétique aussi que le film, mais l'adaptation par la cinéaste d'"Hauts les coeurs" n'en reste pas moins très réussie, malgré 10 premières minutes pendant lesquelles il faut se faire à cette image pas terrible (j'ai toujours un peu de mal avec les films tournés en numérique, pourtant on en voit de plus en plus).
Forcément, on l'a d'ailleurs dit ici et là, et la présence de Claude Gensac dans les deux films accentuent cette comparaison. "Lulu femme nue" n'est pas sans rappeler "Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot, un autre film sur une femme qui s'échappe pour mieux rennaitre, un film que j'avais vu, je m'en rappelle parfaitement, le jour même de mon anniversaire, invité par les cinéma Pathé pour l'occasion.
Mais si si l'escapade en voiture de l'immense Catherine Deneuve m'avait bien laissé de marbre, la fuite en avant de Karin Viard à Saint Gilles Croix de vie Anspach m'a beaucoup touché. "Lulu femme nue" est une oeuvre délicate, nourri de tendresse et d'humanité, mettant en avant ces liens qui se tissent et se retissent entre des gens un peu trop isolés, un peu trop perdus sans la solitude, un peu à la marge, qu'ils soient ancien repris de justice ou personnes âgés sans plus aucun lien social. Tous ces personnages écorchés vifs, blessés par l’existence, paumés au grand coeur sous des apparences un peu rustres, la cinéaste donne à chacun d'entre eux, le temps de nous les faire aimer, et rien que cela est fort louable dans un cinéma français où l'humanisme n'est pas toujours présent.
Une aventure modeste, mais qui laisse vraiment une bien belle place à ces personnages qui ont connu des erreurs de parcours mais à qui on laisse une seconde chance. On aime beaucoup ce Charles (interprété par un Bouli Lanners qu'on a jamais connu aussi séduidant), ex-taulard dont elle s'amourache, ses deux frères pieds nickelés assez hilarants (avec Philippe Rebot, aussi bon que dans Mon ame par toi guérie, un film auquel on pense aussi, mais en moins fort), et bien sur, dans la dernière partie du film, Marthe (Claude Gensac) qui se fait piquer son sac avant de s'attacher à sa voleuse..
Bref, des acteurs magnifiés et qui donnent tout leur savoir faire, notamment Karin Viard qui incarne ce rôle de femme à la dérive sur la pente de la guérison avec énormément de justesse et de sensibilité.
LULU FEMME NUE - Bande-annonce VF
comédie dramatique
Tous publics
Un film de Solveig Anspach
avec Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac, Nina Meurisse, Pascal Demolon, Philippe Rebbot, Corinne Masiero
À la suite d'un entretien d'embauche qui se passe mal, Lulu largue les amarres et prend la route en laissant derrière elle son mari et ses trois enfants. Mais être une aventurière, ce n'est pas si facile. En chemin, notre discrète héroïne va faire trois rencontres décisives : un repris de justice protégé par ses frères, une vieille qui s'ennuie à mourir et une employée harcelée par sa patronne, qui vont aider Lulu à retrouver une ancienne connaissance qu'elle a perdu de vue : elle-même." itemprop="description" /> 2. Les rayures du Zebre : comédie juste et cinglante sur le foot et les relations Nord/ Sud :
Je dois à Benoît Mariage d'avoir réalisé lun de mes films préférés, et pourtant méconnus, Les Convoyeurs attendent, qui il y a maintenant une quinzaine d'années m'avait totalement épaté et bouleversé par son mélange de bizarrerie et d'émotions à fleur de peau, porté par un Benoit Poelvorde qui à l'époque était encore peu connu et dévoilait peu à peu les facettes de son immense talent. J'avais beaucoup aimé, aussi, à un degrès moindre Cow Boy toujours avec le même Polvoerde, qui suivait les traces d' un journaliste cherche à retrouver et filmer le héros révolutionnaire de son enfance. Le cinéma de Benoit Mariage mélange avec énormément d'a propos et de justesse, chronique sociale, humour un peu cinglant et scènes plus dramatiques, avec un mélange toujours parfaitement dosé. Sa dernière oeuvre en date, les Rayures du zèbre, sorti en salles il y a 15 jours, et qui, hélas, a connu un vrai bide en salles, continue sur la même voie et confirment si besoin était l'immense talent de ce duo Mariage/Poelvoerde. Personnellement, j'avais très envie d'aller voir ces Rayures du zèbre. Il faut dire que j'apprécie particulièrement de voir le foot traité sous l'angle du cinéma, et même si les films sur le foot sont rarement réussis, j'avais beaucoup aimé l'an dernier Comme un lion qui traitait d'un sujet un peu similaire, mais en l'axant plus sous l'angle du documentaire et de la chronique tendre, et moins, comme c'est le cas ici, sous l'angle de l'humour cinglant et de la dénonciation. Ce qui est certain, c'est que la question de ces recruteurs européens qui vont en Afrique à la recherche de la jeune pousse qui deviendra peut etre leur poule aux oeufs d'or est un sujet en or, qui permet de poser un regard à la fois tendre et sans concessions sur les relations entre Européens et Africains, entre paternalisme hérité du colonialisme d'un coté, et de l'autre coté,un mélange entre envie et mépris du Graal que constitue l'Europe. Les situations sonnent parfaitement juste, les dialogues sont vraiment jouissifs (l''éthique c'est un mot quand on a l'assiette pleine), bref ces Rayures du Zèbre constituent un réel plaisir au visionnage. Lorsqu'on connait un petit peu le monde du football professionnel d’aujourd’hui, on devine à quel point, malgré l'humour très souvent présent, le film est cruellement et réaliste, et à quel point les relations de pouvoir et financier vicie ce milieu. Le jeune joueur africain, joué parfaitement par le jeune Marc Zinga se fait manipuler consciemment, mais vu qu'il n'est pas en position de force, il préfère se taire et se montrer le plus opaque possible. Le personnage est difficile à cerner, et donc très intéressant, mais pas autant que l'agent, un rôle qui va comme un gant un Benoît Poelvoerde jamais aussi bon que dans ce type de personnage ambivalent, cerné de certitudes d’européen condescendant et grossier, et à la fois émouvant dans la relation qu’il noue avec son jeune joueur au fil du temps. Une relation qu'on aurait peut-être d'ailleurs aimé suivre sur une plus longue distance, car si le film est très court, un changement brusque de ton (non promis, je ne spoile pas) peut un peu dérouter et frustrer un peu, même si l'épilogue retrouve une force et une acuité tout à fait interessante. Bref un excellent film qui aurait mérité un tout autre sort en salles.
Les Rayures du zèbre Bande-annonce