Actualité oblige, et une fois n’est pas coutume, je vais essayer de vous faire suivre les évènements de la journée… Car la grève générale pour la revalorisation des salaires est en train de dégénérer ! Le mot “guérilla urbaine” a même été employé par le journaliste de France 24.
Les manifestants ont commencé le mouvement à 6h30, selon Naharnet ! Certains ont même jeté une grenade sur la Corniche El-Mazraa. Deux militaires et trois civils ont été blessés. Quelques minutes après, les routes qui mènent au port et à l’aéroport étaient barrées par, notamment, des pneus en feu, ou encore des barrières. Quelque 32 avions ont été annulés. La ville est paralysée. Seules quelques routes sont ouvertes à la circulation.
Cette grève devait être générale et sévir à travers tout le pays. Pourtant dans certaines villes et même certains quartiers de Beyrouth, les magasins sont restés ouverts. Même s’il est très fortement déconseillé de sortir. La CGTL, confédération générale des travailleurs au Liban, un syndicat qui se dit neutre, mais que beaucoup de libanais assimilent à l’opposition, et qui est à l’origine de la grève, a, quant à elle, annulé son mouvement qui devait débuter à 10h. La raison ? Trop peu de manifestants dans la capitale à cause des barrages. Elle souhaite le repousser, mais aucune ne date n’a été fixée.
A la télévision, les images de Beyrouth défilent : des fumées noires qui entravent la route, des avions qui ne décollent pas, des jeunes qui renversent des poubelles, certaines brûlent, ou encore des camions qui versent du sable sur la chaussée pour bloquer le passage. Tout est bon pour paralyser la ville.
Les forces de l’ordre, elles, essaient de contenir le mouvement afin d’éviter que les partisans de partis opposés ne se rencontrent comme cela a pu être le cas, aux alentours de 11h, entre les forces du 14 mars et celles de l’opposition. Querelle rapidement contenue, mais qui a donné naissance à une autre un peu plus loin…
Les tensions et les affrontements de clans se concentrent principalement dans le quartier mixte de La Corniche El-Mazraa, alors que partout dans la ville, le mouvement semble se dissiper. La route menant au port est à nouveau ouverte. Mais les tensions entre les partisans du gouvernement et ceux de l’opposition s’intensifient sur le bord de mer. Les forces de l’ordre tirent dans les airs pour disperser la foule. Deux tireurs du mouvement Amal, postés sur des toits, ont été arrêtés, selon La Voix du Liban, et leurs armes confisquées. Au Liban, il ne faut pas oublier que tout le monde peut être armé. La preuve, des tirs ont été entendu à Tayyouni, sud-est de la ville, vers 12h15.
Les autorités ont annoncé à 12h30 que la route de l’aéroport sera fermée jusqu’à ce que la situation politique se débloque. L’aéroport est considéré comme un symbole par beaucoup de libanais. Fermé pendant la guerre civile, il représente une porte de sortie. Toutefois, quelques heures plus tard, trois avions auraient atterri.
A l’heure où j’écris ces lignes le calme revient sur la capitale. Mais les échauffourées ont été violentes. Outre la Corniche, des tirs ont été entendus par les chaînes de télévision locales, dans plusieurs régions de Beyrouth : Rass el-Nabeh et Nouairi où des tirs de roquettes RPG auraient été entendus. Les rixes entre les partisans Alma et Hezbollah et du Courant du futur, parti anti-syrien de Saad Hariri, ont été assez violentes. Des bureaux du Courant du futur ont flambé. Et des jeunes d’Alma ont été filmés le visage ensanglanté. D’autres tirs ont également eu lieu près de l’Université arabe de Beyrouth.
Aux alentours de 16h, les manifestants ont décidé de monter un camps à l’aéroport de Beyrouth. Des barricades et des tentes sont alors apportées sur le site, désormais bloqué. Une campagne de désobéissance civile de la part de l’oppositioin emmenée par le Hezbollah a alors commencé. Ils souhaitent ainsi que Siniora revienne sur ses accusations de la veille (une enquête a été ouverte contre le Hezbollah après les propos de Joumblatt). Jugeant la situation grave, le premier ministre, Fouad Siniora, a téléphoné au secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, pour l’informer de la situation.
Voilà, il est maintenant 20h30 au Liban. Le calme semble revenu. La Corniche est déserte. Les autorités ont annoncé que l’aéroport de Klayaat pourrait être ouvert au trafic aérien en 24h. Mais le mouvement ne semble pas fini. Comme j’ai pu vous le dire dans mon article précédent, le mois de mai s’annonce très long au pays du Cèdre…
Toutes les heures sont libanaises.