La coupe est pleine la vase en déborde
Appris à faire le dos rond à courber l’échine
les fâcheux jouent aux flèchettes dans nos dos
et puis un jour on se tourne retourne cherche y a comme un doute y a comme une gêne quelque chose qui coince qui fait monter les larmes aux yeux
et comme une évidence soudain dans une douloureuse fulgurance le corps habitué à courber l’échine s’arque-boute et fait face à son dos lardé hérissé de poignards
on envoie la main essaie de se soulager de quelques pointes se fait taper sur les doigts pas toucher t’as pas le droit c’est pas moi c’est l’autre tu ne peux pas c’est de ta faute tu l’as bien cherché tiens le toi pour dit ton seul droit est le silence quand tu es ici ton dos nous appartient
on en a fini on fuie poursuivie par son dos qui en a plein le dos de porter toute notre misère et nos peines de servir de décharge à la cruauté et la trahison, on s’enfuie pour quelques heures que l’on appelle liberté prend et se rend à un rendez-vous chez l’ostéopathe le manipulateur redresseur de tord l’épilateur à hérisson le caresseur dans le sens du poil
il sait y faire on est retapée
prête pour recommencer à ne pas quitter des yeux le râtelier à coups bas à tendre le flanc l’exercer à l’art de l’esquive le temps de cicatriser, de se fabriquer une armure , d’échaffauder un plan d’évasion loin de vla médiocrité assassine
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