Du bonheur, un voyage philosophique
Publié le 16 février 2014 par Polinacide
@polinacide
"Il n’y a qu’un seul devoir : se rendre heureux." Denis Diderot.
Passée au crible de nombreux philosophes et derrière son apparente banalité, la quête du bonheur demeure encore aujourd’hui une énigme partiellement résolue. Label d’une existence réussie, la béatitude tant convoitée devient même une exigence fondamentale, à l’heure où tout le monde "se doit" d’être heureux. Si Frédéric Lenoir souhaitait depuis longtemps s’atteler lui aussi à ce vaste sujet, son dernier livre Du bonheur, un voyage philosophique aux éditions Fayard s’éloigne des recueils de recettes pré-mâchées, qu’il suffirait de mettre en pratique pour atteindre l’effet placebo escompté. Tranchant avec le simplisme de certains gourous, il invite à une promenade spirituelle vivifiante, croisant les regards de penseurs d’orient et d’occident avec les dernières enquêtes scientifiques, confrontation de savoirs détachée de tout dogmatisme. Entre Spinoza, Bouddha ou encore Épicure, ce concentré de sagesses passionne autant qu’il pourrait dérouter, tant les questions qu’il pose se multiplient à mesure qu’il en dévoile les réponses.
Si Lenoir se définit lui-même comme un "électron libre", passant de Diderot au Christ au risque de paraître "brouillon", les contours de sa pensée n’en restent pas moins bien tracés. À l’époque où la boulimie du posséder a pris le pas sur l’être, l’auteur revient sur les sources du bonheur essentiel, cet état recherché de tous mais que l’on a bien du mal à mesurer. Face à l’encombrante succession de plaisirs futiles (et à terme, paradoxalement frustrants), la voie du juste choix s’imposerait comme la paroi la plus solide contre les aléas de la vie. Ivresse d’un bien-être enveloppant et joyeux, libéré des vampirismes comme des angoisses existentielles, à condition de savoir le construire et le nourrir. "Le rire de celui qui a atteint la félicité est sans pourquoi" disait Tchouang-tseu. À défaut d’avoir trouvé toutes ses réponses, c’est avec une sensation d’apaisement durable et le début d’un travail sur soi que le lecteur refermera les pages de ce livre. N’est-ce pas, somme toute, le début du bonheur ?