Après un mois de compétition intense, se tenait ce vendredi 14 février la soirée de clôture de la Mobile Banking Factory du CA Store. L'occasion nous était ainsi donnée de découvrir (enfin !) les réalisations des participants et, accessoirement, de désigner les gagnants des récompenses mises en jeu par le Crédit Agricole et ses partenaires.
Je dois avouer qu'une petite inquiétude m'a saisi en arrivant sur les lieux puisque, sur les 18 équipes inscrites initialement, seules 6 étaient encore en lice pour cette dernière étape. Il s'agit évidemment là des conséquences naturelles d'un événement tenu dans la durée (contrairement aux plus classiques hackathons) et de la condition posée au départ de produire une solution opérationnelle. Mais, finalement, la qualité des résultats a largement réussi à remplacer la quantité.
En effet, les 6 applications qui nous ont été présentées, outre le fait qu'elles fonctionnent réellement (démonstration à l'appui) et qu'elles sont (presque) prêtes à déployer sur le CA Store, ont brillamment démontré qu'il est possible d'être créatif et original dans un domaine aussi apparemment austère que la banque. Et le jury – dont j'avais le plaisir et l'honneur de faire partie – a eu bien du mal à départager les équipes en présence…
Alors, devant cette difficulté, deux réalisations orientées « gestion de budget » ont du repartir bredouilles, bien qu'elles aient tenté d'aborder ce sujet classique sous un angle insolite, méritant d'être approfondi. L'une, « PiggyBank », propose de suivre et maîtriser ses dépenses au jour le jour, en fonction du budget mensuel disponible. L'autre, « CAPilote » reprend une idée similaire, en la spécialisant pour les vacances, avec un contrôle des différentes catégories de frais (transport, hébergement, nourriture, culture…).
Dans un registre proche, « SNCF Finance » était la seule réalisation à intégrer les APIs de la SNCF, partenaire de la Mobile Banking Factory, ce qui lui a valu d'obtenir le prix décerné par la compagnie. Son principe consiste à explorer les transactions de l'utilisateur afin d'identifier ses dépenses de transport en commun (parisien), les analyser sur une période de 6 mois et, grâce à un algorithme jonglant avec l'offre tarifaire (relativement complexe à mettre en œuvre), proposer des pistes d'optimisation.
Au palmarès, après qu'il ait été décidé de déclarer ex-aequo deux projets pour le deuxième prix, figurait ensuite « NoMoney », qui, comme évoqué lors de la soirée de lancement, propose de régler ses dettes entre amis sans échanger d'argent (autant que possible), avec un mécanisme de compensation de groupe. Si ses développeurs avaient réussi à intégrer les APIs de Kwixo, justement pour les cas où un « vrai » transfert est nécessaire, peut-être auraient-ils pu remporter le premier prix…
L'autre deuxième était également la concrétisation d'un concept entrevu il y a un mois, depuis rebaptisé « Date @Bank », particulièrement appropriée pour une St Valentin. Cette application transforme les transactions enregistrées sur le compte de chaque client en un ensemble de critères permettant de trouver l'âme sœur : les affinités identifiées parmi les sorties au cinéma, au restaurant, les voyages, les activités sportives… sont utilisées pour proposer des rencontres à ceux qui s'inscrivent (et partagent les informations qu'ils souhaitent).
Enfin, le premier prix – doté d'un séjour tout compris au Mobile World Congress – revient à « CastoFly », qui était aussi mon favori personnel. La promesse de ses concepteurs est de transformer en épargne l'addiction aux jeux mobiles tels que « Candy Crush », dont la mécanique intégrée d'achat d'objets virtuels peut coûter de petites fortunes à certains consommateurs. Avec CastoFly, les cartes, personnages et autres bonus animant les scénarios sont payés par un virement sur un compte d'épargne !
Basé sur un véritable moteur de jeu (reprenant un modèle relativement classique, toutefois), auquel sont même intégrées des possibilités de partage social, ce projet me séduit singulièrement par son approche à double entrée : d'une part, il exploite des principes de ludification (de plus en plus populaires) pour stimuler les actes d'épargne et, d'autre part, il détourne, dans ce même but, une logique normalement incitative à la dépense inutile. Un grand bravo à ses concepteurs pour cette excellente idée !
Enfin, terminons le récit de cette aventure en félicitant l'équipe du CA Store pour une initiative ambitieuse et non sans risques, dont les résultats sont certainement à la hauteur de ses attentes. Indissociable de cette réussite, il faut également saluer la performance de BeMyApp, dont le professionnalisme et les talents d'organisateur et d'animateur ont été intensément démontrés au cours du mois écoulé : ne lancez pas un hackathon sans eux !