Beaucoup de petits échos sur le Maroc cette semaine pour oublier les problèmes plus importants mais totalement figés de l'Égypte, de l'Algérie et ceux dramatiques, de Syrie. Et en attendant de connaître la loi électorale en Tunisie.
Le Maroc en Afrique francophone
Depuis quelques années, le Maroc se souvient qu'il est africain et qu'il peut contribuer au développement général en s'intéressant davantage aux pays francophones voisins de son sud.
La bourse de Casablanca va lancer en coopération avec Paris des programmes de formation pour les financiers de l'Afrique subsaharienne francophone. L’OFPPT forme de cadres tchadiens dans les domaines du Textile Habillement/Cuir, en concrétisation d’une convention signée en novembre 2012.
Les écoles de commerce marocaines privées se précipitent pour fournir aux subsahariens francophones les formations nécessaires à leur développement. Il s'agit aussi de « fixer » l’offre estudiantine africaine traditionnellement dirigée vers les pays du Nord en développant des programmes universitaires adaptés à l'Afrique. C'est excellent pour les budgets tant subsahariens que marocain, et pour la francophonie, puisque les enseignants et les élèves du Royaume ne pourront plus oublier de parler français du fait de la présence de leurs camarades et élèves africains. Remarquons que l'université Al Akhawyn d’Ifrane a elle aussi commencée à recruter des étudiants sub-sahariens.Cette université est anglophone, mais certains cours en français et/ou en arabe doivent obligatoirement être suivis et un test en français (TEF) est imposé aux nouveaux étudiants afin de juger s'ils doivent recevoir des cours en cette langue.
Le Maroc a réussi à sortir des subventions
Vous souvenez que le pays était ruiné par les ventes sur le marché intérieur à un prix inférieur aux cours mondiaux. C’est terminé. Les prix de l’essence super et du fuel oil n°2 ne sont plus subventionnés. Quant au gasoil, les subventions baisseront progressivement cette année. Seuls sont encore subventionnés le butane, le fuel de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, le sucre, ainsi que la farine de blé tendre.
Le Maroc « islamiste »
Vous savez que c'est un parti islamiste, le PJD, qui est à la tête de la coalition gouvernementale au Maroc. Vous savez aussi qu'il n'a qu'un pouvoir limité, les questions importantes dépendant toujours du roi. Dans quelle mesure ce parti a-t-il réussi à islamiser la vie quotidienne des Marocains ? Quelques échos :
La lecture en petits groupes du Coran se multiplierait chez les particuliers, multipliant aussi les agacements. Des parents d’élèves d’une école de la mission française d’Agadir ont protesté parce que leurs enfants ont eu à plancher sur l’épopée de Gilgamesh, mi-dieu mi-homme, et la comparer à un passage de l’Evangile sur le déluge. Un colonel islamiste a été limogé pour avoir refusé de serrer la main de la première « préfette », prétextant qu’une femme « ne peut remplir la fonction de représentation du Commandeur des croyants (le Roi) dans une mosquée. Des journaux arabophones demanderaient une réglementation de Facebook pour empêcher des évangélistes de distribuer des bibles traduites en darija (voir ci-après). Le gouvernement islamiste vient de bloquer une fois de plus l'enseignement des sciences en français, pourtant de plus en plus réclamé.
L’éducation nationale au Maroc
Après la banque mondiale, c'est l'Unesco qui déplore les mauvais résultats malgré un relativement bon budget : http://www.h24info.ma/maroc/lunesco-tire-la-sonnette-dalarme-sur-lenseignement-au-maroc/19806
Pour certains, cela s'explique en partie par le fait que la langue d'enseignement (l'arabe standard) n’est pas la langue maternelle de l'élève, qui est, soit une des variantes du dialectal très éloignée de l'arabe standard, la darija, soit une langue berbère (je rappelle que le français n'est enseigné qu'en 2e ou 3e année du primaire (sauf cours privés assez fréquents). Et voilà qu’une réforme en cours veut généraliser l'enseignement du berbère, avec un troisième alphabet, le tifinagh, en plus de l'alphabet latin et de l'alphabet arabe. Cela semble avoir multiplié les abandons de scolarité. Il est difficile d'avoir des avis sereins car ces questions linguistiques cachent des problèmes politiques.
En pratique, la darija de Casablanca gagne du terrain y compris dans les médias, qu’elle soit transcrite en caractères arabes ou latins (ordinateurs, téléphones…) Mais, si elle vient d'être adoptée pour la Bible, elle ne serait pas assez standardisée pour être un support de l'enseignement. Voir http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/MondeMed3/selma.pdf
Pour d'autres Marocains, ces questions linguistiques ne sont pas très importantes puisque dans la plupart des pays du monde une bonne partie de la population a une langue maternelle différente de celle de l'école.
Hamid Karzaï fait la danse du ventre aux talibans
Vous savez que les Américains négocient leur présence en Afghanistan après 2014. Les notables afghans souhaitent qu'elle demeure, mais le président ne veut pas. Il pense se dédouaner ainsi auprès des talibans, avec qui il a des contacts en sous-main à la grande fureur des Américains. Tout cela est bien sûr pour se faire ré-élire à la prochaine présidentielle alors qu'il a, de notoriété publique, truqué celle qui l'a mis en place.
Le sein obligatoire aux Émirats
La nouvelle loi sur les droits de l’enfant, votée il y a quelques semaines oblige les femmes à allaiter leurs bébés jusqu’à leurs 2 ans. La loi ne précise pas encore les peines encourues par les mamans rebelles, mais permet aux maris de porter plainte contre les épouses qui refuseraient d’allaiter.
Le Yémen va devenir un Etat fédéral
Il y aura quatre provinces dans le Nord et de deux dans le Sud, et non deux, le Nord et le Sud comme le réclamaient les sudistes (le Yémen du Sud était indépendant jusqu'en 1990), car chacune de ces 2 grandes régions sont elles-mêmes très divisées, y compris religieusement (nos lettres antérieures)