C’est ma décision

Publié le 13 mai 2008 par Didier54 @Partages

J'ai décidé de tout plaquer, de tout changer. Ce que je pouvais, tout du moins. On lâche l'essentiel quand il devient accessoire et l'on s'agrippe à des accessoires pour traquer l'essentiel. Besoin  de faire siffler un air de rock sur la valse moite des moments engloutis, de retrouver les parfums du cheveu mouillé, les sunlights des boites à danse, les émois éparpillés, de trouver d'autres sentiers de grâce où poser mes petons. Impérieux besoin. J'ai décidé comme ça, entre un coup de dentifrice et un coton tige, assise sur la baignoire.  Il est venu. Je lui ai dit. J'ai pleuré. Je l'ai annoncé comme une douche glacée, un soir, sans embruns ni mousse, sans pouvoir expliquer pourquoi ce soir-là et pas un autre. Ni demain, ni de veille. Là, tout de suite, comme une urgence. Imparable. Ce n'était pas murement réfléchi, ce sont les murs qui ont fini par me faire réfléchir. Ceux que nous avions bâti comme on dresse des forteresses. Sans y faire plus attention que cela. Des murs qui ont fini par me renvoyer l'image. C'étaient des miroirs.

Ce fut instantané, comme une évidence qui déboule dans un coin de la tête, comme une épée qui frappe l'autre. Il est venu, sans bouclier et il est reparti, sans broncher. Tous mots éteints. Quoi dire, de toute façon ? Souffle coupé sans doute, mille doutes. Les nerfs ont lâché. Est-ce le coeur qui a repris le dessus ?

Je n'avais pas d'autre issue que celle-ci. Absolument aucune. Même de le faire souffrir ne pouvait m'écarter de mon chemin, peu m'importait qu'il soit droit ou de biais, peu m'importe depuis, d'ailleurs. Le coup est parti. Les dés sont jetés. Ce n'est pas un jeu. C'est un Je. Ce n'est plus un nous. J'ai hissé un drapeau soleil au-dessus de ma tête. C'est ma vie. C'est ma peau.

Il a pris le coup sur la tête, c'est sûr. Moi aussi. Il y a eu des yeux qui se sont brutalement levés au ciel quand j'ai annoncé ma décision, des bouches qui sont restées grandes ouvertes, des silences épais comme des icebergs, des paroles vides comme des passoires. J'emménage dans un appartement. Je ne sais pas si je reprends ma liberté, si je la trouve, si je la cherche. C'est ennivrant. Je suis terrorisée.