354ème semaine politique: Hollande, "où est passé Che Guevara ?"

Publié le 15 février 2014 par Juan
Che Guevara ?"" /> François Hollande file à Washington. Le climat politique n'est pas plus calme, on s'échauffe encore, en France, sur son Pacte de Responsabilité.
Pourtant, comme s'il n'en avait cure, notre actuel président en rajoute une couche sur le libre-échange. Un accord transatlantique, trop secret, trop opaque, sans agenda officiel autre que de faciliter les échanges commerciaux, inquiète et trouble. Hollande, sans doute trop heureux par son voyage réussi, balance l'improbable. Il faudrait "accélérer" la conclusion de ces négociations entre l'Europe et les Etats-Unis.
Aux Etats-Unis, Hollande fait un joli coup. Les journalistes qui l'accompagnent sont ravis, parfois ridicules. Le voyage est réussi. Les gesticulations sarkozystes d'antan, mélange de jalousie puérile et d'excitations désespérées, sont bien loin. Obama boudait Sarkozy. François s'entend bien avec Barack. Le dîner d'Etat, mardi soir, est un show. A droite, même un Frédéric Lefebvre jadis si virulent reconnaît la stature. Surtout, nos médias français applaudissent cette "mue" présidentielle. Hollande, en Californie, est "allé capter le souffle de la reprise et l'esprit d'entreprise qui font cruellement défaut au pays."
Il rencontre des "géants de l'internet". Et rappelle que la France est le 8ème pays d'investissement en capital-risque.
En parallèle, un certain patron du MEDEF, Pierre Gattaz, commet le couac qu'il fallait. Il refuse publiquement toute contrepartie d'embauche à ses allègements de charges si chères à Hollande. Deux jours après, Gattaz se contredit encore. Dans les colonnes des Echos, Lionel Stoleru, un ancien ministre de Giscard et de Mitterrand version 1988, explique combien ces économies ne serviront aucunement l'emploi dans le secteur concurrentiel.
B-A BA  de l'économie de marché...
Il n'y aura pas de contreparties. Comment faudra-t-il l'écrire ?
Plus loin, plus tard, jeudi, Pierre Moscovici joue au ravi de la crèche à la lecture des dernières statistiques de l'INSEE.
Décembre 2012, Mosco annonce 0,8% de croissance. Aujourd'hui à 0,3% y dit qu'elle est meilleure que prévue. Clap clap #artiste
— Claude Posternak (@claudeposternak) February 14, 2014
La croissance, timide, repart. Mais il faut applaudir. "Tous les indicateurs s'inversent", enfin: 14.700 emplois nets créés au dernier trimestre. La zone euro n'est pas en reste. La France est juste dans la moyenne. L'Italie perd son gouvernement - Letta démissionne - mais sort la tête de l'eau après 2 années de récession. Moody's lui redonne quelque crédit. Mais dans cette zone euro, combien de pauvres désormais ?
L'austérité est aussi au coin de la rue. Le gouvernement cherche 50 milliards d'euros d'économies d'ici 2017. Le ministre du budget cherche et teste. On entend qu'il propose de geler la revalorisation des promotions de fonctionnaires, une bombe. Au Parti socialiste, la grogne s'exprime à découvert.
En France, 35 personnes sans abri sont mortes en janvier.
Face à la gauche qui attend la gauche, la droite furibarde s'égare. On nous ressort l'énième sondage sur la propagation des idées frontistes dans l'opinion. Des militants d'extrême droite veulent purger nos bibliothèques scolaires des ouvrages qu'ils jugent tendancieux. Jean-François Copé tente la petite polémique sur un livre-jeunesse - "Tous à poil" - recommandé par une association de parents d'élèves... en 2009. Luc Chatel, ancien ministre de l'Education, et Nadine Morano, future députée européenne, recommandent aux parents la vigilance et de filtrer les lectures de leurs gamins.
A quand l'autodafé en place publique ?
La ministre Najat Vallaud-Belkacem, renvoie les balles. Elle bataille contre ces outrances. Sa cote progresse dans l'opinion. Celle de Valls baisse encore davantage. Un responsable syndical d'Alliance fait campagne pour la réélection du maire Gaudin à Marseille.
Nicolas Sarkozy se fait acclamer comme une rock-star dans un meeting de campagne de la candidate Nathalie Kosciusko-Morizet. Selon le Point, son ancien conseiller de l'ombre, Patrick Buisson, l'enregistrait à son insu quand ils étaient à l'Elysée.
Hollande, de retour à Paris, réunit son conseil de Défense. En Centrafrique, le contingent français sera renforcé jusqu'à 2.000 hommes. Les massacres de civils perdurent. La France est seule pour le ménage. Hollande retrouve ses mauvais sondages, sa gauche énervée ou abstentionniste, sa droite "extrémisée", son centre disparu.
Lundi, premier conseil stratégique de l'attractivité.  Hollande prolonge son match américain. Il recevra les dirigeants de 30 entreprises internationales.
"On n'a pas élu Che Guevara".

Certes.
Mais nous n'avons pas élu Barack Obama ni Bill Clinton non plus.
Crédit illustration: DoZone Parody