Là, dans son domaine composé d’œuvres et d’objets hétéroclites, cet amoureux de la nature laisse cours à sa créativité et tente de créer un pendant à la société de consommation, un paradis fait à l’aide des déchets des autres.
Lecture déconcertante s’il en est, cet album fait du silence un élément essentiel. Les mots s’effacent laissant place aux dessins. La réflexion et la compréhension de la narration, d’habitude essentielles aux lecteurs attentifs, cèdent le pas à la poésie, à l’imagination et à la méditation devant la sagesse incarnée par le vieil homme.
Riche de sens, foisonnante même, cette bande-dessinée explore le thème de l’altérité, du double et celui de la création : au fil des pages, c’est la genèse de l’œuvre qui prend forme grâce aux mains de cet artiste, qui a mesuré la force et la fragilité de l’existence, et affiche ses pensées sur les arbres.
Bien que les mots ne soient pas nombreux, la lecture de cet ouvrage est exigeante : qui ouvre l’album devra savoir prendre le temps de regarder attentivement les planches, revenir sur ses certitudes et accepter de se laisser aller à la rêverie en la compagnie de cet étrange bonhomme qui peut rappeler Thoreau voire même parfois Thierry Erhmann et sa demeure du chaos.
Zéphir, Le Grand combat, Futuropolis, Février 2014