Oui, mais le fond, justement, n'est lui non plus pas extraordinaire. Les personnages sont horripilants et relativement prévisibles : la femme ultra-dépressive et insupportable pour ses proches, les enfants ingrats, les grands-parents garants de l'ordre moral et de la réussite financière... et, surtout, Georg, sorte de gigantesque chiffe molle sans réaction ni intérêt, tellement insipide et agaçant qu'on en viendrait presque (j'ai bien dit presque) à comprendre que sa femme le cogne. Refusant toute compassion ou empathie, le réalisateur Jan Bonny nous laisse à l'extérieur de son film, si bien qu'on se contrefiche vite de ce qui va arriver à ce couple en crise. D'autant que la destinée de ces deux pauvres âmes n'est pas bien difficile à deviner : évidemment non, les choses ne vont pas s'arranger, et oui, en effet, la violence engendrera la violence. Devant cette tiédeur et cette absence criante d'audace, on regrette amèrement de ne pas avoir eu droit à un film sordide mais engagé, dans la lignée par exemple de l'irrespirable (mais captivant) Seul contre tous de Gaspar Noé.
3/10