Voici ma (très) modeste contribution : un poème lyrique de Louise Labé qui rappelle combien l’amour est un sentiment qui nous fait basculer d’un extrême à l’autre, sentiment qui nous porte mais intrinsèquement lié à la souffrance, en tout cas, en littérature et dans les arts en général, ne serait-ce que lorsqu’on éprouve l’absence de l’autre.
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé, Sonnets