Le dépistage, le traitement et le suivi
La malnutrition est une maladie qui se soigne aisément lorsqu’elle est dépistée à temps. Pourtant, que ce soit dans sa forme la plus grave (mortelle) ou dans sa forme plus légère, ses séquelles peuvent être irrémédiables si l’on n’intervient pas rapidement en respectant un protocole rigoureux. En arrivant au CASAN, les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes et allaitantes, plus vulnérables à cette maladie, sont questionnés, mesurés, pesés…. Les cas de malnutrition aigüe modérée ainsi repérés sont pris en charge, un traitement nutritionnel leur est donné et un suivi médical est réalisé. Les équipes leur rendent également visite à domicile pour favoriser ce qui favorise la continuité et la réussite du traitement. Les enfants victimes de malnutrition aigüe sévère sont quant à eux référés à une structure adaptée.
Le soutien psychosocial
Améliorer la capacité de l’entourage à prendre soin d’un l’enfant malade contribue à renforcer l’efficacité de son traitement (meilleur réponse au traitement, moins d’abandons et de rechutes), à assurer son bon développement physique et émotionnel, mais également à réduire les retards de développement liés à la sous-nutrition. Les activités proposées permettent aux enfants de développer leur potentiel affectif, physique, intellectuel et social. Par une écoute et une relation privilégiée, l’équipe veut également offrir un soutien personnalisé aux familles et renforcer la « parentalité ». Les parents réalisent qu’ils peuvent agir sur l’état nutritionnel ainsi que le développement psychomoteur et intellectuel de leurs enfants en améliorant leurs « pratiques de soins » (c’est-à-dire les soins, les mots et les gestes du quotidien).
Chacune de ces activités a un objectif pédagogique et curatif mais offre également un moment de bien être aux familles, une parenthèse dans un quotidien très dur :
Jouer, jouer et encore jouer :Les bienfaits du jeu ne sont plus à démontrer pour le développement des enfants. Par le jeu et la stimulation des petits, les parents sont encouragés à trouver et à prendre leur place. Les livres, tapis d’éveil et cubes en mousse sont faits à base de matériaux de récupération et pourront facilement être reproduit de retour à la maison.
Fabriquer son joujou :
Fabriquer des jouets est une activité ludique et valorisante qui permet aux parents de développer leur créativité et les encourage à jouer avec leurs enfants à la maison. Le matériel de base est mis à disposition par le centre et pour 2 jouets fabriqués, l’accompagnant en garde un pour lui et en donne un au CASAN. Cela permet de renouveler le stock de jouets du centre et pourquoi pas d’envisager une activité et un revenu pour les plus doués.
Le plaisir du bain et des massages :
Outre les nombreux bienfaits du bain et de la stimulation tactile, cet atelier offre un moment de complicité et l’occasion pour le bébé de prendre doucement conscience de son corps. En ayant la possibilité de laver leur enfant, les parents sont sensibilisés à l’importance de l’hygiène sur la santé et l’estime de soi. Ceux qui le souhaitent peuvent prolonger ce moment en massant leur bébé avec les conseils des membres de l’équipe.
Cuisiner c’est bon pour la santé :
A partir de produits locaux, la cuisinière du centre prépare des recettes adaptées aux besoins nutritionnels et aux possibilités financières des familles. Durant l’atelier les parents cuisinent, trouvent de nouvelles idées de repas et dégustent les plats mais c’est également l’occasion d’acquérir et de mettre en pratique des connaissances de base sur la nutrition. Parlons santé, santé de la reproduction et planning fa milial : Outre le médecin du CASANasan qui peut être sollicité pour répondre à des questions spécifiques, des ateliers offrent des espaces de sensibilisation sur les services de planning familial existants et de discussion entre femmes sur leurs choix et leurs expériences. Grâce à un partenariat avec un projet de mutuelle santé, le CASANasan facilite l’accès à la santé pour les familles dont au moins un des membres est pris en charge dans ses services.
Allaiter avec plaisir :
Le conseil en allaitement fait partie intégrante de la prévention de la malnutrition et peut être fait en toute occasion. En effet, le lait maternel est l’aliment essentiel du nourrisson et du jeune enfant. Selon les recommandations de l’OMS et UNICEF il prévient efficacement l’apparition de la sous-nutrition. Pourtant, toutes les mères ne connaissent pas son importance et l’allaitement peut être douloureux ou difficile en cas de stress, d’inquiétude ou à cause d’une mauvaise technique. Des groupes de discussion pour les femmes enceintes et allaitantes sont donc organisés pour leur permettre de parler de leurs difficultés, d’échanger des conseils et des expériences.
Soutenir la création d’activités génératrices de revenus
La précarité, le chômage et le manque d’argent sont au centre des préoccupations des familles du quartier. Des revenus stables et plus importants leur permettent souvent de pallier aux problèmes à l’origine de la sous-nutrition : en améliorant leur habitat, leur accès à l’eau potable, à plus de nourriture de qualité et à des soins médicaux, en permettant de dégager du temps pour s’occuper des enfants… Ce 3e volet a donc pour but d’aider, ceux qui le souhaitent, à développer une activité économique. Le volet psychosocial décrit ci-dessus trouve ici toute sa place car il permet de renforcer l’estime de soi des participants, un facteur sine qua non de réussite. En effet, dans ces quartiers défavorisés le sentiment d’impuissance, le processus d’auto-exclusion et de marginalisation, la difficulté à se projeter dans l’avenir, à conduire un projet de long terme (en contradiction avec le fonctionnement « de survie » au jour le jour) sont des freins que l’on rencontre fréquemment.
Techniquement, l’équipe propose un accompagnement personnalisé et des formations courtes aux porteurs de projet pour renforcer leurs compétences de base en gestion, en définition de projet et pour l’élaboration d’un business plan.
Les animateurs viennent à la rencontre des porteurs de projet, en famille, à leur domicile pour envisager ensemble la façon dont ils pourront être soutenus par leur entourage pendant la formation et limiter ainsi les risques d’abandon. Après la signature du contrat avec ACF, le porteur de projet reçoit un « kit de démarrage » personnalisé et adapté à son activité (d’une valeur maximum 150 000 Ariary environ 50€). Durant le premier mois, il faut souvent faire face à des difficultés de mise en œuvre, les animateurs viennent donc chaque semaine pour accompagner le démarrage du projet. Ensuite des groupes de parole rassemblant les entrepreneurs d’une même zone géographique et des visites mensuelles prennent le relai.