Depuis le lundi 10 février, les internautes peuvent découvrir le site d’Intime Conviction, programme transmédia co-produit par ARTE et Maha Productions. Alors que le téléfilm (disponible en avant-première sur le site et diffusé à l’antenne le 14 février) traite de l’enquête autour de la mort de Manon Villers, ce volet web plonge les téléspectateurs dans les coulisses du procès. Retour sur cette expérience inédite, innovante et immersive.
Un projet transmédia d’envergure
Comme nous l’évoquions dans un précédent article, Intime Conviction est le résultat d’une stratégie volontariste de la chaîne ARTE, et de sa collaboration nourrie avec Maha Productions et Supergazol. Forte de son engagement de longue date pour le transmédia, la chaîne franco-allemande s’est immédiatement trouvée intéressée par la proposition d’un dispositif mêlant fiction et web, et reposant sur un contenu fort : l’histoire d’une quête, celle de la vérité. Denis Poncet, producteur du programme, ira même jusqu’à illustrer la genèse du projet d’un « Truth is lost ». L’importance de cette « intime conviction » et de la liberté de jugement est au fondement de ce dispositif bi-média et a même été traduite dans les directives données aux acteurs et jurés.
Une expérience hors du commun pour les équipes…
Intime Conviction c’est une libération en terme de support, de genre… et d’habitudes : le procès a en effet été tourné dans des conditions proches du réel, avec de vrais magistrats et membres du corps judiciaire, et des jurés populaires recrutés sur le web. Les interventions des différentes parties, experts et témoins, orientées par des « guide-lines » mais libérées d’un scénario et d’un texte rigide, ont ainsi nourri les étapes du procès et la décision prise par les jurés. Comme nous l’explique Patrick, premier juré dans le cadre du procès de Paul Villers : « Nous avons pris très au sérieux nos fonctions, avons écouté avec attention les témoignages et mobilisé tous les éléments qui nous permettaient de juger comme si la condamnation réelle de Paul Villers était en jeu. Au moment de la délibération, nous en avions presque oublié qu’il s’agissait d’une fausse affaire. »
Christine, elle aussi jurée de ce procès d’assises « fictif » nous explique combien cette « occasion unique » pour cette passionnée d’affaires judiciaires s’est révélée surprenante : « Je ne connaissais pas ces nouvelles façons de créer des programmes audiovisuels mais j’adore tout ce qui est nouveau. Et, dans le cas d’Intime Conviction, j’ai particulièrement été marquée par la dimension « immersive » de l’expérience. On avait le sentiment de se trouver dans les vraies conditions d’un procès : en tant que juré, on n’avait par exemple pas le droit de communiquer avec les représentants de la défense ou de l’accusation. »
Les comédiens incarnent également leurs personnages, 5 jours durant, 7 à 8 heures par jour. Une liberté de création et des conditions si proches du réel qu’elles en deviennent déroutantes. « Parfois, on ne savait pas où on allait » confesse le réalisateur, Rémy Burkel. Philippe Torreton rapporte la difficulté de l’exercice d’improvisation requis par un tel projet : « Pour moi qui déteste l’improvisation et ai l’habitude pour chacun de mes rôles de passer du temps avec les textes et de m’en imprégner, le tournage du procès a été un moment éprouvant. Pour chacune des questions posées, il fallait imaginer une réponse cohérente. Alors que dans un film, on saisit un instantané d’un personnage, ici, il fallait avoir sa vie entière en tête. C’est déroutant mais cela ouvre des perspectives incroyables : on parvient à naviguer là où la caméra ne peut pas aller, c’est un peu un fantasme d’acteur, d’explorer un personnage au-delà des limites d’un scénario. »
… afin d’aboutir à une expérience sociale et immersive
Et le fruit de ce travail prend vie sous la forme d’un site web participatif. Du 10 février au 2 mars, jour du verdict, les internautes pourront découvrir le procès de Paul Villers, réagir sur les contenus diffusés et les partager sur les réseaux sociaux. Au travers de vidéos extraites des témoignages et échanges du procès, ils pourront se faire leur propre jugement sur l’affaire Villers et partager leur « intime conviction ». La plateforme, scrollable, propose des vidéos en multicam : ainsi, il est possible de passer d’un personnage à un autre et de définir ses angles de vue afin de se faire son propre montage personnalisé. On abolit une nouvelle fois un code de la fiction, en devenant soi-même « réalisateur ». Le site permet également de découvrir les
En terme d’expérience sociale, un module de commentaire permet de commenter une vidéo, à la seconde près, et de nombreux boutons Connect font le lien avec les principaux réseaux sociaux. A l’issue de chaque module, l’internaute est invité à soumettre son intime conviction, et à la comparer à l’impression générale, et aux votes de ses amis.
Un dispositif d’envergure qui explore une thématique se prêtant parfaitement au projet : il s’agira pour la première fois qu’un délibéré, bien que traitant d’une affaire fictive, sera filmé et diffusé.
Vous prêterez-vous au jeu?
Retrouvez le téléfilm Intime Conviction sur ARTE le 14 février à 20h50 et en avant-première juste ici.
Délibéré et verdict final le 2 mars.