Exclusif ! Le Premier Chapitre de Unbreak Me de Lexi Ryan

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

C’est avec grand plaisir que nous vous proposons aujourd’hui de découvrir, en exclusivité pour le blog,  le premier chapitre du roman de Unbreak Me qui paraitra le 6 Mars prochain aux éditions Hugo Roman.

Nous rappelons que le roman est ©Hugo Roman pour sa version française.

Unbreak Me de Lexi Ryan

oOo

1

Maggie

 

– Tu ne vas pas te défiler, au moins ?

Je regarde ma sœur sans comprendre, puis soudain je réalise qu’il est l’heure. Le moment est venu d’affronter ce qui m’attend. Le moment de faire comme si tout allait parfaitement bien.

Le moment de marcher vers l’autel.

Les mots tourbillonnent dans ma tête. Marcher. Vers. L’autel. Comme si c’était tout à fait normal. Comme si cela ne me posait aucun problème.

Lizzy me pousse vers la porte.

C’est alors que j’entends l’orgue. L’hymne nuptial. Le bourdonnement de la foule.

– Souris et avance, siffle Krystal.

Je lui fais un doigt d’honneur avant de pousser la porte.

– Ça va aller, elle va le faire, dit Lizzy dans mon dos.

J’oublie les chuchotements de mes sœurs pour me concentrer sur ma tâche.

J’ai l’estomac noué et mes mains tremblent en serrant mon bouquet, mais je me force à sourire et j’ajuste mes pas aux accords majestueux de l’orgue.

Soudain je le vois.

William Bailey, debout devant l’autel, les mains crispées devant lui. Il m’enveloppe d’un regard chaud et désespéré. Est-ce que les invités, eux aussi, la voient, cette vague de désir qui émane de lui à mesure que je m’approche ?

À quoi pense-t-il ? Se dit-il, comme moi, que cela devrait être nous ? Que cela devrait être notre mariage ?

Ou bien voit-il en moi la plus grosse erreur qu’il ait jamais faite ?

Je ne dois pas penser à ça. Pas ici. Pas maintenant. Je fais semblant de ne pas remarquer les interrogations dans son regard ni les murmures qui enflent sur mon passage.

Mais sous le taffetas et les fleurs, sous les volants et les faux-semblants, je suis submergée à l’idée que c’est ça ma vie. Juste une demoiselle d’honneur, rien qu’une demoiselle d’honneur au mariage de sa sœur.

Rien qu’une demoiselle d’honneur au mariage de ma sœur avec mon ex-fiancé.

Un chant s’élève au-dessus de l’orgue, faisant taire les chuchotements – un essaim d’abeilles tueuses détournées de leur cible, le temps qu’elles réalisent la raison de leur présence ici.

Sans faux pas, j’arrive en haut de l’allée en n’ayant rien perdu de ma dignité et je pousse un soupir de soulagement lorsque l’attention de la congrégation se reporte sur la demoiselle d’honneur suivante.

Mes sœurs défilent l’une après l’autre, se fondant dans le décor bleu hortensia, telles d’immenses caméléons.

La fillette qui porte les fleurs apparaît au bout de la travée et la foule se lève.

À la vue de ma plus jeune sœur, ma poitrine se serre. Elle a dix ans, mais c’est une petite chose délicate à la voix fluette et à l’intelligence aiguë. Trop jeune pour être demoiselle d’honneur mais trop vieille pour être la petite fille qui porte les fleurs, elle ressemble à une mariée-enfant qui se noie dans le tulle blanc.

Enfin, Krystal fait son entrée. Avec son chignon de boucles brunes qui tombent en cascade et le sourire accroché à ses lèvres, elle est l’incarnation même de la mariée dont rêvent toutes les petites filles.

Des flashs crépitent. Des femmes soupirent. On sort les mouchoirs.

Je regarde Will à la dérobée et, sans surprise, je vois qu’il m’observe. Pour la centième fois depuis mon retour le mois dernier, la chaleur de ses bras me revient en mémoire. Pourquoi les ai-je quittés ?

Comme la mariée s’avance dans la travée centrale, Will fait un pas vers elle.

Il va le faire. Il va vraiment l’épouser.

Au moment où il lui prend la main, la clim se met en marche.

Soudain des murmures et des chuchotements s’élèvent de la foule des invités réunis derrière nous. Mes sœurs et moi échangeons des regards interrogateurs.

Will recule en trébuchant, essayant maladroitement de se couvrir la bouche.

En levant les yeux au ciel, ma mère s’écroule sur le sol.

Et, tout à coup, me parvient une odeur qui fera incontestablement du mariage de Krystal le souvenir inoubliable dont elle avait rêvé.

Qui pourrait oublier le mariage qui embaumait la charogne en décomposition ?

La nausée me monte à la gorge alors que l’odeur se fait plus forte.

Mes sœurs plongent le nez dans leurs bouquets.

Très vite, la mariée suffoque. Son visage se décompose et elle se met à hurler.

Dans un brouhaha de hoquets qui résonnent dans l’église, les invités se bousculent vers la sortie pour aller respirer l’air frais à l’extérieur.

Le prêtre a l’air complètement perdu. Je le fusille du regard. Fais quelque chose, putain !

Et c’est ce qu’il fait. Il s’étrangle devant son micro.

Le chaos est à son comble. Tout le monde suffoque, trébuche, se bouscule.

Plus personne ne se soucie du mariage. Oubliés les vœux qui devaient être prononcés et les robes à cinq mille dollars. Plus rien ne compte que cette épouvantable puanteur.

J’aperçois le visage blême de ma petite sœur, paniquée. Elle reste bouche bée au milieu de ce chaos indescriptible.

Je lui tends la main. « Viens là. »

Elle me regarde fixement puis ouvre la bouche et, le visage horrifié, vomit en aspergeant le devant de sa robe.

Pauvre chérie.

Je l’attrape par la main et lui montre la sortie. « Abby ! » Mais elle reste figée. Alors, je la prends dans mes bras et je la porte hors de l’église.

Nous réussissons à passer les portes. Sur le trottoir, nous retrouvons Krystal qui pleure dans les bras de Will. Éperdu, il lui caresse les cheveux en lui murmurant quelque chose à l’oreille.

Lorsqu’il relève la tête, les rayons du soleil de cette fin d’après-midi forment un halo autour de sa chevelure blonde en bataille, et nos regards se croisent. On dirait qu’une vie tout entière nous sépare. Une vie qui s’est écoulée depuis le temps où nous croyions tous deux à mes mensonges. Depuis le temps où je croyais qu’une fille comme moi pouvait prétendre à un avenir heureux.

***

La lueur des chandelles éclaire la tente dressée pour la réception, et la douce brise de mai monte de la rivière en faisant tinter les carillons éoliens. Pour le mariage de Krystal et Will, la tente a été installée sur la grande pelouse à l’arrière de la maison de ma mère, exactement comme on avait prévu de le faire pour le mien l’année dernière.

Pour le nôtre.

Ce sont des mots que j’ai du mal à affronter, mais si je tente de m’y soustraire, mon esprit se met à bondir en tous sens comme un lapin paniqué dans un repaire de loups.

Je descends le chemin bordé de topiaires qui mène vers la rivière. J’ai besoin de voir l’eau et d’échapper à la musique, aux rires et à la bonne humeur. Je sens le regard de Will posé sur moi au moment où je me glisse hors de la tente, mais je ne vais pas vers lui.

Krystal m’a suppliée de revenir à la maison pour son mariage et d’être sa demoiselle d’honneur. Elle voulait que tout le monde sache que tout allait bien entre nous et que j’étais d’accord pour qu’elle épouse mon ex. J’avais mes propres raisons pour accepter, mais parler à Will est au-dessus de mes forces.

Pas encore. Pas ici.

Je n’arrête pas de repenser à ce qui s’est passé dans la chapelle. Ma mère et l’organisateur du mariage ont réussi, non sans mal, à regrouper les invités pour les diriger vers le lieu de la réception où le dîner a été servi. Maintenant le bal bat son plein. Mais qu’en est-il de la cérémonie ? Will et Krystal sont-ils mariés, oui ou non ? Ils n’ont pas prononcé leurs vœux. Est-ce qu’ils ont trouvé un coin tranquille pour signer les papiers ?

Bien sûr, je ne peux pas me permettre de poser la question. Tout le monde penserait que je veux garder Will pour moi. Ils penseraient que je suis toujours amoureuse de lui.

À mi-chemin, j’aperçois la silhouette d’un homme qui se tient à quelques mètres du quai qui borde la propriété. Sa tenue de soirée met en valeur ses larges épaules et l’étroitesse de ses hanches. Je ne sais pas qui il est, mais je reconnais une âme sœur. Il a l’air blessé et lointain, les mains enfoncées dans les poches, les yeux rivés sur le fleuve. Serait-ce un cœur brisé, abandonné, quand Will a passé la bague au doigt de Krystal ?

J’hésite un instant. Je venais là en quête de solitude, mais je suis attirée par cet homme qui semble aussi perdu et aussi seul que moi.

Je quitte le chemin pavé et m’approche de lui sans me soucier de mes hauts talons qui s’enfoncent dans la terre meuble.

– Vous semblez perdu, lui dis-je.

Il se tourne vers moi, les yeux pleins de lassitude C’est un sentiment que je reconnais. Je m’arrête brusquement.

– Je ne crois pas que nous ayons été présentés. Je m’appelle Maggie Thompson, je suis la sœur de la mariée.

– Moi, c’est Asher.

Asher… Asher ? Je cherche dans ma mémoire, mais ce nom ne m’évoque rien. Jamais entendu parler. New Hope est une petite ville pourtant, mais je ne le connais pas. En même temps, cela n’a rien d’étonnant si on songe que ma mère à invité la moitié de l’État d’Indiana et une bonne partie du Kentucky.

– Asher comment ? Vous êtes un ami de la mariée ou du marié ?

– Asher tout court. Je ne fais pas partie des invités.

Oh ! Je comprends mieux.

– Un prénom et pas de nom ? Comme Madonna ?

Il fait une petite grimace.

– En quelque sorte.

– Ravie de faire votre connaissance, Asher Toutcourt.

Je lui tends la main et, quand il la prend, je ne peux m’empêcher de remarquer combien la sienne est large et chaude. Une image me traverse aussitôt l’esprit – des doigts rudes effleurant ma peau nue, des yeux se promenant sur mon corps dénudé.

Asher est le portrait même du mauvais garçon sexy. Je parierais que sa chemise impeccablement repassée dissimule quelques tatouages. Il est grand, athlétique, compact. C’est difficile de détourner les yeux de ses muscles, visibles sous sa chemise ajustée.

Putain, c’est même impossible. Ce qui est difficile, c’est de ne pas baver en le regardant.

Il a les cheveux bruns, indisciplinés, légèrement ondulés. C’est le genre de chevelure dans laquelle une femme aime à glisser les doigts tandis que son amant explore son corps.

Ses joues mal rasées m’évoquent des images scabreuses, et le sourire arrogant qu’il affiche révèle qu’il lit dans mes pensées.

– Maggie ?

La petite voix vient interrompre le cours de mes pensées et les battements de mon cœur. Je me retourne vers ma plus jeune sœur.

Abby s’est changée après la cérémonie ratée et elle porte maintenant une petite robe rose. Mon cœur se serre quand je la regarde. Elle a tellement grandi pendant mon absence que je mesure avec regret tout ce que j’ai manqué. Je n’étais pas là pour la protéger contre les exigences impossibles à satisfaire de notre mère. Abby est sans doute la seule personne au monde qui a vraiment besoin de moi.

– Hello, ma puce, dis-je.

– Hé, Mags. Désolée pour tout à l’heure. J’ai vraiment flippé, dit-elle en tiraillant l’ourlet de sa robe.

Le sentiment d’insécurité que je perçois dans son regard me met mal à l’aise, ce besoin maladif de compter aux yeux des autres, à seulement dix ans.

– Ce n’est rien. On a tous un peu paniqué.

– Tu m’as manqué, tu sais, murmure-t-elle.

Depuis mon retour, il y a bientôt un mois, je n’ai pas été souvent à la maison et c’est la première fois qu’elle fait allusion à mon absence. Ses mots me vont droit au cœur et je la serre dans mes bras. Elle m’attrape par le cou,  je pousse un profond soupir.

– Tu ne m’en veux pas trop d’avoir vomi sur ta belle robe ?

Je secoue la tête en adressant un sourire à l’inconnu sexy.

– Je ne sais pas de quelle belle robe tu parles. J’ai porté cette horrible chose toute la journée.

Abby glousse derrière sa main.

– Abby, appelle une voix.

William.

Il descend la colline dans notre direction.

– Ta sœur te cherche pour faire d’autres photos, lui dit-il.

– Je n’ai plus envie de faire de photos, proteste Abby dans un murmure, ce qui est surprenant venant d’une enfant toujours si désireuse de faire plaisir.

– Vas-y tout de suite. Krystal y tient beaucoup.

Abby hoche la tête.

– À plus, Maggie, dit-elle en s’éloignant précipitamment.

Will la suit des yeux. Quand il se tourne vers moi, son visage prend une expression douloureuse.

– Alors, vous êtes mariés ? C’est officiel ?

Quelle ironie qu’il soit le seul à qui je fasse assez confiance pour oser poser la question !

– Non, murmure-t-il d’une voix presque inaudible.

– Qu’est-ce qui va se passer maintenant ?

Il me dévore des yeux. Ça fait un an que je l’ai quitté, et on dirait qu’il essaye de comptabiliser chaque nouvelle tache de rousseur, chaque sourire qui lui a échappé.

– Nous n’avons pas encore décidé.

J’ouvre la bouche, mais la referme aussitôt. J’ai la gorge trop serrée pour prononcer le moindre mot. Je ne sais pas quelle est l’émotion qui m’étreint. L’espoir qu’il m’accorde une autre chance ? Ou la crainte qu’il ne le fasse ?

– Maggie…

Il prononce mon nom avec ferveur, mais aussitôt il ajoute :

– Cela ne change rien. Nous allons nous marier. Je l’aime. Elle veut faire sa vie avec moi.

Ses mots me cinglent le visage comme une gifle, mais je souris pour n’en rien laisser paraître. Krystal veut faire sa vie avec lui alors que moi je n’ai pas voulu.

C’est faux, me dit une petite voix intérieure, mais j’imagine que c’est ce qu’il pense. Et c’est de ma faute s’il le pense.

Tout à coup, Will remarque la présence de l’inconnu. Je l’avais oublié, mais il est toujours là et il nous observe avec attention.

– Qu’est-ce qu’il fait là, ce mec ?

– Il est avec moi, je réponds sans réfléchir. Krystal m’a dit que je pouvais venir accompagnée.

Ça m’est venu spontanément, cette idée de faire croire à Will que je ne suis pas libre, mais je regrette instantanément mes paroles en voyant l’homme hausser les sourcils. Je ne pensais pas qu’il m’entendrait et je me sens rougir de honte.

Mais, au lieu de me contredire, Asher vient près de moi et me passe un bras autour des épaules.

– Je n’allais quand même pas laisser ma copine danser toute seule.

Will cligne des yeux, puis il recule brusquement et, comme si nous étions liés par des liens invisibles, je dois résister à l’instinct qui me pousse à le suivre.

– Le bar ouvre dans dix minutes, dit-il. Amusez-vous.

Sur ces mots, il tourne les talons et va rejoindre les invités.

Dès qu’il s’est éloigné, je me dégage de l’étreinte de l’inconnu.

– Alors, comme ça, vous ne vouliez pas laisser votre copine danser toute seule ?

– C’est vous qui avez commencé, dit-il avec un large sourire.

Mon cœur manque s’arrêter de battre. L’Inconnu Sexy fait monter la température de plusieurs degrés quand il sourit.

– Vous avez l’intention de jouer le jeu toute la soirée ? Vous allez danser et faire semblant d’aimer une personne qui vous est totalement étrangère, juste pour lui éviter des explications embarrassantes ?

Il hausse les épaules.

– Il y a des moyens plus désagréables de passer le temps.

Il me toise des pieds à la tête. Quand nos regards se croisent, je remarque ses yeux pour la première fois. Des yeux de loup. D’un bleu limpide, presque transparent, bordés d’un cercle plus sombre.

Cette journée ne sera peut-être pas la pire de toute mon existence, après tout.

Je montre la réception d’un signe de tête.

– Ça vous dit de tester ce bar ? Ma famille est friquée, alors je suis sûre de la qualité.

Sans attendre sa réponse, je me dirige vers la tente en espérant qu’il me suive. Avec un peu de chance, la compagnie d’un inconnu m’évitera les questions polies des curieux.

Asher m’arrête avant que j’arrive au bar.

– Vous dansez ?

– Pas du tout.

Il a tout du bad boy et ma mère va flipper en me voyant à son bras. Ce qui, bien sûr, ne fait que rendre l’aventure plus excitante.

– D’accord, j’abandonne. Je ne trouve rien d’autre, dit Asher en me regardant droit dans les yeux.

Un frisson d’excitation me parcourt le dos.

Je croyais avoir perdu la capacité d’éprouver ce genre de frisson quand un garçon me regarde comme ça.

C’est un homme, pas un garçon, me dis-je intérieurement. J’ai connu des hommes plus âgés mais, en revenant à New Hope, je m’étais promis que les choses allaient changer. Que moi, j’allais changer. Et pourtant, voilà que je m’apprête à passer la soirée avec un inconnu sexy qui enfreint toutes les règles de la Nouvelle Maggie.

– Qu’est-ce qui vous tracasse ?

– Je vous ai déjà vue quelque part…

J’éclate de rire.

– C’est tout ce que vous avez trouvé ? Vraiment ? Si vous essayez de me draguer, vous pourriez au moins faire preuve de plus d’originalité.

De nouveau, il me décoche ce sourire démoniaque et désinvolte qui me va droit à l’estomac.

– Parce que vous pensez que je vous drague ?

Je hausse les épaules.

– À vrai dire, je n’en sais rien. J’ai perdu l’habitude de jouer à ces petits jeux.

Il s’approche de moi et me regarde de toute sa hauteur.

– Parce que, maintenant, vous allez droit au but ?

Il m’entraîne vers la piste de danse et je me laisse faire.

La voix langoureuse d’Etta James sort des haut-parleurs tandis que ce séduisant mauvais garçon me prend dans ses bras. Il me dévisage comme si nous avions déjà entamé les préliminaires. C’est facile de danser avec lui, il me guide avec tant de douceur que j’ai l’impression de marcher sur des nuages.

Il incline la tête et sa bouche vient effleurer mon oreille.

– Vous êtes consciente qu’en dansant avec moi vous allez faire jaser.

Je ferme les yeux un instant. Je les entends parler de moi, bien sûr, mais ce qu’ils racontent n’a rien à voir avec cet étranger, aussi mystérieux soit-il.

Un an a passé, mais mon mariage avec William Bailey continue d’alimenter les ragots. Un mariage annulé juste deux jours avant la cérémonie ? La fiancée en fugue, on ne sait où, pendant une année entière ? Putain, à New Hope, d’habitude il faut au moins mettre la ligne du maire sur écoute pour avoir des histoires aussi excitantes.

– Je m’en fiche, dis-je dans un murmure.

Par-dessus l’épaule d’Asher, j’aperçois mes trois sœurs qui m’observent, les mâchoires serrées. Qu’est-ce qui leur prend ?

La chanson se termine et un mouvement agite la foule des danseurs. Certains couples retournent s’asseoir tandis que d’autres glissent dans les bras l’un de l’autre.

Asher sourit.

– Je croyais que vous ne saviez pas danser ?

– C’est la vérité. Vous ne vous en êtes pas aperçu ?

Je frissonne sous son regard explicite. Il me suffit d’une danse pour tomber dans le cliché de la demoiselle d’honneur qui envisage un plan cul.

Le DJ met un autre morceau et je me retrouve de nouveau dans ses bras. Nous évoluons au rythme de la musique et je commence à reconsidérer mon aversion pour la danse, quand je sens une vibration venant de sa hanche. Il est occupé à parcourir du pouce la courbe de mon épaule et ne fait pas attention.

– Vous avez un portable dans la poche ou bien c’est moi qui ai égaré mon vibromasseur ? lui dis-je à voix basse.

Il s’écarte et sort son téléphone de sa poche.

– Vous êtes unique, vous.

Il jette un coup d’œil au numéro qui s’affiche.

– Je dois répondre. J’ai été ravi de vous rencontrer, Maggie. Merci pour cette danse.

Il s’éloigne en me faisant un clin d’œil et me laisse sur le bord de la piste, souriante et pétrifiée de désir.

Ma bonne humeur s’envole quand je me retourne et que je vois Will et Krystal en train de danser.

Mon Will.

Je sais bien que c’est injuste, mais je ne peux pas m’empêcher de me rappeler ses bras autour de moi et son souffle dans mes cheveux quand il me murmurait à l’oreille :

– Si la vie t’a brisée, je t’aiderai à te reconstruire.

Du pouce, il lui caresse la joue et il y a tellement de tendresse dans son regard que je m’enfuis de la piste de danse précipitamment, en manquant de m’étaler. La solitude m’agrippe et enfonce ses griffes dans ma chair, si profondément que les larmes me montent aux yeux.

Le roman sort le 6 Mars 2014 – Aux Éditions Hugo Roman

En exclusivité, vendredi prochain, la première partie du chapitre 2  de Unbreak Me sur le blog ! Soyez au rendez-vous !