Almora publie un nouveau livre de Dennis Waite
L'advaita vedanta facile
Le livre est traduit par Nathalie Koralnik et est illustré par François Matton
Prix 7,5 euros
Ce livre présente l’advaita vedânta de manière claire et accessible à tous. Cœur de la philosophie non-duelle et de la spiritualité de l’Inde, l’advaita vedânta s’appuie sur les textes sacrés que sont les Upanishads et sur les écrits de nombreux penseurs comme Shankara (VIIIe siècle), le Platon indien. Qu’est-ce que l’Advaita ? Comment devrions-nous agir ? Qu’est-ce qui est réel, qu’est-ce qui est illusion ? Pourquoi la connaissance du Soi est-elle si importante ? Ne suis-je que ce corps et cet esprit ? Qui suis-je ? L’univers a-t-il été créé ? Comment « devenir illuminé » ? Pourquoi l’Advaita traditionnel est-il si puissant ? Quelles sont les différentes approches ? L’auteur nous présente les réponses que l’immense et profonde spiritualité de l’Inde a donné à ces questions.Nous avions publié un précédent livre du même auteur (maintenant épuisé).Les critiques sur Amazon étaient excellentes
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Ce nouveau livre L'advaita vedanta facile est une présentation simple et ramassée de ce gros livre.
Extrait :
"1. Qu’est-ce que l’Advaita ?
Introduction
Quand les gens me demandent ce que je fais et que je leur réponds que je suis écrivain, ils sont tout d’abord intéressés. Mais dès qu’ils veulent savoir quel type d’ouvrages j’écris et que je leur dis que mes livres traitent d’une philosophie indienne appelée Advaita, ils cessent généralement de me poser des questions. S’ils persistent, tenter de leur répondre en quelques phrases risque de leur donner l’impression que je suis un excentrique qui n’a jamais dépassé la culture hippie.
C’est regrettable, et cette impression serait tout à fait erronée (je n’ai jamais été un hippie). L’enseignement de l’Advaita est multimillénaire, et c’est une méthodologie qui a fait ses preuves pour découvrir la nature du Soi et celle du monde. Et la réalisation de la vérité fondamentale qu’elle présente rend toute autre considération absolument insignifiante.
J’ai à ce jour écrit plusieurs ouvrages sur le sujet, mais la plupart des membres de ma famille et de mes amis n’ont pas envie de les lire. Il fallait donc à l’évidence un petit livre qui donne la réponse essentielle à la question « Qu’est-ce que l’Advaita ? » sans exiger trop d’effort de la part du lecteur. Le voici.
Signification
Le mot Advaita est un terme sanskrit (il y a un glossaire à la fin du livre, avec une brève définition de tous les termes sanskrits) ; « dvaita » signifie « dualité », et le préfixe « a » devant un mot sanskrit en est une négation ; « advaita » signifie donc « non dualité ». Ce livre pourrait donc être très court. Il pourrait consister en une phrase unique : « En réalité, il n’y a pas deux choses ». Le problème, c’est qu’une telle phrase ne répondrait pas à la question de manière satisfaisante. Une telle affirmation, en effet, est clairement contraire à toute notre expérience – nous savons qu’il y a une foule de choses ! Et bien que vous puissiez ne pas encore le réaliser, toute notre insatisfaction et notre malheur découlent de notre croyance erronée en la dualité. Nous savons que nous ne sommes pas heureux une bonne partie du temps ; nous savons que nous allons mourir. Et ainsi de suite.
Et si je vous dis simplement que vous vous trompez, que vous ne « connaissez » pas réellement ces choses, que la totalité de votre expérience ne concerne que la façon dont les choses semblent être, il y a peu de chances que vous en considériez seulement l’éventualité. Tout cela doit donc être expliqué, simplement mais progressivement, un pas après l’autre. Si vous êtes d’accord avec le raisonnement logique de chaque étape, il vous faudra alors aussi envisager sérieusement la conclusion.
Origine
La meilleure définition que l’on puisse donner de l’Advaita est qu’il est, plus qu’une philosophie, une méthode d’enseignement, bien que si l’on voulait être pointilleux on devrait dire que c’est une des écoles de l’une des six branches de la philosophie hindoue. Cette branche particulière, appelée Uttara Mimamsa, tire son enseignement de la dernière partie du gigantesque corpus de textes sacrés appelé Vedas. Ceux-ci contiennent les Upanishads, qui forment la principale source de matériel de l’Advaita. Il y a également deux autres sources importantes, toutes deux basées pareillement sur les Upanishads. L’une est la Bhagavad Gita, qui fait elle-même partie du Mahabharata, célèbre poème épique, beaucoup plus long. L’autre est un texte philosophique appelé Brahma Sutra, conçu pour répondre aux doutes et aux objections sur ce qui est dit dans les deux autres. Pour être exact, les Vedas constituent en eux-mêmes une « source de connaissance » qui ne peut être obtenue nulle part ailleurs. Afin d’être véritablement capable de comprendre ce qu’ils nous disent, nous avons besoin d’un maître qui ait lui-même appris de son propre maître la méthode permettant de les interpréter.
La croyance classique consiste à dire que la connaissance véhiculée par les Vedas est apparue en même temps que la création, et il est certain que les paroles furent transmises oralement de maître à disciple bien avant que les mots écrits ne gagnent en importance. Il existe toujours une procédure formelle et complexe permettant d’apprendre les mots par cœur en évitant les erreurs. En conséquence, on dit de la connaissance qu’elle est « révélée », qu’elle n’a pas d’origine humaine. En Occident, il semble que nous pensions devoir continuellement développer et affiner la connaissance passée, ou tout au moins l’adapter à notre époque ou à notre société particulière. Dans le cas de ceux qui enseignent et étudient l’Advaita, l’objectif est de la garder intacte. Pourquoi ? Parce qu’elle nous permet de réaliser notre nature et celle de la réalité, de reconnaître que nous sommes parfaits et complets.
Et cela est essentiel à la compréhension des enseignements. Les textes sacrés ne sont pas une source d’information ou de connaissance au même titre qu’un manuel de chimie. Correctement maniés par un maître, les mots fonctionnent pour nous donner une reconnaissance directe de notre propre nature et de la nature de la réalité. Ce n’est pas une simple connaissance intellectuelle ; cette reconnaissance détruit l’ignorance du Soi.
L’interprétation advaitique des textes sacrés fut systématisée par celui qui fut sans doute l’un des plus grands philosophes de tous les temps, Shankara, vers le huitième ou neuvième siècle après J. C. Il écrivit des commentaires sur les principales Upanishads, la Bhagavad Gita et le Brahma Sutra, et composa également de nombreux textes indépendants pour expliquer certains aspects de l’enseignement. Il parcourut l’Inde en battant, dans des joutes logiques, tous les défenseurs d’autres philosophies, et établit des centres d’enseignement qui existent encore de nos jours. Ayant réalisé tout cela, il mourut à l’âge de seulement trente-deux ans.
Seul l’enseignement tel que clarifié par Shankara peut être à proprement parler appelé « Advaita Vedanta ». Depuis sa mort, au fil des siècles, d’autres philosophes ont apporté des modifications à différents degrés, ce qui signifie qu’il existe des interprétations divergentes. Ce livre a pour but de présenter la compréhension selon Shankara.
Ce que dit l’Advaita
Nous faisons actuellement l’expérience de nous-mêmes comme de personnes distinctes et séparées dans un univers d’objets. Selon l’Advaita, malgré la dualité apparente dont nous faisons l’expérience, la réalité est en fait non-duelle. Cette réalité non-duelle est appelée Brahman. À vrai dire, nous sentons effectivement que nous sommes autre chose que notre corps ou notre esprit. L’Advaita appelle Atman notre soi essentiel, qui est au-delà de notre corps et de notre esprit. Et il enseigne que cet Atman est Brahman, qui est non-duel.
Il y a une phrase souvent citée qui, dit-on, résume l’enseignement de Shankara. La voici :
brahma satyam, jaganmithia, jivo brahmaivan aparah (Shankara parlait sanskrit et c’est la transcription de cette phrase en lettres latines). Traduite, elle signifie : « Brahman est la réalité ; le monde n’est pas réel en soi ; le soi individuel n’est pas différent de Brahman. »
Vous serez heureux d’apprendre que tout cela va être expliqué plus tard !
Il existe d’autres philosophies non-duelles, telles que le Zen, le Taoïsme, le Dzogchen. Même le Christianisme, l’Islam et le Judaïsme ont leurs branches non-duelles. Mais l’Advaita traditionnel est unique en ce qu’il a une approche de la réalité « à deux niveaux ». Alors que de nombreux enseignements tentent d’imposer une compréhension non-duelle dès le début - alors que cela va clairement à l’inverse du bon sens -, l’Advaita accepte le fait que nous percevions et comprenions notre expérience comme étant dualiste et commence son enseignement à partir de là.
(Les différences entre l’enseignement traditionnel de l’Advaita et d’autres variantes plus récentes auront, espérons-le, été clarifiées d’ici la fin de ce livre. En bref, l’enseignement traditionnel nécessite une préparation mentale et utilise comme sources les textes védiques, même si ces derniers doivent être « déployés » par un enseignant qualifié de manière méthodique et structurée. L’enseignement « satsang » occidental moderne affirme que rien de tout cela n’est nécessaire, et c’est la raison pour laquelle il ne fonctionne pas très bien, voire pas du tout !)
Terminologie
Pour être absolument précis (et l’un des objectifs de ce livre est de vous donner une image exacte, à la différence de nombreux ouvrages qui risquent de vous induire en erreur), je devrais véritablement utiliser l’expression « Advaita Vedanta » plutôt que simplement « Advaita ». « Vedanta » est un nom qui se réfère aux mots ou enseignements qui se trouvent à la fin (« anta » en sanskrit) des Vedas, c’est-à-dire aux Upanishads. Advaita est un adjectif qui décrit la nature de cet enseignement. Il existe d’autres philosophies qui extraient de ces textes sacrés un message dualiste ou mixte, mais « Advaita Vedanta » indique que le contenu du message dit que la nature de la réalité est « Advaita », c’est-à-dire non-duelle. De nos jours, de nombreux enseignants emploient le terme Advaita alors que ce qu’ils enseignent ne provient à l’évidence pas des mots des Upanishads, qui s’ils sont maniés par un maître qualifié garantissent à l’étudiant mentalement préparé d’être conduit à l’illumination.
J’utiliserai dans ce livre le terme « Advaita » quelque peu librement, parce que c’est ainsi qu’on en est venu à l’employer en Occident. Par exemple, je me servirai d’expressions telles que : « L’Advaita enseigne » ou : « D’après l’Advaita ». Dans ces deux cas, pour être rigoureux, j’aurais dû utiliser l’expression « Advaita Vedanta », ce qui désigne la variante du Vedanta qui comprend la réalité comme étant non-duelle."